2 décembre 2019

militer

Motion de la Commission Administrative Académique du 2 décembre 2019.

La Commission administrative académique du SNES-FSU Créteil s’est réunie le 2 décembre 2019 et a voté la motion suivante.

La période qui vient de s’écouler a été marquée par des mobilisations sociales de plus en plus fortes. Les défilés de gilets jaunes, après une période moins active, se sont relancés à la mi-novembre. Des actions d’ampleur continuent à se dérouler dans l’industrie et dans certains services publics comme l’hôpital. A ce contexte de grèves s’ajoutent des manifestations importantes le week-end comme celle contre l’islamophobie du 10 novembre ou la manifestation contre les violences faites aux femmes le 23 novembre, qui démontrent que la population est prête à se mobiliser de manière massive et régulière. Dans ce contexte, la grève du 5 décembre apparaît comme une date de convergence qui peut permettre un vaste mouvement interprofessionnel qui s’installerait dans la durée.
Dans l’éducation, les annonces sur la réforme des retraites ont stupéfait la profession. Les outils mis en place par les organisations syndicales, comme le mini-site etmaretraite.fr du SNES, permettent de prendre acte de manière rapide et efficace des conséquences de la réforme. A cela s’ajoute la mise en place désastreuse de la réforme du lycée. Nos collègues prennent progressivement conscience du grand désordre issu de cette réforme : emplois du temps impossibles, E3C organisées n’importe comment ou pour l’instant pas organisées, réduction drastique de l’offre d’enseignement, programmes infaisables dans les temps impartis... Les résultats de l’enquête métier du SNES illustrent cet épuisement des collègues et leur désarroi. Suite au suicide de Christine Renon, des mobilisations importantes ont eu lieu dans l’académie de Créteil, entraînant une libération de la parole : le ministère a depuis reconnu 58 suicides ou tentatives de suicide dans notre profession depuis la rentrée 2019. Dans l’académie de Créteil, la FSU a entamé, dans les cadres des CHSCT, un travail de recensement qui indique que 12 suicides ou tentative de suicides ont eu lieu depuis 2017, sans aucune réaction concrète du Rectorat.

Dans ce contexte, le Président de la République et son gouvernement continuent à souffler sur les braises et à diffuser leurs idées néolibérales. A Rodez, lors d’un débat sur la réforme des retraites, Macron a assumé son objectif qu’un-e enseignant-e en retraite ait à terme une pension autour des 1 200€ par mois. De son côté, Blanquer parcourt les médias en annonçant des mesures dont nous savons qu’il sera incapable de les tenir, comme des mesures salariales qui permettaient aux personnels de maintenir leurs pensions, recyclant une fois de plus son observatoire des rémunérations. Enfin, en usant et en abusant de son discours sur la grève du 5 décembre qui ne serait qu’une mobilisation pour défendre des « avantages », le gouvernement attise la colère des salarié-e-s, qui sont parfaitement conscient-e-s qu’avec la retraite par points, nous serons tou-te-s perdant-e-s.

Pour sauver son mandat et poursuivre ses réformes, le pouvoir continue à user et à abuser des violences policières. Les événements qui se sont déroulés le 16 novembre 2019, Place d’Italie à Paris, sont inédits. Interdisant une manifestation déclarée alors que les manifestant-e-s étaient déjà sur place, la préfecture de police a organisé une répression visant à effrayer l’ensemble de la population et à dissuader d’user du droit de manifester. Cette situation doit absolument être prise en compte par le SNES et la FSU. Tout d’abord, nos organisations doivent dénoncer avec force toutes les violences policières. Ensuite, elles doivent maintenant anticiper ces incidents et prévoir un service d’ordre suffisant pour permettre à nos collègues de défiler librement et en sécurité. Enfin, vu les craintes de nombreux/euses grévistes, le seul décompte du nombre de manifestant-e-s comme signe du succès de la journée du 5 décembre peut se révéler trompeur. Le SNES-FSU doit insister sur le décompte des grévistes et mener campagne en ce sens auprès des S1 pour que nous puissions avoir le maximum de remontées possibles venant du terrain.

