Il y a des signes qui ne trompent pas : la campagne des élections professionnelles qui doivent se tenir mi-octobre dans l’ ?ducation Nationale a commencé. En quelques jours, des dizaines de collègues nous ont signalé avoir reçu sur leurs adresses électroniques professionnelles les messages d’au moins cinq organisations syndicales, qui pour les mutations, qui pour les suppressions de postes... Quant à nous, au SNES-FSU, nous n’utilisons les adresses électroniques que nous ont communiquées les collègues (lors de leur adhésion, ou parce qu’ils ont rempli une fiche syndicale), que lorsqu’ils ont dûment signé une « autorisation CNIL ». Nous n’envoyons pas non plus de messages sur les adresses électroniques professionnelles : le Rectorat ne nous a jamais donné ces adresses, et nous ne les avons jamais générées automatiquement à partir des fichiers transmis par le Rectorat lors des opérations de gestion des personnels.
Pourquoi ? Parce que dans la loi française, et les délibérations de la CNIL (Commission Nationale de l ?Informatique et des Libertés) et de la CADA (Commission d ?Accès aux Documents Administratifs) l ?adresse électronique (privée ou administrative ou professionnelle) d ?une personne est considérée comme un élément de la vie privée. Nul ne peut utiliser votre adresse mail sans votre accord explicite ET préalable. Quoi qu’on puisse en penser, ces dispositifs légaux doivent valoir pour tout le monde (voir ici un modèle de plainte à adresser à la CNIL... merci de nous en envoyer un double).
Mais il est vrai qu’électroniquement parlant, les prochaines élections professionnelles sont l’occasion de toutes les audaces. Alors que dans le champ politique, le développement des « machines à voter » ou autres « urnes électroniques » semble marquer le pas, le Ministère a en effet décidé d’organiser un vote électronique. Pensez-vous ! Au lieu de cette lourde procédure qui mobilise les chefs d’établissement toute une journée, qui leur fait rapporter des tas d’enveloppes cachetées dans la nuit, et qui finit par un dépouillement occupant plusieurs centaines de personnes au Rectorat, en un clic, à la fermeture du vote, le dépouillement est fait. Plus la peine de papier, plus la peine d’isoloir, même plus besoin de bureau de vote, on pourrait presque se passer d’électeurs. Bon, pour aller vérifier les totaux, ça sera une autre affaire : bien malin qui pourra y regarder de plus près. Pas de liste d’émargement, aucune trace réelle d’un vote, mais la bonne mine d’un programme informatique acheté à prix d’or à une grosse boîte privée. Les syndicats de la FSU ont exprimé de vives réserves quant à cette modalité de scrutin, et dans le Second degré, la majorité des organisations syndicales s’y sont opposées. Le Ministère a refusé d’en tenir compte.
Des mails en pagaille, un vote électronique... Beaucoup de virtuel, dans lequel les collègues en chair et en os ne se retrouvent pas forcément. Qu’ils se rassurent : les militant-e-s du SNES-FSU Créteil sont eux aussi encore dans le monde réel : on peut leur parler au téléphone, les rencontrer aux manifs, dans les établissements, dans les stages et dans les réunions, ils siègent pour de vrai dans les commissions... et quand ils vous envoient un mail, ce n’est pas un robot qui l’écrit.