14 mars 2014

Les retraité-e-s

Le pacte de responsabilité : une vieille revendication du Medef qu’aucun gouvernement n’avait osé satisfaire depuis la Libération

La fiscalisation des cotisations « famille » que le Medef vient d’obtenir de la part du président de la République va lui rapporter 35 milliards d’euros qui pourraient s’ajouter aux 20 milliards déjà obtenus. Cette décision du gouvernement de « gauche » qui répond favorablement à une vieille revendication du Medef qu’aucun gouvernement n’avait osé satisfaire depuis la Libération pose plusieurs questions :

  • La politique familiale qui place la France en tête des pays européens ne profiterait-elle pas aux entreprises ? Le remplacement des travailleurs âgés par de plus jeunes mieux formés ne permet-il pas des gains de productivité ? Les prestations familiales ne permettent-elles pas d’encourager les femmes à exercer toutes les professions ? Les entreprises n’ont-elles pas intérêt à favoriser ces évolutions par la création de crèches d’entreprise par exemple ?
    Nous répondons évidemment positivement à toutes ces questions. C’est pourquoi le patronat doit continuer à financer les prestations familiales et ce d’autant plus que ces sommes sont une part du salaire socialisé.
  • Comment seront financées les prestations familiales ? Augmentation de la TVA ou de la CSG, ou diminution des prestations ?
    Le gouvernement répond par un projet de 50 milliards d’économie sur les services publics, ce qui pose les questions suivantes : Quels services publics peut-on encore réduire ? L’éducation, la santé, la justice, les inspecteurs des impôts, les collectivités locales ? Sachant que les fonctions régaliennes de l’état seront épargnées.
  • L’objectif avoué étant de réduire le coût du travail pour accroître la compétitivité des entreprises et relancer une politique de l’offre, on peut s’interroger sur la pertinence d’une telle politique qui évacue totalement le coût du capital, l’évasion fiscale, l’augmentation du chômage et de la pauvreté. C’est la politique menée depuis des années par les néolibéraux qui n’a fait que détruire des emplois et augmenter les profits des grandes sociétés capitalistes. Cette politique est même aujourd’hui contredite par les dernières déclarations de Merkel et Obama qui ne sont pourtant pas des marxistes ultra révolutionnaires ! Ces sommes seraient mieux utilisées en créant des emplois publics dont on manque cruellement, plutôt que de compter sur la bonne volonté du Medef qui ne s’engage à aucune création ferme.
    Avec 54 milliards d’euros on peut créer 1,5 millions d’emplois à 1600 euros net par mois durant un an !!!
  • Plus généralement, il nous faut poser la question du financement de la Sécurité sociale : cotisation et/ou fiscalisation ? La FSU reste fidèle aux choix faits par le Conseil national de la Résistance et mis en place par Ambroise Croizat : les cotisations de Sécurité sociale autant salariales que patronales ne sont pas des charges mais une part du salaire socialisé prélevée sur les richesses produites par le travail Les sommes prélevées par la CSG doivent redevenir des cotisations, et les salariés doivent pouvoir continuer à gérer les caisses de Sécurité sociale. La fiscalisation à travers la CSG doit être abandonnée et les sommes prélevées doivent l’être en fonction de la création d’emplois des entreprises. Les prélèvements complémentaires sur les revenus du capital, qui devraient être taxés au même niveau que le travail, doivent être affectés en totalité au financement de la Sécurité sociale.
  • Il nous faut également contredire toutes les affirmations concernant les services publics.
    Non, les services publics ne sont ni un coût ni une charge pour la collectivité. Les services publics sont la seule richesse de ceux qui n’ont rien ! Comparer le niveau des prélèvements obligatoires en France, en Allemagne, en Angleterre ou aux ?tats-Unis n’a aucun sens quand on connaît le prix des études ou des soins médicaux dans ces différents pays. De plus nous affirmons que les services publics à la française sont créateurs d’emplois et d’emplois qualifiés notamment dans la santé et dans l’éducation nationale. Ceux-ci assurent également la cohérence nationale et facilitent le vivre ensemble par le partage des biens communs.

C’est pour toute ces raisons de fond que nous manifesterons le 18 mars contre, entre autre, ce pacte de dupe !
Jean-Bernard SHAKI