22 février 2008

actu des établissements

Les professeurs de Louise Michel en grève écrivent au gouvernement

Clichy-sous-Bois, le 21 février 2008

Enseignants en grève

du Collège Louise Michel

à Clichy-sous-Bois
à

M. Sarkozy, Président de la République
M. Fillon, Premier ministre
M. Darcos, Ministre de l’Education nationale
Mme Boutin, Ministre du Logement et de la Ville
Mme Amara, Secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la Ville
s/c du Chef d’Etablissement
s/c de l’Inspecteur d’Académie
s/c du Recteur de l’Académie de Créteil

Mesdames, Messieurs,

Clichy-sous-Bois : pour qu’un tramway ne cache pas l’autre

Le plan « respect et égalité des chances », anciennement appelé « plan banlieues », présenté par le chef de l’Etat, début février 2008, prend-il la mesure de la situation de l’éducation dans les banlieues ?

A Clichy-sous-Bois, il y a de quoi en douter. A l’heure où l’on nous présente les moyens mis en place pour la rentrée prochaine, nous constatons, non sans dépit, que ceux-ci ne sont pas à la hauteur de cette ambition et des exigences de notre mission d’éducation.

Alors que le Conseil Economique et Social, dans ses 80 propositions adressées au Gouvernement, préconise une baisse significative des effectifs dans les classes de l’enseignement prioritaire, nous voyons, au contraire, une augmentation inquiétante du nombre d’élèves par classe, dans notre établissement.

En classe de Cinquième, on annonce une moyenne de 22,83 élèves par classe, ce qui nous situe parmi les classes les plus chargées, dans un district qui compte aussi, excusez du peu, les villes de Livry Gargan et du Raincy ; en Quatrième, ce seront 23,5 élèves... c’est la prévision la plus élevée. Un comble ! Quand on connaît la situation sociale de nos élèves. Vous savez, comme nous, qu’il existe des « effets de seuil » dans nos classes. Au-delà d’un certain nombre, qu’en conscience nous fixons à vingt, la qualité du cours et de l’enseignement est trop souvent compromise et c’est la continuité du travail des élèves, donc leurs progrès, qui en font les frais.

Que dire de l’enseignement du français ? au lendemain du discours de Monsieur le Ministre sur sa volonté de mettre la maîtrise du français au coeur de ses préoccupations ? quand nous constatons une diminution des heures d’enseignement du français, sur plusieurs niveaux. Il est vrai que la maîtrise et la connaissance de la langue sont telles pour nos élèves, qu’il a pu paraître bien urgent de rétablir les horaires planchers, en supprimant des heures, dans cette matière ! Comment les priver de cette première chance, à l’heure où vous projetez d’ouvrir de nombreuses écoles de la « seconde chance » !?
Si priorités il y a, c’est certes sur l’Emploi, le Logement, le Transport... pour les enfants, c’est avant tout, sur l’Education. Leurs besoins, en milieu défavorisé, sont réels, sont immenses... leur réussite en dépend, les spécialistes que vous êtes ne le savent que trop. Des moyens en « Ambition Réussite » ont été déployés pour les collèges EP1. Si cet accompagnement se substituait aux besoins élémentaires de l’enseignement prioritaire, ce serait, à coup sûr, manquer l’objectif visé de la réduction de l’échec scolaire.

La réduction des effectifs et la création des classes qu’elle implique, est le premier des « retours aux fondamentaux ».

Nous avons porté ces revendications à l’Inspection Académique de Seine-Saint-Denis, nous ne comprenons pas qu’elles ne suscitent qu’une attention qui masque difficilement ce que nous nommerons indifférence et mépris.

Les enfants de Clichy-sous-Bois méritent mieux que ça.

Les enseignants du Collège Louise Michel