Plan 93
L’annonce des 23 mesures pour les services publics en Seine-Saint-Denis témoignent du mépris accordé aux revendications des personnels. En effet, l’annonce d’une prime de 10 000 € à l’horizon 2025 pour stabiliser on ne sait trop quels personnels cache une triste réalité : rien ne sera fait pour améliorer les conditions de travail des élèves et des personnels sur le territoire. A contrario, le service public d’éducation sera délégué à des officines privées comme Le Choix de l’école, installant la logique de contractualisation massive engagée par la loi Fonction publique votée pendant l’été. S’ajoute à cela la réduction annoncée du périmètre de l’éducation prioritaire aux seuls établissements REP+ et donc la délabellisation des REP, qui signifierait la fin de toute garantie d’une allocation de moyens en personnels éducatifs et de santé supplémentaires mais aussi la perte de la prime de 150 € par mois et des bonifications dans le cadre du mouvement pour les collègues.

Loi FP, attaques contre le paritarisme.
Suite à la promulgation de la loi de transformation de la fonction publique, les commissions paritaires sont dessaisies de leurs compétences concernant la mobilité, notamment des mutations à partir du 1er janvier 2020. Nous connaissons donc notre première phase de mutations interacadémiques sans la tenue de groupe de travail et de FPMN. Dans l’académie de Créteil, ce mouvement concerne plusieurs milliers de collègues que nous accompagnons tous les jours individuellement, notamment en ce qui concerne le calcul de leur barème, afin qu’ils puissent réagir en cas d’erreur de l’administration.
Le SNES FSU doit réfléchir à la question des moyens alloués aux commissaires paritaires pour effectuer ce travail conséquent, notamment dans les académies où le mouvement concerne un nombre important de collègues, souvent jeunes et plus encore lorsque s’amorcera la phase d’affichage des barèmes et qu’il faudra accompagner les collègues dans leurs contestations.

Depuis la rentrée 2019, la ligne tenue par le rectorat de Créteil en ce qui concerne le dialogue social met de nombreux collègues en difficulté : absence de réponses sur les situations individuelles, y compris lorsque les droits des collègues ne sont manifestement pas respectés, refus de communiquer aux organisations syndicales des informations administratives pourtant transmises sans problème dans de nombreuses autres académies (notamment liste des affectations des collègues stagiaires, des TZR, des non-titulaires et du nombre d’AED recrutés en contrat de préprofessionnalisation), délais indignes dans les réponses apportées aux collègues ou encore absence totale de réponse. La situation est préoccupante, les droits des collègues sont bafoués et c’est une nouvelle violence faite aux personnels de l’académie qui ont déjà, par ailleurs à faire face à des conditions d’exercice de plus en plus difficiles. La communication déjà compliqué avec le rectorat est devenue quasi inexistante et ce dernier semble acter la fin du dialogue social.
C’est pourquoi, la question du mandatement et l’utilisation que nous en aurons nous semble centrale. Le SNES FSU doit réfléchir à l’opportunité de proposer ce mandatement au nombre le plus important possible de collègues et de s’en servir comme point d’appui pour faire valoir auprès de l’administration la nécessité de communiquer aux organisations syndicales les informations concernant les collègues qui auront donné leur accord.

Collège
Dans la continuité de la réforme du collège qui, en convoquant davantage d’autonomie, a amorcé la fragmentation du concept de « collège unique », dans les collèges de l’académie, les remontées de terrain font état de la multiplication des expérimentations (abondements de DHG pour « projet spécifique » dans le Val-de-Marne, et, dans les 3 départements, pression des autorités académiques pour mettre en place l’école du socle, cours d’ « éloquence », cours de 45 minutes, « quart d’heure lecture » quotidien, cours le matin, EPS et pratique sportive l’après-midi, formations imposées à la communication non-violente ou à la discipline positive…). La création du label « cité éducative », l’apparition des EPLEI et l’annonce d’un plan internats vont achever d’individualiser le fonctionnement de chaque collège sous prétexte d’adéquation avec leur public. Le SNES-FSU doit informer les collègues et dénoncer toutes les formes d’expérimentations dès lors qu’elles servent de prétexte à l’éclatement du cadre national et à la dérégulation des pratiques.

Dans les collèges de l’académie, la baisse des moyens horaires et humains devient critique : dans le 77, 41 collèges enregistrent des pertes de dotation horaire, alors même que plusieurs centaines d’élèves supplémentaires ont été affecté.e.s. Dans le 93, pour 2 000 élèves en plus, seuls 60 ETP (dont 56 en HSA !) et 10 postes d’AED (simple redéploiement de moyens) ont été alloués par les autorités académiques, au moment même où 2 nouveaux établissements ouvraient à la rentrée. Dans le 94, on note une baisse des postes d’enseignant.e.s (- 2 ETP) et d’AED (- 4 ETP) tandis que la hausse démographique se poursuit (+ 1 400 élèves à la rentrée 2019).

