ECLAIR qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ?
Janvier 2010, Luc Chatel et Nicolas Sarkosy sont en difficulté suite à la médiatisation d’une série d’événements violents dans ou aux abords d’établissements scolaires.
Ils décident de la tenue d’états généraux de la sécurité à l’école. En conclusion de ces états généraux, la naissance des CLAIR devenus ECLAIR depuis (École, Collège et Lycée pour l’Ambition l’Innovation et la Réussite) est annoncée. Combien d’établissements concernés ? En 2010, 104 dont 14 dans l’académie. L’expérimentation est élargie à 400 à la rentrée prochaine sans évaluation sérieuse.
Des moyens en plus ?
La circulaire de juillet 2010 est sans ambiguïté. CLAIR n’apportera aucun moyen supplémentaire aux établissements concernés. Ainsi les collèges Descartes à Tremblay (93) et Les Maillettes à Moissy Cramayel, tous les deux classés CLAIR en 2010 voient leur DHG diminuer fortement pour la rentrée 2011.
Quel modèle ?
La politique de la ville est présentée comme une référence à suivre pour faire évaluer la politique de l’éducation prioritaire. On réduit les zones concernées par cette politique quitte à laisser de côté de nombreux quartiers. Il faut donc comprendre que cela annonce la sortie de l’éducation prioritaire pour une majorité d’établissements.
Les établissements ont-ils eu le choix ? Dans l’académie 12 établissements sur 14 se sont clairement exprimés contre l’entrée dans CLAIR. A Meaux au collège Beaumarchais, le mois dernier, une votation a été organisée et 95% des collègues se sont exprimés contre le dispositif. L’administration refuse de prendre ces refus en compte.
Un chef d’établissement tout puissant ?
Celui-ci a désormais la possibilité de choisir ses personnels (enseignant, adjoint, CPE, assistante sociale...) à l’issue d’un entretien. Ceux-ci seront accueillis avec une lettre de mission qui fixera les objectifs qui leur seront assignés. Les collègues qui ne s’inscriront pas dans le projet seront invités à demander leur mutation !
Entre les postes supprimés, les postes transformés en berceau de stagiaire et les postes spécifiés, le mouvement et donc le droit à la mutation est de fait remis en cause.
Quelle pédagogie ?
C’est l’expérimentation à tout va. Le seul objectif clairement annoncé est le socle commun alors qu’un silence assourdissant entoure la question des programmes. Le seul horizon scolaire pour les élèves explicitement défini est la préparation des examens professionnels. Dés la rentrée prochaine on y installe la bi voire la tri-valence (voir page 4).
Une hiérarchie intermédiaire dans l’établissement ?
Pour chaque niveau au collège et pour la classe de seconde au lycée on installe un préfet des études. Ses missions sont très nombreuses mais Luc Chatel a été franc, il s’agit de mettre en place des « adjoints pédagogiques du chef d’établissement » qui sont destinés à devenir chef d’établissement plus tard dans leur carrière. Tout est dit.
BILAN : les ECLAIR sont le laboratoire de l’école de demain selon Luc Chatel : un management qui casse la collégialité entre les collègues et élargit considérablement les pouvoirs du chef d’établissement, une ségrégation accrue pour les établissements en difficulté. En prenant prétexte de traiter les problèmes de violence, ECLAIR est un coin enfoncé dans l’éducation nationale pour la modifier en profondeur très au delà de la seule éducation prioritaire.
Clément DIRSON