Pour la cour des comptes, malgré les 80000 suppressions de postes de ces 5 dernières années et les 2000 assistants d’éducation supprimés à la rentrée, l’Education Nationale ne manque pas de moyens.
La cour des comptes a publié cette semaine un rapport affirmant que l’Education Nationale ne manquait pas de moyens malgré les 80000 suppressions de postes de ces 5 dernières années et les 2000 suppressions de postes d’assistants d’éducation prévus à la rentrée.
Pour améliorer le système éducatif français, il suffirait, selon elle, de mettre les collègues en concurrence pour définir leur rémunération, de les soumettre à un entretien d’embauche par le chef d’établissement sur le modèle de l’enseignement privé catholique, d’instituer la polyvalence au collège ou d’organiser des échanges de services avec le premier degré.
Pour stabiliser les équipes pédagogiques dans les établissements compliqués, la solution ne serait pas tant d’y améliorer les conditions de travail que d’y instaurer une rémunération supérieure (et seulement là !).
Ainsi un professeur de mathématiques pourrait mener un TP de chimie, un professeur de lettres un cours de géographie et un professeur d’éducation musicale un cours d’arts plastiques sans que la qualité de l’enseignement n’en souffre !
Ainsi, mettre les collègues en concurrence pour l’obtention de primes permettrait de favoriser le travail en équipe.
Ainsi, accentuer encore les dérives managériales à l ??uvre dans les établissements et la souffrance au travail qui en découle permettraient de mieux faire réussir les élèves.
Ainsi, les suppressions massives de postes de ces dernières années n’auraient aucun rapport avec la très grande difficulté de l’administration à assurer les remplacements.
Ainsi, la dégradation de nos conditions de travail et l’effondrement de notre pouvoir d’achat n’aurait aucun rapport avec la crise du recrutement.
Vincent Peillon a déclaré qu’il y avait "beaucoup de choses positives dans ce rapport". Le Ministre doit clarifier de toute urgence sa position.
Le communiqué de presse de la FSU nationale :
Un rapport à la sauce Chatel
S’exprimant sur l’ensemble des questions de gestion des enseignants, la cour des comptes vient de publier un rapport prônant « une réforme d’ensemble ».
Dans la droite ligne des orientations les plus libérales du précédent gouvernement , les analyses et recettes prônées par les rapporteurs ne font que réactiver d’anciennes préconisations.
Ignorant les évolutions du système éducatif, les gains obtenus dans la qualification des jeunes, le rapport fait fi de l’impact des taux d’encadrement. Comment en effet croire qu’on peut contribuer efficacement à lutter contre les difficultés de nombre d’élèves sans diversifier les situations d’apprentissage, que travailler avec 35 ou 15 élèves est indifférent ?
Méconnaissant volontairement les réalités, le rapport préconise une affectation et une définition du temps de travail des enseignants par les directeurs d’école et les chefs d’établissement, ce qui ouvrirait la porte au clientélisme et ne ferait qu’aggraver les inégalités entre territoires et établissements. Au lieu de s’intéresser à la question de la formation des enseignants afin de travailler à la réussite de tous les élèves, le rapport préconise une gestion opposant les enseignants entre eux et entérinant l’idée d’objectifs différents selon les élèves et les territoires scolaires.
Quant à la mise en concurrence des personnels procédant de l’individualisation des rémunérations, chacun voit bien en quoi elle est antinomique avec le travail collectif.
Que cherche la cour des comptes ? Justifier les 80 000 emplois supprimés les 5 dernières années , remettre en cause les 60000 créations de postes prévues ?? Le véritable enjeu pour le système éducatif français consiste à lutter contre le poids des inégalités sociales sur les parcours scolaires, assurer à tous une culture commune. Cela ne se fera pas à coups d’injonctions , contre les personnels, ni par des techniques de gestion indifférentes aux réalités des métiers. C’est en recréant de la mixité sociale , en faisant évoluer contenus d’enseignement et pratiques, en améliorant la formation que l’on pourra relever ces défis.
S’il est indispensable d’améliorer la gestion des enseignants, ceci doit se faire selon des principes de transparence, d’équité, de travail collectif et non avec une logique managériale de mise en concurrence.
Ce document relève plus, dans sa démarche et dans ses conclusions, d’une expression d’un club politique que d’une institution française de République.
Les Lilas, le 22 mai 2013