11 juillet 2024 - Motion adoptée par 30 enseignantes et enseignants du lycée Balzac de Mitry-Mory (77) avec le soutien de leur section syndicale SNES-FSU.
Le 7 juillet, nous avons évité le pire. L’accession du RN au pouvoir, qui semblait inéluctable il y a un mois, a été empêchée par la mobilisation de forces politiques, syndicales, associatives et citoyennes diverses, qui sont parvenues à déjouer le piège tendu par le président Macron. Celui-ci cherchait une nouvelle fois à imposer un duel entre lui et l’extrême-droite, assumant le risque de la propulser au pouvoir. Après avoir contribué à banaliser une partie de ses idées. Et après avoir mené, pendant sept ans, des politiques accentuant les inégalités et les fractures dans notre société. De façon inhabituelle, nous nous sommes impliqué e s dans cette campagne, dans la diversité de nos opinions et de nos engagements, avec le soutien de notre section syndicale SNES-FSU. Nous ne le regrettons pas, et nous avons ressenti un vrai soulagement dimanche soir.
Cependant, la situation politique reste très inquiétante. En l’absence de majorité absolue, la composition et l’orientation du gouvernement sont incertaines. Dans notre circonscription, le RN a été battu au second tour mais a recueilli plus de 24000 voix, tandis que plus de 32000 personnes se sont abstenues de voter. À l’Assemblée nationale, le nombre de députés affiliés à l’extrême-droite passe de 89 à 143. Sa progression électorale s’accompagne d’une diffusion croissante de ses idées dans le débat politique, dans les médias, et dans notre société en général.
Par ailleurs, on se dirige vers une nouvelle rentrée scolaire très difficile en septembre : moyens humains et matériels insuffisants, postes non pourvus et difficultés à recruter, imposition des groupes de niveau au collège, lycée souffrant toujours des réformes Blanquer... Dans notre établissement, nous n’avons reçu aucune réponse du Rectorat à nos demandes depuis l’audience du mardi 30 avril.
Cette situation nous impose de poursuivre et d’amplifier nos mobilisations dans les mois qui viennent.
Mobilisation contre les réformes qui durcissent la compétition scolaire, le tri social des élèves et l’orientation subie. En plus de renforcer les inégalités sociales et de dégrader le climat scolaire, ces politiques nourrissent un ressentiment qui contribue aussi au succès de l’extrême-droite.
Mobilisation pour une autre politique éducative, en rupture avec celle du gouvernement sortant largement désavoué dans les urnes. Il faut arrêter les économies sur le dos des élèves et des personnels, créer tous les postes nécessaires, annuler le « choc des savoirs », revenir sur les réformes Blanquer, mettre fin à Parcoursup et augmenter le nombre de places dans l’enseignement supérieur...
Mobilisation pour une école qui forme des esprits critiques et autonomes, capables de se repérer face au flux incessant d’informations, de mener des débats argumentés et pluralistes, de s’appuyer sur des connaissances et des méthodes scientifiques. C’est une des conditions du débat démocratique (que celui-ci concerne le changement climatique, l’immigration, les droits des femmes...) afin qu’il ne soit pas noyé par les préjugés, les fausses informations et les discours démagogiques.
Mobilisation contre toutes les formes de racisme et de xénophobie, de LBGT-phobies, de sexisme, de validisme, de stigmatisation des plus pauvres... Nous devons nous tenir aux côtés de celles et ceux qui subissent les inégalités, les discriminations, les violences qui en découlent.
Mobilisation pour les services publics partout en refusant d’opposer les banlieues pauvres, les zones rurales, les quartiers populaires des grandes villes ou les espaces périurbains. C’est ensemble que nous devons défendre l’accès à l’éducation, à la santé, aux transports, aux activités sportives et culturelles...
Mobilisation pour renforcer nos syndicats, indispensables pour mettre fin aux reculs sociaux, pour gagner des hausses de salaires et des droits nouveaux, et pour tisser des liens solidaires entre les professions, les secteurs d’activité et les territoires.
Afin de poursuivre ensemble ces objectifs, nous nous réunirons dès la pré-rentrée pour échanger sur la situation et les actions à mener.
Nous appelons l’ensemble des personnels à se tenir prêts : tout reste à faire !