Déclaration Snes-FSU CTSD du 10/03/2016
Madame l ?Inspectrice d ?Académie,
Pour la rentrée 2016, le ministère s ?acharne à vouloir mettre en place une réforme en collège, qu ?il décrit comme pédagogique, et ce contre l ?avis des pédagogues de terrain, des pédagogues du quotidien que sont les professeurs.
Comme nous le signalons depuis plus d ?un an maintenant à une ministre dont l ?absence d ?écoute est perçue par les personnels comme mépris et arrogance, l ?Education Nationale se retrouve avec cette réforme d ?ores et déjà dépassée par la créature qu ?elle a elle-même engendrée.
Les formations qui ont lieu en ce moment sur cette réforme illustrent le chaos en cours et à venir. Nous en décrirons ici quelques exemples qui ne sont pas ?pour reprendre les propos de la ministre- « des bruits de chiottes ». Propos d ?ailleurs étonnants de vulgarité de la part d ?une Ministre d ?Etat, de l ?Education qui plus est, qui illustre la fébrilité du gouvernement en ce mois de mars 2016. Effectivement, ces derniers jours, le projet de loi dite « travail », qui fait voler en éclats le code du travail, protecteur des salariés dont feront bientôt partie les jeunes que nous formons, mobilise largement, notamment la jeunesse dont ce gouvernement avait fait une priorité. Nous en demandons le retrait.
Mais revenons aux formations « collège 2016 ». Rappelons d ?abord que la formation continue est un droit et non une obligation. Nous dénonçons les nombreuses pressions exercées sur les personnels pour qu ?ils assistent à ces formations hors temps de service y compris sans leur accord. Nous notons là une première cacophonie entre les propos tenus par Madame la Rectrice insistant sur ce volontariat et les principaux allant même jusqu ?à inscrire à ces formations, faute de volontaires, les plus vifs opposants à la réforme.
Nous notons aussi, cacophonie encore, que ces diverses formations ?avec ou sans formateur, d ?ailleurs- se déroulent indistinctement sur des créneaux hors temps de service, ou sur des heures et demi-journées banalisées en contradiction avec les consignes de l ?Inspection d ?Académie. Les journées banalisées que nous demandions jusqu ?alors pour nous concerter que ce soit concernant des problèmes d ?établissement ou dans le cadre de consultations sur les programmes, nous étaient systématiquement refusées au prétexte de perte d ?heures de cours. Actuellement, des centaines d ?heures de cours sont banalisées pour la mise en place de cette réforme. Nous nous interrogeons sur les raisons de ce changement de position de l ?Inspection d ?Académie concernant la banalisation des heures de classe. A moins que l ?improvisation et le bazar ambiant ne soient déjà de mise pour tenter de mettre en place à la hâte une réforme, usine à gaz. Nous contestons ces formations imposées. Nous rappelons notre attachement à ce que la formation continue soit un droit et non une obligation, conformément aux textes en vigueur, et quelles se déroulent sur le temps de service, ou soient décomptées de celui-ci, sauf accord explicite de l ?agent.
Cacophonie toujours quant au contenu des formations, et l ?organisation qui en découle ??Ici les EPI sont décrits comme obligatoires pour toutes les disciplines, ailleurs on informe qu ?ils sont obligatoires pour les élèves mais non pour les professeurs. Sur les mêmes disciplines par niveau, conformément aux textes, ou sur les mêmes thèmes par niveau quelle que soit la discipline ??Ailleurs encore, on entend des IPR dire : « Rassurez-vous, il n ?y aura pas d ?EPI à l ?emploi du temps, parfois un professeur viendra en plus sur quelques séances payées en heures supplémentaires, et cela s ?appellera EPI » ?? Nous passons, bien sûr, sur les ridicules thèmes que les pédagogistes déchaînés proposent, comme, Mme Bovary mangeait-elle équilibré ? Le bilan énergétique de l ?époque des lumières, ou récemment la réalisation d ?une bande dessinée avec des playmobiles sur ??la traite négrière. On apprend lors de ces formations que le plus difficile est de trouver des figurines de couleur ??
Inutile de vous dire ce que ressentent, madame l ?Inspectrice d ?Académie, les enseignants, personnels qualifiés de haut niveau, face à cette pitoyable comédie, qui vire au cauchemard. Non content de faire partie des enseignants les moins payés d ?Europe, est-ce ainsi à le confiner à un rôle d ?animateur de club vacances, que l ?on entend revaloriser le métier de professeur ? Alors que nos salaires ont encore diminué ce premier janvier, nous appelons l ?ensemble des professeurs et l ?ensemble de la fonction publique se mobiliser le 22 mars prochain, si la revalorisation que nous espérons lors du rendez-vous salarial du 17, n ?était pas à la hauteur.
Mais, concentrons-nous sur le sujet du jour à savoir les créations et suppressions de postes. Comme nous le craignions, les créations de postes annoncées en collège par la ministre ne sont qu ?effets d ?annonces et artifices comptables. Des postes sont bel et bien créés dans notre département, mais sans moyens supplémentaires pour les élèves. Comment concevoir, d ?ailleurs, dans ce contexte de démantèlement du collège, que des conseils d ?administration sur la répartition des moyens n ?aient pas été tenus ?
Vingt-six postes sont créés sur notre département avec seulement 21 heures postes de plus que l ?an dernier, et ce pour accueillir 400 élèves supplémentaires d ?après les prévisions... Il est d ?ailleurs à noter que l’espagnol absorbe la quasi-totalité de la hausse des postes et comme nous le craignions, ce sont les lettres, la technologie, l’allemand qui en perdent. Oui, les effectifs augmentent, et cette réforme supprime des postes pour plusieurs disciplines. Il ne subsistera que deux langues vivantes dans de trop nombreux collèges : l ?anglais et l ?espagnol, réduisant ainsi l ?offre d ?enseignement et condamnant l ?enseignement de l ?allemand à mort.
Quant à l ?espagnol, il y a fort à parier que les 400 postes du concours exceptionnel de 2014 ne suffiront pas à couvrir les besoins pour la France entière, et que nombre de ces postes qui apparaissent sur les documents de ce ctsd ne seront pas pourvus.
Pour toutes ces raisons, afin d ?éviter un fiasco tant organisationnel que pédagogique, qui mettra par ailleurs sérieusement à mal les conditions de travail des enseignants, nous demandons que les décrets de la réforme du collège soient abrogés.