Partout dans l’académie de Créteil, la problématique de l’inclusion des élèves issu.e.s de dispositifs spécifiques (UPE2A / NSA, ULIS, SEGPA) devient sensible alors qu’elle est imposée à marche forcée sans moyens supplémentaires et sans prise en compte des élèves dans le total des effectifs.

Pendant ce temps, le ministère poursuit son opération de communication sur Devoirs faits : dans le 94, les établissements ont enregistré une très nette hausse des enveloppes dévolues à ce programme (en moyenne de 90 HSE à 300 HSE) ; dans le 93, ce sont 82 610 HSE qui ont été distribuées de janvier à décembre 2019, soit l’équivalent de 128 postes d’enseignant.e.s ! Le SNES-FSU doit renforcer sa campagne d’information auprès des collègues en les invitant à ne pas participer à ce programme au coût exorbitant qui ne peut constituer une réponse pédagogique adaptée aux difficultés des élèves et a contribué à siphonner les enveloppes d’accompagnement éducatif dans les établissements, désormais épuisées. Les collègues doivent également rester vigilant.e.s quant aux actions pédagogiques et éducatives menées dans leur collège : contrairement à ce qu’affirment certain.e.s chef.fe.s d’établissement, ces actions ne sauraient être financées par l’enveloppe d’HSE réservée au programme Devoirs faits ! La vigilance s’impose donc quant à la multiplication d’initiatives qui pourraient, en définitive, s’avérer non rémunérées !

Enfin, le SNES-FSU doit informer largement les collègues sur la baisse des fonds sociaux alloués par l’État dans les établissements scolaires ; en effet, le gouvernement a délibérément choisi de diviser par deux ces fonds sociaux qui permettent d’ordinaire de soulager les familles démunies. Le SNES-FSU doit dénoncer vigoureusement cette nouvelle attaque à l’encontre des populations les plus fragiles.

Lycée
Les remontées du terrain indiquent un épuisement des collègues face aux conséquences de la réforme du lycée, mais aussi une prise de conscience des réelles conséquences de cette réforme. La déréglementation du cadre national a permis à toutes les expérimentations d’avoir lieu dans la composition des classes, des spécialités et des emplois du temps. Dans certains lycées, le nombre d’enseignant-e-s par classe atteint les 30 à 50 professeur-e-s. Le groupe-classe est éclaté et les conseils de classe se tiennent avec quelques professeur-e-s seulement. L’individualisation voulue par le ministère est maintenant une réalité concrète que les collègues perçoivent.
De même, la fin du baccalauréat national est maintenant évidente. Le gouvernement cherche à cacher cette réalité dans l’organisation des E3C, qui seraient organisées dans un cadre global. Or, la réalité sur le terrain est tout autre. La seule consigne donnée est la période de passage des épreuves et le fait qu’un-e collègue ne peut corriger un-e de ses élèves. Pour le reste, tout est laissé à la main des chef-fe-s d’établissement : choix des sujets, date des épreuves, liste des correcteurs-trices, organisation du scan des copies. Les collègues préparent leurs élèves à des épreuves qu’elles/ils ne connaissent pas, puisque la banque de sujets n’est pas encore accessible. A chaque lycée une situation différente : alors que dans certains lycées, la direction a déjà fait des annonces sur l’organisation des épreuves et/ou entamé une réflexion avec les équipes à ce sujet, dans d’autres, rien n’est engagé.

Le SNES-FSU a affirmé des mandats clairs dans la période récente : abrogation de la réforme, annulation de la première session d’E3C et épreuves cadrées nationalement en juin. Cependant, la question de la tenue des E3C est maintenant posée. Des établissements nous ont annoncé vouloir boycotter ces épreuves. Les collègues concerné-e-s risquent de de subir de fortes pressions à l’image de celles exercées lors des épreuves du baccalauréat de juin et juillet dernier. Le SNES-FSU doit mettre ce mode d’action en débat au sein de ses instances, préparer du matériel à destination des collègues et d’ores et déjà annoncer qu’il soutiendra et accompagnera tous les lycées qui entreprendraient ce type d’action. Le SNES-FSU appelle les AG d’établissement à mettre d’ores et déjà le boycott en débat.

