8 octobre 2008

actu des établissements

Lettres des personnels du lycée Delacroix au recteur

Les personnels du lycée E. Delacroix

A Monsieur le Recteur
De l ?Académie de Créteil
S/C du Chef d ?Etablissement.

Monsieur Le Recteur,

Nous tenons à vous informer par ce courrier que la situation de notre lycée n’a guère changé.

Après la visite de Mme Courteix, de M. Claux et de M. Daydie et une reprise des cours dès le lendemain, le samedi 22 septembre, nous avions l’espoir de retrouver davantage de sérénité, de confiance et de pouvoir enfin travailler dans de meilleures conditions.

Le jeudi 26 septembre, nous, enseignants, avons reçu dans nos casiers en fin de matinée, un premier courrier (cf/ courrier ci-joint) non nominatif nous demandant de cocher la case "gréviste" ou "non gréviste", puis un deuxième courrier rectificatif en milieu d ?après-midi où nous devions y apposer notre nom en nous déclarant ; le cas échéant déclarer non grévistes.
Or la loi stipule que ce n ?est pas à nous de nous déclarer grévistes mais au personnel de direction d ?en faire le décompte.

Au delà de la forme, c ?est surtout le fond qui nous interpelle car ces lettres montrent une maladresse dans la gestion des relations humaines et une incompétence en matière de communication alors que nous dénonçons depuis l ?année dernière des problèmes de communication, d’ordres suivis de contre-ordres.

Tout ceci entraîne une incompréhension totale de très nombreux collègues qui étaient, durant cette semaine, dans l ?incapacité matérielle de faire cours, ou en délégation au rectorat, ou réunis en heures banalisées ou encore convoqués à une réunion avec les Inspecteurs Vie Scolaire et le Proviseur Vie Scolaire.
Si les personnels assument pleinement leurs décisions, ils trouvent aussi révoltant la façon dont on traite leur implication pour essayer de pallier les insuffisances de la direction. C’est la légitimité même de leur action qui est remise en cause.
Cette dernière réunion avait pour but de restaurer la confiance : un tel courrier à suscité un sentiment d ?écoeurement des personnels qui s ?investissent dans le lycée pour la réussite des élèves.

Depuis, afin d’éviter une seconde confrontation directe avec la direction (après celle de jeudi 25 septembre) et dans un souci d’apaisement, une délégation composée de trois membres du CA a sollicité un entretien avec M. le Proviseur (lundi 29 septembre à 13h30) afin de revenir à plus de sérénité pour restaurer la confiance. Il convient de noter que cette initiative ne remportait pas tous les suffrages de l’assemblée générale des personnels restés pour beaucoup très sceptiques. A l’issue de cette rencontre qui s’est déroulée dans un climat très serein, M. le Proviseur n’a pas voulu prendre de décision définitive concernant le comptage des grévistes ou supposés tels arguant que le rectorat avait été ferme dans sa volonté de comptabiliser tous les jours de grève.
Toutefois il s’est engagé à rappeler le rectorat dans l’après midi et à nous donner par écrit une information en fin de journée ou au plus tard le lendemain. Ce qui n ?a pas été fait. Il en a résulté que les plus confiants ont perdu tout espoir.
Une rencontre fortuite entre M. le Proviseur et un représentant au CA, le mercredi 1er octobre, a permis de connaître finalement la position définitive de la direction : « les grévistes sont grévistes, les non grévistes sont non grévistes, le rectorat reste sur sa position ».

A moins d’être naïfs, nous n’imaginons pas nos supérieurs hiérarchiques qui ont été à l’écoute des problèmes du lycée (délégation reçue pendant plus de deux heures par Mme Benoist), qui se sont déplacés par deux fois au lycée et ont mobilisé de nombreux intervenants répondre aussi abruptement et sanctionner sans nuance les personnels investis, qui dépensent leur énergie pour que le lycée ne s’effondre pas totalement.
Depuis, sans réponse formelle de la direction, en l’absence de décompte personnel des jours d’arrêt de travail, dans l’incertitude, par crainte ou incompréhension, certains personnels ont complété le courrier (cf/ courrier ci-joint) : ce qui témoigne du manque de sérénité qui règne dans l’établissement.

Si l’origine des dysfonctionnements ne relève pas toujours entièrement de la responsabilité de la direction, leur gestion et les réponses qui y sont données s’avèrent trop souvent peu adéquates.
Ainsi, la cantine est restée fermée quatre jours, suite à l’incendie qui s’est déclaré en cuisine. Ce n’est finalement que le cinquième jour que des repas froids ont été proposés aux élèves. Par ailleurs, l’information ne parvient aux élèves et aux personnels qu’au compte-goutte, tardivement, avec des rectificatifs.
Les élèves comme leurs parents s’inquiètent de cette situation précaire, dans un contexte de violence dans et à l’extérieur de l’établissement dont nous avons été les témoins cette semaine.
Le planning de l’année, disponible cette semaine a fait l’objet de deux informations successives et chacune de deux rectificatifs... Beaucoup trop d’informations sont traitées de la sorte.
Des courriers importants sont transmis en retard, tels que des informations d ?Inspecteur(s) Académique, le premier CA ne se réunira pas avant les élections comme à l’accoutumée, mais le 13 novembre.

Aujourd ?hui, nous constatons qu’après un mois de cours, l’ensemble de la communauté scolaire subit des conditions de travail profondément dégradées ; la crise de confiance est plus que réelle ; la situation parfois malheureusement surréaliste.

Veuillez, en tout cas, croire Monsieur le recteur en notre attachement au service public d’éducation et à notre volonté de travailler dans des conditions qui permettent la réussite de nos élèves.

Nous vous prions d ?agréer, Monsieur le Recteur, l ?expression de nos sentiments respectueux.

Les enseignants réunis en assemblée générale
le vendredi 27 septembre 2008, les 1er et 3 octobre,
avec le soutien de leurs sections syndicales
CGT, FO, FSU, SGEN-CFDT et SUD