Déclaration d’ouverture SNES – FSU de la CAPA de titularisation des professeur.e.s agrégé.e.s stagiaires 5 juillet 2019
Nous regrettons cette année à nouveau de ne pas avoir pu consulter les dossiers des collègues en temps voulu. Jeudi 27 juin dernier, seules les copies des trois pièces statutaires étaient disponibles et non comme nous en avons l’habitude la totalité des dossiers. Or pour examiner les différentes situations soumises, il est évident que ces trois pièces ne suffisent pas. Les années précédentes ont montré la pertinence de pièces antérieures pour apprécier objectivement l’année de stage. Certaines collègues ont déjà derrière eux une longue carrière de certifié.e.s, disposent de rapports anciens élogieux de leurs évaluateurs, ces éléments ne peuvent être négligés dans leur évaluation de stagiaire agrégé.e. Les commissaires paritaires sont des élu.e.s des personnels, fonctionnaires, soumis.e.s, comme le mentionne l’article 8 du règlement intérieur de la commission administrative paritaire académique « à l’obligation de discrétion professionnelle en ce qui concerne tous les faits, documents et propos dont ils ont eu connaissance en cette qualité ». Mettre en doute notre rigueur, c’est aussi remettre en cause notre légitimité. Dans le contexte actuel qui annonce la disparition des CAP, c’est bien dommage ! Les dossiers complets et originaux n’ont donc été fournis que le 2 juillet et non 8 jours au moins avant la date de la commission. Les collègues stagiaires eux-mêmes n’ont pas eu accès à toutes les pièces. Certains ont adressé par mail des pièces supplémentaires à leur dossier. Elles n’y figuraient pas aux premiers jours de la consultation.
Comme l’année dernière, le nombre élevé de stagiaires pour lesquels un avis défavorable a été prononcé nous étonne (10 cette année). Comment expliquer ce nombre élevé dans un contexte où le nombre de stagiaires lauréats du concours diminue par manque d’attractivité du métier d’enseignant ? Les raisons de prononcer un avis défavorable à la titularisation de ces collègues semble sur plusieurs dossiers d’une rigueur bien sévère car plusieurs d’entre eux s’appliquent à des collègues investis et brillants, d’après les documents qui nous sont fournis.
Nous sommes frappé.e.s cette année par la teneur des appréciations formulées par différent.e.s évaluateurs/ trices sur un même collègue, qui dressent des stagiaires des portraits très contradictoires. Comment un.e même collègue peut-il être à la fois dans une posture « très fermée » sur ses pratiques et « faire toujours preuve de recul sur sa pratique » , « assurer d’ores et déjà un enseignement de qualité » être encouragé à « revoir la mise en oeuvre didactique de ses savoirs » et à « concevoir des situations d’enseignement favorisant les apprentissages, » « maîtriser brillamment les savoirs disciplinaires » et en même temps occulter « les enjeux génériques des œuvres étudiées », « avoir une réflexion didactique et pédagogique insuffisante » et « manifester des qualités remarquables tant didactiques que pédagogiques ». On en passe. Comment s’y retrouver ?
Le recensement de ces contradictions, la mise en cause des qualités pédagogiques de collègues certifié.e.s ou en exercice depuis de longues années donne le sentiment que le parcours des collègues est méconnu des évaluateurs, voire leurs conditions d’exercice : peut -on reprocher à tel collègue l’absence d’ordinateurs dans sa salle de classe quand on connaît le manque criant de matériel informatique dont souffrent nos établissements ? La bienveillance et l’accompagnement fructueux des stagiaires que l’on attend de l’institution en sortent écornés.
Comme nous le soulignions l’an dernier, le ministre de l’Education nationale a souhaité depuis sa prise de fonction placer son ministère sous le signe de la bienveillance, les commissaires paritaires constatent que cette disposition d’esprit n’anime pas toujours la rédaction des rapports qu’ils ont pu lire. Certains rapports d’inspection se contentent d’énumérer les lacunes des collègues sans proposer de conseils. Des avis sévères et définitifs, voire cassants oublient que des collègues, dans leur première année d’enseignement, sont évidemment en début de carrière et pourront tirer profit d’une formation continue efficace sans être pénalisés par un renouvellement de stage. Certains rapports d’inspection ne contiennent que des phrases négatives ! Où sont les conseils pour progresser ? Ces incohérences dans les attentes des inspecteurs ne sont pas de nature à rassurer nos collègues, à qui on demande en revanche de pratiquer cette bienveillance au contact des élèves.
Il semble enfin que des critères impératifs pour certains collègues, ne soient plus qu’accessoires pour d’autres. Un même évaluateur reproche à un stagiaire son manque de coopération avec son équipe mais considère comme négligeable la même attitude chez un autre.
Le SNES-FSU attend de l’ensemble des évaluateurs un regard encourageant qui accompagne les collègues dans leur formation et leur projet de carrière au service des élèves – ou des étudiants - dont ils auront la charge. Un climat de confiance est déterminant pour démarrer sa carrière, ou la mener, sous les meilleurs auspices. Le SNES FSU constate avec inquiétude qu’il est sérieusement mis à mal par l’ensemble des projets qui émanent du ministère : « école de la confiance », réforme du bac et du lycée, formation initiale. Le discours du ministre vis-à-vis des correcteurs des copies de baccalauréat qui souhaitent faire entendre -enfin- leurs inquiétudes sur les dangers d’une réforme improvisée et destructrice en égalité des chances, en diversité d’enseignements et en postes ne nous rassure pas du tout car il nie l’évidence et dresse de manière irresponsable l’ensemble des citoyens contre la communauté éducative.