Entrée dans le métier
Les annonces ministérielles sont tombées concernant la réforme du CAPES et de la formation initiale. Elle est systémique : des concours fortement « professionnalisés » au détriment des disciplines, la contractualisation des étudiant-e-s en M2 avec un objectif de 12 000 contractuel-le-s à tiers-temps par année, la mise en place d’une épreuve sur tablette/ordinateur à l’écrit et d’une épreuve orale sous forme d’ « entretien d’embauche ». Il s’agit de réduire la place des savoirs académiques, de renforcer le management dans le recrutement des enseignant-e-s et d’en faire des exécutant-e-s plutôt que des concepteurs et conceptrices. Cette dégradation supplémentaire de l’entrée dans le métier couplée à une précarisation des futur-e-s enseignant-e-s a pour seul but d’augmenter la part de contractuel-le-s et d’affaiblir le statut de fonctionnaire.
Les candidat-e-s aux concours ne sont pas dupes de cette énième mise à mal de l’entrée dans le métier : la baisse des inscrit-e-s au CAPES 2020, de 7,8% en moyenne (-16,8% en mathématiques, -17,4% en allemand, -9,8% en physique-chimie), est drastique.
Le SNES-FSU, en lien étroit avec le SNESUP-FSU, doit, dès maintenant, faire un travail d’information et de mobilisation auprès des étudiant-e-s pour faire reculer le gouvernement et obtenir un véritable pré-recrutement, rémunéré, sous statut d’élève-fonctionnaire, et le maintien d’un haut niveau universitaire pour les concours.

Psy-EN, orientation
Le silence du ministre à propos du devenir du service public d’orientation de l’Education nationale est assourdissant. Pourtant, la DGESCO travaille activement, à partir des préconisations du rapport Charvet (en particulier le démantèlement du réseau des CIO et la certification en orientation pour les profs et l’habilitation pour les CPE), et le ministère met en avant organismes privés et start-up. Pourtant, avec la région Île-de-France, rien n’avance officiellement mais tout se met en place localement. La marginalisation des PsyEN et l’externalisation sont en marche (forcée) !

Retraité-e-s
Lors de la dernière initiative du groupe des 9, le jeudi 21 novembre, à savoir une réunion des délégué-es des collectifs de retraité-es départementaux de nos neuf organisations, les retraité-e-s du SNES Créteil étaient largement représenté-e-s. Un manifeste a été voté et servira de support à nos multiples actions prévues dans les mois à venir dans les 3 départements. Nous y dénonçons la dégradation du pouvoir d’achat des retraité-e-s depuis de nombreuses années ainsi que l’opposition factice entre les retraité-e-s prétendument « aisé-e-s » (pensions au-dessus de 2000€) et les autres. Nous y demandons :
l’indexation des pensions sur l’évolution des salaires, le maintien des pensions de réversion ;
le rattrapage des années de gel et de sous indexation ;
un plan pour la perte d’autonomie à la hauteur des enjeux en termes de créations d’emploi et qui permette une prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale ;
des services publics de proximité en nombre suffisant et la réduction de la fracture numérique ;
des soins de qualité accessibles à tous, sans dépassement d’honoraires et le maintien et le développement de structures de proximité (hôpitaux, maisons médicales, centres de soins…).
D’autre part la réforme des retraites par points prévue par le gouvernement ne fera qu’accentuer la dégradation du montant des pensions servies, c’est pourquoi nous manifesterons à partir du 5 décembre aux côtés des actif/ves.

Action
La perspective d’une grève reconductible est posée dès le 6 décembre. Dans de nombreux secteurs professionnels, des appels en ce sens ont été lancés ; dans l’Éducation nationale, de très nombreuses AG se réunissent, en débattent et se positionnent en ce sens. En même temps, les militant-es sont bien conscient-e-s que ce gouvernement va sans doute jouer la carte de l’épreuve de force et essayer de faire pourrir le mouvement. Le SNES-FSU doit se mandater au sein de la FSU pour que nous maintenions le cadre intersyndicale existant. La grève du 5 décembre est large et va permettre de nombreuses convergences. Dès le 5 décembre au soir, la FSU doit être force de proposition et doit être avec les collègues, en informant, en multipliant les réunions d’information syndicale et en produisant massivement du matériel, en étant dans les AG qui décideront de reconduire la grève. Elle proposera à l’intersyndicale de nouvelles journées d’action, de grève et de manifestation pour la semaine du 9 décembre, dans le but de soutenir la grève reconductible.

De son côté, le SNES-FSU dépose un préavis de grève courant jusqu’aux vacances de Noël. Il considère que la victoire sera possible par la grève reconductible. Il appelle les collègues à se réunir en assemblée générale et à voter la grève reconductible. Il sera aux côtés des grévistes qui décideront de reconduire la grève.

Vote : 19 Pour 18 Contre 0 Abstention 1 NPPV 0