Voici le courrier que l’équipe éducative du collège Politzer de La Courneuve a envoyé à la Rectrice.
Madame la Rectrice,
Notre chef d’établissement nous a informé-e-s le 25 mars de la volonté du Directeur académique de faire expérimenter à notre établissement un contrat d’objectifs afin d’identifier « deux ou trois objectifs qu’il semble nécessaire de promouvoir et d’accompagner plus particulièrement ».
Une « émanation des équipes pédagogiques et éducatives » de collègues se présentant d’ici au mercredi 30 mars est censée participer à cette discussion. Quelle serait la légitimité de cette délégation non élue ? A quel titre ces collègues pourraient-ils s’exprimer au nom de l’ensemble de l’équipe pour fixer des objectifs s’imposant à tou-te-s ? Suite à quelle discussion et à quel temps d’échange dans l’établissement ? Une fois de plus, le conseil pédagogique, instance dont les membres ne sont pas élu-e-s, est le pivot de ce dispositif qui nous interroge.
La circulaire rectorale du 3 mars évoque le fait que notre établissement a participé à une évaluation lors de l’année scolaire 2013-14. Nous n’avons été destinataires d’aucun bilan de cette évaluation. Pour l’instant, aucun bilan du projet d’établissement n’a non plus été tiré, malgré la demande des représentant-e-s de l’équipe éducative. C’est pourtant la demande qu’ils-elles avaient formulée, suite à la proposition du chef d’établissement du lancement des discussions sur sa nouvelle rédaction lors du conseil d’administration du 26 novembre 2015.
« Pilotage », « performance », « résultats de l’établissement », « dialogue de gestion », « plus grande efficacité et responsabilisation des équipes éducatives », « renforcement du conseil pédagogique », tous ces objectifs semblent bien loin de nos préoccupations quotidiennes qui sont d’amener nos élèves à apprendre et à s’émanciper et de travailler sereinement au sein de notre équipe éducative. Nous préférerions échanger avec vous au sujet du remplacement de notre collègue assistante sociale absente depuis le 11 janvier (au sujet duquel notre courrier du 16 février n’a obtenu aucune réponse de la DSDEN), de la création d’un troisième poste de CPE ou de la mise à disposition d’une enveloppe horaire plus importante pour la Dotation horaire globale de notre établissement afin de mettre en place davantage de dédoublements de classes et de mieux accompagner les élèves, comme par exemple en natation. Qui peut croire que les résultats des élèves progresseront dans ce contexte où les moyens mis à notre disposition sont très restreints et où la mise en place de la réforme du collège entraînerait une baisse de 20% des enseignements disciplinaires ?
Enfin, nous nous interrogeons sur les finalités guidant la signature d’un tel contrat : quelles conséquences en terme de moyens alloués à l’établissement ou pour l’équipe éducative au cas où nous atteignions nos objectifs ? Et si nous ne les atteignions pas ?
Pour toutes ces raisons, nous refusons de participer aux discussions sur la signature de ce contrat visant à mettre en place, comme c’est le cas dans le secteur privé, une logique et une organisation du travail reposant sur le management et la politique du chiffre au sein des établissements. Nous tenons au respect de notre liberté pédagogique et renouvelons nos revendications pour plus de moyens pour le collège Georges Politzer.
Veuillez agréer, Madame la Rectrice, l’expression de nos sentiments distingués.
Les élu-e-s de l’équipe éducative au Conseil d’administration du collège Georges Politzer