En lutte depuis le 1er décembre après l’annonce de la perte de leur Label ZEP, les enseignants du collège Camille Corot de Chelles ont multiplié les actions médiatiques toute la semaine, pour défendre et conserver le statut de leur établissement. Point d’orgue de ces journées d’actions, un rassemblement réunissant près de 300 personnes avait lieu ce matin, samedi 6 décembre, sur le parvis de la mairie de Chelles, pour porter les revendications des enseignants auprès de la population locale.
« Corot en colère » pouvait-on lire ce matin par un froid glacial, place de l’hôtel de ville de Chelles. Le slogan faisait écho aux revendications déjà entendues mercredi après-midi (03/12) à Melun, lors du rassemblement départemental lancé à l’appel de la FSU77, pour défendre de l ??ducation prioritaire en Seine-et-Marne. Un car affrété par la municipalité de Chelles avait alors conduit une soixantaine de participants, parents d’élèves, professeurs des écoles, soutenir la délégation des enseignants du collège C. Corot reçue en audience par la DASEN77 (Direction Académique des Services de l ??ducation Nationale). Ce rassemblement avait été préparé par une journée de grève à 95 % lundi 01/12 et une journée ?école morte ?? mardi (02/12). Plusieurs articles ont été consacrés à cet établissement dans la presse régionale et la télévision locale tout au long de la semaine.
Surdité de l’Inspection académique
Lors de l’audience, les collègues ont fait valoir la permanence de difficultés scolaires, sociales et économiques de leur district pour justifier le maintien de leur établissement au sein du dispositif ZEP. Après s’être retranchée derrière une une lecture très embrouillée d’indicateurs purement déclaratifs - et donc bien peu objectifs ? , la DASEN s’est bornée à répéter inlassablement les mêmes éléments de langages ministériels. Comme pour les autres délégations des ZEP rurales de Seine-et-Marne, il a été répondu aux collègues de C. COROT : ?nous entendons vos arguments mais il s’agit d’une décision ministérielle qui ne nous appartient pas ; nous maintiendrons les moyens et les dispositifs indemnitaires des établissements sortants pendant trois ans ??.
Les paroles n’engagent que ceux qui y croient, seuls les actes comptent, pourrait-on objecter. La perte du label ZEP ? d’un établissement qui en bénéficiait historiquement depuis 1982, sans que la situation sociale et économique de son secteur ne se soit améliorée - est en l ?occurrence un très mauvais présage.
La mobilisation ne faiblit pas.
Jeudi 4/12, la grève était reconduite à 80 % dans l’établissement. Les enseignants en lutte ont fait le point en AG le matin pour statuer sur la poursuite du mouvement. La perspective du rassemblement de samedi 6/12 était dans tous les esprits. Une délégation s’est rendue au Lycée Gaston Bachelard, pour appeler les professeurs de cet établissement, également touchés par la perte du dispositif APV, à un rassemblement unitaire école-collège-lycée devant la mairie de Chelles. Dans le même temps, les collègues ont relayé l’appel du SNES-FSU Paris-Versailles-Créteil à la grève et au rassemblement à partir de 11 heures au métro Sèvre-Babylone, mardi 9/12 prochain. Une vingtaine de collègues du lycée ont pris le temps d’un dialogue avec les enseignants du collège pour échanger sur les perspectives à venir.
Un succès et des soutiens locaux nombreux
Le rassemblement de Samedi (6/12) a été un succès. Aux parents d’élèves présents, se sont joints les enseignants des écoles du secteurs, les élus départementaux socialistes - bien en peine de justifier l’action de leur majorité au pouvoir ? et du Front de Gauche, mais également des enseignants du collège de Jean Jaurès de Brou-sur-Chantereine et du Lycée Bachelard. Du côté des organisations syndicales, seule la FSU - et ses syndicats, le SNUIPP-FSU et le SNES-FSU - étaient présents pour soutenir le mouvement.
Environ 300 participants étaient réunis dans une atmosphère festive. Une salle de classe avait été recréée en plein air pour l’occasion, avec au programme des cours d’histoire de la ZEP de Chelles et des problèmes de mathématiques, pour apprendre aux élèves à calculer la perte de moyens. Le chahut général n’est pas venu au bout de la bonne humeur des participants. Pendant ce temps, plusieurs enseignants étaient reçus en audience à la mairie.
Dans la foule, d’anciens élèves de la ZEP passés par Science-Po, sont venus témoigner de l’importance qu’avait eu pour leur parcours scolaire, l’action de leurs enseignants et la permanence des moyens ZEP. Un constat que ne semblent pas partager l’Inspection académique et le cabinet de Madame la ministre.