En octobre 2024, à la veille des congés de Toussaint, interrogée sur les enjeux de la rentrée et les réformes à venir, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES FSU, situait l’École « au bord du précipice » et quasiment à « un point de bascule » de son Histoire.
Suppression de près de 4000 postes alors annoncée, dégradation continue des conditions de travail pour nos collègues et pour nos élèves : nous abordions cette nouvelle année scolaire déjà fatigué.e.s et émoussé.e.s des dernières expérimentations pédagogiques en lycée depuis la réforme du bac Blanquer et en collège avec la réforme du choc des savoirs.
Mais où en sommes-nous donc début 2025 ?
Avec son septième ministre sous l’ère Macron et sa quatrième depuis janvier 2024, soit en un an ce qui pose quand même question, le ministère de l’Éducation Nationale a désormais à sa tête, depuis le 23 décembre dernier, Madame Elisabeth Borne, ancienne Première Ministre et ancienne cheffe de file de la politique éducative et pédagogique « Blanquerienne » ! Tout un programme quand, cerise sur le gâteau, notre nouvelle ministre, concède, lors de son investiture rue du Bac, ne pas connaître grand-chose aux dossiers de la Maison !
Madame Borne aura quand même croisé un collègue CPE dès sa prise de fonctions ! Les médias ont en effet largement relayé ce « OK » et cette fin de non-recevoir qu’elle envoya fin décembre, en tournant les talons, alors même que ce collègue CPE de Mayotte lui indiquait que les points de distributions les plus proches étaient, dans le meilleur des cas, à 5 km à pied, 5 km à effectuer le ventre vide et la gorge sèche. Nulle illusion possible quant à la considération de notre ministre pour les personnels ! Si un tel manque de considération (ou bien si une telle marque de mépris) est possible face à des collègues et des gens qui viennent de vivre une véritable catastrophe climatique et ont peut-être tout perdu, alors quelles seront les futures réactions, décisions, et prises de position d’une ministre bien éloignée de la culture et des enjeux de notre grande Maison Éducation Nationale ? !
Il est grand temps que nous tous, collectivement - personnels, usagers de l’École, élèves et familles - nous reprenions prise avec le bord du gouffre pour éviter le piège d’y tomber. En chutant, nous risquerions d’être avalé.e.s par des technocrates carriéristes, déshumanisés et très éloignés de ce qui fait nos quotidiens : les élèves, le savoir et l’apprentissage des valeurs et de la citoyenneté. C’est à ce prix, et collectivement, que nous ne basculerons pas !
Le secteur CPE du SNES-FSU Créteil sera de toutes les luttes pour éviter que nos missions et notre métier ne soient dévoyés par les ambitions délétères et déconnectées de la réalité de terrain de certains.