Interviewé sur le site du café pédagogique, Mathieu Hanotin accumule les contre-vérités et dresse un portrait peu engageant de l’Education Prioritaire. Recyclant les précédentes politiques éducatives qui encensaient le dispositif ECLAIR, ces propos nécessitaient une réaction. Le SNES 93 s’offre un droit de réponse que vous pourrez consulter ci-dessous.
Dans l’édition du Café pédagogique du 17 décembre 2013, le vice-président du Conseil Général de Seine-Saint-Denis chargé de l’éducation et député de Seine-Saint-Denis, Mathieu Hanotin, a émis son point de vue sur la réforme de l’éducation prioritaire que prépare en ce moment le gouvernement.
Cet entretien choque les collègues du département qui se démènent dans les établissements pour faire progresser les élèves et leur donner accès à une culture commune de haut-niveau.
Tout d’abord, le chapeau de l’article énonce une contre-vérité : le budget dédié au fonctionnement des collèges du 93 est loin d’être à la hauteur des besoins. Il n’a cessé de baisser ces dernières années. A la rentrée 2013, la baisse de la dotation de fonctionnement a été de 7%. Les conseils d’administration ont ainsi, à près de 30%, refusé les budgets à la fin de l’année 2012 à cause de cette politique.
Dans l’entretien lui-même, M. Hanotin présente une vision de l’éducation prioritaire qui ne répond absolument pas aux revendications des collègues depuis le mouvement historique de 1998.
Si nous pouvons discuter de la pertinence des critères de classement des établissements, nous contestons fortement l’idée de se baser uniquement sur le public et d’oublier la zone de recrutement. Dans un cadre de dérèglementation de la carte scolaire, ce marquage par le public ne peut qu’entraîner un effet-établissement d’autant plus fort. De plus, il est inacceptable de mettre les collèges sous pression d’une réévaluation des dotations horaires et de fonctionnement chaque année, puisqu’il n’y aurait plus aucune stabilité des financements et les équipes ne pourraient plus construire des projets sur le long terme.
Dans le reste de l’entretien, M. Hanotin ne fait que recycler les idées développées dans l’éducation ces dix dernières années, et incarnées par le dispositif ECLAIR : chef d’établissement tout puissant, mise en place d’une hiérarchie intermédiaire d’enseignants par les préfets des études et les professeurs principaux, prime à la motivation aux enseignants qui s’engageraient dans ces établissements, remise en cause de la légitimité des concours. Ces propositions illustrent encore la défiance qui existe aujourd’hui entre les élu-e-s et les enseignant-e-s, puisque la motivation des collègues est encore une fois remise en cause. Les collègues du département qui se battent chaque année pour faire progresser les élèves, alors que les moyens humains et financiers ne cessent de baisser, apprécieront.
Enfin, M. Hanotin se satisfait des seuils d’élèves par classe actuels, alors que ceux-ci n’ont pas cessé d’augmenter ces dix dernières années, suite à la hausse démographique et aux baisses de moyens.
Le SNES-FSU revendique pour l’ensemble de l’éducation prioritaire une baisse réelle du nombre d’élèves par classe (20 élèves par classe au maximum), des dédoublements qui permettent de travailler les difficultés des élèves en effectif réduit, des temps de concertation entre équipe incluses dans le service et le maintien d’une haute exigence disciplinaire pour l’ensemble des élèves de l’éducation prioritaire. Les élèves de Seine-Saint-Denis ont le droit à une éducation de qualité : il est plus que jamais temps que notre territoire bénéficie d’un plan de développement de son système éducatif qui soit à la hauteur des besoins.