A l’UMR [Union Mutualiste Retraite] 108 606 retraités ont été floués une nouvelle fois par une baisse brutale de 30% de leur complément retraite !
Ces retraités avaient adhéré entre 1947 et 2001 à un régime facultatif, appelé CREF [Complément Retraite de l’Education Nationale et de la Fonction Publique], qui s’adressait en priorité aux fonctionnaires, dont une majorité d’enseignants, et qui leur proposait de constituer grâce à leur épargne un complément retraite en rente viagère. La particularité de ce régime était de fonctionner à la fois en capitalisation et en répartition.
En 2001, le CREF en faillite (un trou estimé à 1,6 milliard d’euros) est fermé aux nouvelles souscriptions ; la mutuelle qui le gérait, la MRFP, est dissoute et les actifs du CREF sont transférés à une nouvelle mutuelle, l’UMR. Cette déconfiture du régime CREF avait déjà entraîné pour les allocataires une perte estimée à 16% en moyenne du montant de leur rente.
Le 18 novembre 2014, lors d’une Assemblée Générale extraordinaire, ouverte uniquement à des personnes morales, dont le lieu de tenue et l’heure étaient ignorés des adhérents, l’UMR vient d’annoncer des mesures pour tenter de combler, selon les termes de l’ARCAF [Association Nationale des Fonctionnaires Epargnant pour la Retraite] « le trou abyssal et caché des produits d’épargne COREM et R1 (héritiers du CREF) qu’elle gère depuis 2002 », trou estimé à au moins 2,5 milliards d’euros.
Ces mesures visent d’abord les adhérents les plus anciens et les plus âgés - donc les moins susceptibles de se défendre - versés dans le régime R1 en 2002, plongeant certains d’entre eux dans une grande détresse. Ils avaient confié leur épargne retraite au régime prédécesseur sur la base de l’engagement de ce dernier, non seulement de ne jamais baisser les rentes, mais de les revaloriser annuellement.
Au contraire, ils vont voir leur rente baisser de 30% dès le 1er janvier 2015, soit 30 à 35 euros de moins par mois en moyenne ; la rente moyenne s’élevant à 1 100 euros par an, elle ne sera plus que de 740 euros par an. Quant au COREM, toujours ouvert à la souscription, son taux d’escompte va être réduit de 2,3% à 1,5%, et le versement des rentes ne sera possible qu’à partir de 62 ans (contre 60 aujourd’hui). Le président de l’UMR, dans un communiqué, se félicite du fait que ces mesures « concernent uniquement les 231 000 sociétaires de COREM qui se constituent actuellement une rente » et non « les 103 000 allocataires » dont le montant de la rente ne sera pas modifié ! Par ailleurs, assure-t-il, le régime R1 ayant été placé sous la législation de l’assurance vie, « les rentes ne pourront plus être baissées à l’avenir » !
Ces décisions sont en fait le résultat d’années de mauvaise gestion. On estime ainsi que les sociétaires du régime R1 ont perdu en moins de 15 ans près de 50% de pouvoir d’achat.
7 000 ex-sociétaires du CREF, regroupés au sein du Comité d’Information et de Soutien des Sociétaires de l’ex-CREF (CIDS) viennent de déposer plainte contre l’UMR pour tromperie grave. D’autre part, « un recours contre l’ACPR » [Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution], « totalement inerte dans cette affaire, sera parallèlement diligenté » a précisé le CIDS dans un communiqué daté du 19/11/2014.
Cet exemple, avec ses conséquences désastreuses, illustre le bien-fondé de l’opposition de la FSU aux systèmes de retraite par capitalisation : ceux-ci ne garantissent absolument pas la pérennité des rentes qu’ils annoncent au moment de la souscription des adhérents.
Nicole Medjigbodo
Téléchargez ci-dessous l’intervention de Monique Daune, FSU, à la réunion du CSS, Carrefour Santé Social, du 11 décembre 2014 sur la situation du COREM :