12 février 2010

actu des établissements

Le lycée G de Nerval- Noisiel se mobilise.

Déclaration préliminaire des personnels enseignants du Lycée Gérard de Nerval (Noisiel ? 77) à la réunion de préparation de la rentrée 2010 et au Conseil d ?Administration du 16 mars 2010

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Réunis en Assemblée Générale le 11 février 2010, les personnels enseignants du Lycée Gérard de Nerval ont adopté, par 19 voix pour, 0 voix contre et 2 abstentions, la déclaration suivante :

Les personnels enseignants du Lycée protestent vigoureusement contre l ?ensemble du dispositif de réformes imposé par le gouvernement sans réelle concertation, et qui se traduira à tous les niveaux par un appauvrissement considérable des offres d ?enseignement, par des suppressions de postes par milliers, par un renforcement inadmissible des inégalités et, avec la suppression de la carte scolaire, par la constitution de véritables zones autrefois prioritaires et bientôt sinistrées.

Ils dénoncent, dans le Premier Degré,
la scandaleuse suppression progressive des RASED, si révélatrice des orientations de ce dispositif : on supprime des postes d ?enseignants formés au traitement des difficultés scolaires et on leur substitue des heures d ? « aide personnalisée » tant bien que mal ajoutées à l ?horaire normal de ces élèves dont les difficultés ne seront pas réduites par un surcroît de travail et de présence à l ?école.
le manque dramatique de remplaçants par manque de postes au concours et refus du Rectorat d ?ouvrir la liste complémentaire. En même temps, Le Rectorat de Créteil invite les chefs d ?établissement à recruter directement à bac + 3 sans formation pour les remplacements de courte durée !
la menace de plus en plus forte qui pèse sur les petites sections de Maternelle.
Ils saluent le civisme des professeurs d ?école qui s ?opposent au fichage des enfants par « Base élèves » et aux évaluations dont l ?une des fonctions essentielles est de mettre les écoles en concurrence.


Ils dénoncent, dans le Supérieur,
la mise en place de la « masterisation » qui permettra notamment de constituer un formidable vivier d ?emplois précaires, d ?autant plus important que le nombre de postes aux concours sera limité : tous ces spécialistes ès éducation bac +5 qui auront échoué aux concours et pourront être recrutés et licenciés par les rectorats, selon les besoins, offriront toute la flexibilité et la docilité nécessaire à nos gestionnaires.
Ils dénoncent aussi la décision du Rectorat de Créteil de faire débuter l ?an prochain les stagiaires titulaires à temps plein et sans la moindre formation. Cette décision s ?inscrit parfaitement dans le mépris aujourd ?hui clairement affirmé de toute formation pédagogique des enseignants.

Ils protestent contre la mise en place de la réforme des lycées qui n ?a fait l ?objet d ?aucune concertation digne de ce nom.
Cette réforme, outre qu ?elle permettra la suppression d ?environ 6 500 postes en lycée, constitue un pas de plus dans la rupture essentielle avec un principe fondamental : que tout élève du lycée doit avoir accès à une formation humaniste ? littéraire et scientifique ? de citoyen autonome dans l ?ensemble des domaines du savoir. La suppression de l ?Histoire-Géographie en Terminale Scientifique, ou des mathématiques en Terminale Littéraire ne sont qu ?un aspect de la réforme, mais très révélateur de cette orientation.

Ils réaffirment que les choix d ?orientation, s ?ils privilégient nécessairement certaines disciplines, ne doivent jamais aboutir à l ?abandon total d ?un enseignement indispensable à une éducation citoyenne.

Ils protestent contre la suppression en moyenne de deux heures hebdomadaires par discipline sur l ?ensemble du cycle, qui se traduira globalement par l ?augmentation du nombre de classes par service, un suivi des élèves plus difficile, et un surcroît de travail aux dépens de sa qualité.

Ils protestent contre la suppression des modules et des dédoublements auparavant fixés par un seuil. Ces heures « globalisées » seront laissées à l ?appréciation des Recteurs, puis des chefs d ?établissement.
Dénoncent la mise en place des deux heures d ?accompagnement-orientation qui entérine la disparition progressive des Conseillers d ?Orientation ? Psychologues et imposent aux enseignants une charge et une lourde responsabilité pour lesquelles ils ne sont pas formés.
Mettent en garde contre les discours démagogiques sur l ?allègement, la souplesse, l ?exploration, l ?accompagnement ?? Car l ?ensemble du dispositif se traduira presque partout par un appauvrissement des offres d ?enseignements, d ?inévitables renoncements pour beaucoup d ?établissements, et de croissantes inégalités sociales et géographiques.

Ils dénoncent aussi la précipitation et la désinvolture avec laquelle sont élaborés les nouveaux programmes, preuve du mépris dans lequel nos autorités tiennent aussi bien les élèves que leurs enseignants.

Enfin, parce qu ?ils refusent d ?organiser leur propre exploitation et leur propre aliénation, de gérer la pénurie des moyens qui seront ou non octroyés, de rentrer dans le jeu de la concurrence entre établissements, entre disciplines, entre projets pédagogiques et entre collègues dans un contexte de restrictions budgétaires systématiques
parce qu ?ils sont déterminés à maintenir entre eux des relations humaines de confiance et de solidarité, d ?entraide et d ?équité, indispensables à un vrai travail d ?équipe et incompatibles avec une logique de concurrence, de performance et de surveillance
parce qu ?ils entendent préserver la fonction des Conseils d ?Enseignement et les attributions du Conseil d ?Administration, certes limitées, mais seule garantie d ?un contrôle démocratique de la répartition des moyens par des membres élus et seule institution susceptible de s ?opposer encore à l ?arbitraire
ils protestent contre la mise en place des Conseils prétendument Pédagogiques et refusent d ?y participer - quelles que soient, au niveau local, leur composition et leurs attributions - car celles-ci dépendront toujours du bon vouloir du chef d ?établissement qui verra ainsi son rôle renforcé, tout en restant soumis aux consignes ministérielles et rectorales.