Le Recteur de l ?Académie de Créteil a pris la décision d ?instituer une direction unique au collège Diderot et au lycée d ?Alembert, dans le but, selon lui, de profiter des « synergies » entre les deux établissements, de les amener à « mutualiser » leurs moyens, et de « rationnaliser » leur fonctionnement, d ?autant plus qu ?ils partagent le même bâtiment.
Nous pensons néanmoins qu ?il y a beaucoup plus à perdre pour les deux établissements qu ?à gagner dans une direction unique. Les raisons en sont nombreuses :
– PAS DE CONFLIT ENTRE AUTORITES DE TUTELLE : Le bâtiment commun à Diderot et d ?Alembert dépend déjà de la Région et c ?est la région qui assure le gros entretien des deux établissements. Il n ?y a donc pas de conflit de compétence entre département, tutelle habituelle des collèges mais pas ici, et région, tutelle habituelle des lycées.
– UN PRINCIPAL N ?EST PAS SUPERFLU : Dans un collège en Zone d ?Education Prioritaire, le rôle d ?un chef d ?établissement n ?est pas si dérisoire qu ?il puisse être supprimé. Il en est de même pour le lycée.
– DES CPE QUI NE SONT PAS DES PERSONNELS DE DIRECTION : il arrive parfois que des CPE acceptent d ?accomplir des actes qui relèvent de la responsabilité de la direction (exclusions temporaires) et les chefs d ?établissement s ?appuient souvent là-dessus pour déléguer certaines tâches. Or ce n ?est pas le cas au collège Diderot : les CPE accomplissent leurs tâches de CPE et ne tiennent pas à outrepasser leurs fonctions, ni à prendre des responsabilités qui ne sont pas les leurs.
– AUGMENTATION DES EFFECTIFS : L ?augmentation des effectifs de Diderot impose de conserver tous ses personnels : les 622 élèves actuels (598 selon l ?IA) deviennent 600 l ?année prochaine parce que la troisième DP6 est externalisée à ?? D ?Alembert. Mais dans la mesure où il y a 8 sixièmes et 8 cinquièmes pour 7 quatrièmes et 7 troisièmes, on peut s ?attendre à accueillir une 4e de plus en 2013, et une 3e en 2014, soit 50 élèves. Et si les prévisions de l ?IA sont toujours aussi justes, il y aura aussi 24 élèves de plus : le collège atteindra 700. Est-ce vraiment le moment de perdre un personnel de direction à temps complet ?
– PAS DE COMPLEMENTARITE : Les « synergies mutualisantes et rationalisatrices » vantées par le recteur n ?ont de sens que si les établissements ont une vraie complémentarité, comme c ?est le cas dans les cités scolaires : le lycée accueille l ?essentiel des élèves de troisième, et la moitié des élèves du lycée viennent du collège. Cela ne peut être le cas avec un lycée professionnel comme D ?Alembert qui accueille peu d ?élèves de Diderot chaque année.
– DES ETABLISSEMENTS TROP LOURDS : De même, on peut comprendre que certains collège ruraux qui peinent à remplir deux divisions par niveau (soit moins de 200 élèves) se voient affecter un adjoint seulement, et partagent un principal avec un autre établissement semblable, on comprend mal comment un principal peut disparaître dans un collège 700.
– UNE ASSOCIATION CONTESTABLE : Les cités scolaires associent le plus souvent un lycée général complémentaire obligé d ?un petit collège de 20 divisions (500 élèves maximum, cf Wallon, Renoir à Bondy, Villard de Lans ??). Ce serait l ?inverse dans notre cas : 700 collégiens pour 500 lycéens professionnels. Aucune cité scolaire n ?a fait le pari d ?associer des élèves qui s ?ignorent ; aucune cité scolaire ne comporte qu ?un seul lycée professionnel.
– COLLEGIENS ET LYCEENS DANS LES MEMES COULOIRS : l ?association sera inévitable, puisque les locaux du collège ne pourront pas supporter l ?augmentation des effectifs (650 est un maximum indépassable vu le nombre de salles) : certains cours auront lieu au lycée.
– UN PROVISEUR INVISIBLE A LA TACHE IMPOSSIBLE : Le Recteur pense nous rassurer en nous expliquant qu ?il conserve bien deux établissements avec 2 C.A. distincts : quand pour un seul C.A. les règles de fonctionnement ne sont pas toujours respectées, on peut craindre le pire pour deux, avec deux budgets, deux répartitions horaires ?? sans compter les cinquante conseils de classe à assurer chaque trimestre !
– DES SUPPRESSIONS DE POSTES NOMBREUSES ET INEVITABLES : La politique des gouvernements depuis dix ans est la même : supprimer des postes pour diminuer la masse salariale de la fonction publique. La rationalisation avancée par le recteur n ?a d ?intérêt, puisque sur les plans administratif ou pédagogique la supercherie a été éventée, que si elle permet à moyen terme d ?économiser des postes : un seul gardien, une seule infirmière, un ou deux ouvriers, un seul gestionnaire, une seule assistante sociale, une seule COPsy, sans compter les menaces sur les postes de secrétaires, d ?agents (entretien, cantine, accueil) et de documentalistes.
– DES RISQUES INCONSIDERES : La réputation du collège Diderot est loin d ?être mauvaise dans la ville, ce n ?est hélas pas le cas d ?un certain nombre d ?autres établissements du district. Et de fait, le collège fonctionne plutôt correctement : faut-il en profiter pour le mettre à mal ?
– UNE EXPERIENCE HASARDEUSE ET NEFASTE : Le collège Diderot et le Lycée D ?Alembert n ?ont pas vocation à devenir le laboratoire d ?une expérimentation qui permettrait de vérifier qu ?avec moins de personnels et en pressurant ceux qui restent, on peut quand même faire fonctionner un collège, même mal : nous ne voulons pas faire la preuve qu ?une éducation au rabais vaut mieux que pas d ?éducation du tout.