Dans toutes les réunions de préparation de la rentrée 2014-15, les représentants du SNES-FSU de Seine-et-Marne ont fait valoir que les moyens mis en ?uvre étaient, cette année encore, très insuffisants au regard des besoins de leur département. Le CTSD du 2 juillet dernier n’a fait que confirmer cette tendance lourde que nous dénonçons depuis tant d’années : une inflation des effectifs par classe, des dotations horaires globales indigentes et des services de vie scolaire notoirement sous-dotés. Lors des explications de vote, la FSU a fait valoir qu’elle voterait contre cette dernière mouture de la dotation horaire départementale, au motif que si les moyens sont contraints par une enveloppe insuffisante, la répartition qui en découle ne peut qu’être insatisfaisante. Quelques éléments d’analyse...
L’efficacité de l’école est d’autant plus grande et intense que le rapport entre maître et élèves est petit. ? la lecture des dotations qui nous ont été adressées ces derniers jours, on peut considérer que le législateur n’était pas tout à fait pénétré de cette vérité, au moment du vote du budget de la nation, en novembre dernier. En conséquence, les moyens octroyés à la Seine-et-Marne régressent alors que les effectifs augmentent et l’on s’éloigne désormais franchement de la priorité affichée de refonder l’école.
Les effectifs progressent...
Quelques chiffres pour étayer ce constat. Les effectifs départementaux en classes ordinaires progressent cette année dans une fourchette comprise entre 1790 et 2778 élèves environ, suivant que l’on compare les effectifs existants (bilan de rentrée 2013) avec les prévisions de l’IA de Janvier 2014, ou avec celles ? plus optimistes - des chefs d’établissement de juin. Soit un rythme de croissance compris entre 2,67 et 4,08 % environ. Entre les prévisions de janvier et celles de juin, la réévaluation des effectifs nécessite l’ouverture d’environ 12 classes (soit 300 élèves).
La dotation horaire départementale (hors enseignements spécifiques) diminue quant à elle de 196,3 heures, soit une baisse de 0,25 % environ, si l’on rapporte le bilan de rentrée d’octobre 2013 aux prévisions de juin 2014. Logiquement, le H/E départemental en classes banales accuse un net fléchissement de 1,22 à 1,19, soit une baisse de 2,46 %.
Les moyens régressent...
La même tendance est observable en ce qui concerne les dotations en vie scolaire. Sur deux années ? de la rentrée 2012 à la rentrée 2014 ? nous constatons une nette régression des moyens alloués aux établissements du département. Cela est très sensible en ce qui concerne les missions à caractère pédagogique, avec la perte de 29,5 postes d’assistants pédagogiques, mais également pour les missions de surveillance, compte tenu de la stagnation des moyens dans un contexte de forte croissance des effectifs. Les établissements de notre département comptent près de 90 % de demi-pensionnaires, une spécificité locale non prise en compte. Nous avons réitéré notre demande de deux conseillers principaux d’éducation pour les collèges de plus de 600 élèves, car en la matière notre département est sinistré.
Et les conditions d’étude et de travail se détériorent...
Le surcroît de travail engendré par la hausse démographique est ainsi davantage compensé par une intensification des efforts exigés du personnel que par la création d’emplois publics enseignants. Les conditions d’études et de travail et l’offre de formation se détériorent. Une fragilisation accrue des options facultatives se dessine et s’étend aux enseignements obligatoires. Les inégalités scolaires progressent : les résultats scolaires des élèves les plus en difficulté ont chuté ces dix dernières années dans notre pays.
Pour changer la donne, les dotations doivent être abondées afin de faire diminuer les effectifs par classe ; permettre les dédoublements ; renforcer les dispositifs de soutien ; améliorer les conditions d’intégration des élèves handicapés ; développer les apprentissages. Il faut aussi conserver le même niveau d’exigence scolaire d’un bout à l’autre du territoire pour tous les élèves et ne pas cantonner les plus faibles dans des ?coles de relégations, dite « ?cole du socle », telles que celles introduites par la réforme. Il faut enfin stopper le « favoritisme » qui prévaut dans l ?allocation des moyens et que dénonçait naguère la Cour des comptes. En 2012, celle-ci n’avait-elle pas calculé que l ??tat dépensait 47 % de plus pour former un Parisien qu ?un jeune de l’académie de Créteil ?