27 novembre 2025

les personnels

Gestion des AED : une nouvelle circulaire pose le cadre 

Interpellé depuis plus de deux ans par les organisations syndicales sur la mise à jour du cadre de gestion des AED, rendue nécessaire par l’introduction de la cédéisation, le ministère a répondu le 17 septembre 2025 en faisant paraître une nouvelle circulaire au Bulletin Officiel.
Pour l’essentiel, la circulaire reprend l’ensemble des textes déjà existants, mais elle a le mérite de clarifier le cadre et de fournir des modèles de documents utiles au quotidien en annexe.

Avant d’être un outil à l’usage des EPLE, force est de constater que cette circulaire est avant tout un moyen pour l’Éducation Nationale de freiner, voire réduire la montée en charge de sa masse salariale et des frais qui en découlent. En effet en réaffirmant que les candidatures des étudiantes, de préférence boursieres, doivent être privilégiées, le ministère a moins l’intention de favoriser les poursuites d’étude que de veiller à ne pas faire augmenter ses dépenses en matières de gestion des personnels, d’accès aux droits de formation, d’évolution de carrière, de grille salariale... pour les AED qui accèdent au CDI.
Il pourrait alors s’agir de chercher à fermer la porte aux aspirant.es à la cédéisation par l’affirmation suivante :
« Les services académiques assurent un équilibre au sein des effectifs d’AED entre les différents profils et permettent aux étudiants boursiers de continuer à accéder à ces fonctions dans le cadre d’un CDD. »

Il s’agit aussi de chercher à rentabiliser les moyens comme c’est déjà le cas pour les AESH. Ainsi, la circulaire rappelle la possibilité de la mutualisation inter-établissements des AED. On peut bien sûr penser en premier lieu aux temps partiels complétés, ici ou là, par un autre contrat. On pense également aux cités scolaires, qui pourraient utilement profiter de cette mutualisation. Mais il convient tout de même de garder en mémoire l’expérimentation des « brigades de remplacement », et surtout la volonté affirmée par Emmanuel Macron en 2023 de rapprocher les statuts des AED et des AESH.
Cette mutualisation pourrait donc s’envisager comme celle des AESH via les PIAL, et cela paraît d’autant plus plausible que le texte rappelle la possibilité pour l’employeur de proposer une modification substantielle du CDI, qui correspondrait par exemple à une modification de la quotité horaire ou du lieu d’exercice. Bien entendu, l’AED peut refuser cette modification mais l’employeur pourra, dès lors que ce refus est acté, engager une procédure de licenciement.

Les CPE trouveront, de leur côté, plusieurs points d’appui dans cette circulaire pour réaffirmer leurs missions, tant auprès des chefs d’établissement que des AED. Tout d’abord, la procédure de recrutement est maintenant clairement établie :
« Le chef d’établissement prend contact avec les candidats qu’il souhaite recevoir en entretien. L’entretien du candidat est réalisé par une ou plusieurs personnes auprès de laquelle est placé l’emploi. Ainsi, le chef de l’établissement employeur peut associer le conseiller principal d’éducation à la procédure de recrutement. »
Ainsi la mission de recrutement peut être partagée sans être totalement déléguée, voire imposée.

D’autre part, les relations hiérarchiques sont clairement explicitées au paragraphe 2.3 de la circulaire :
« L’article 1 du décret du 6 juin 2003 prévoit que l’AED exerce ses fonctions sous la direction des autorités chargées de l’organisation du service. »
« Lorsque le contrat prévoit que l’AED (CDD/CDI) exerce ses fonctions exclusivement dans un établissement ou une école, le chef de cet établissement ou le directeur d’école est compétent pour organiser le service de l’AED. »
« Dans le second degré : sous l’autorité du chef d’établissement et éventuellement de son adjoint, les conseillers principaux d’éducation exercent leurs responsabilités éducatives dans l’organisation et l’animation de la vie scolaire. »
La chaîne de responsabilités est ainsi claire : les CPE organisent le service des AED, et cette organisation est ensuite proposée au chef d’établissement. Celui-ci, en tant que représentant de l’État, assure le fonctionnement régulier de l’établissement, notamment dans le domaine de la vie scolaire en validant l’organisation qui lui est proposée.

Enfin, les procédures disciplinaires et les procédures de fin de contrats sont très clairement détaillées, assurant une équité de traitement des AED sur tout le territoire.

Attention : Si cette nouvelle circulaire a le mérite d’éclaircir le cadre de gestion des équipes de Vie Scolaire, il conviendra de veiller à ce que la charge de travail des CPE, déjà conséquente, n’en soit pas impactée.
Il apparaît essentiel de faire valoir que la charge supplémentaire de travail qu’implique la gestion des AED ne peut reposer exclusivement sur les CPE, et que les procédures de recrutement doivent faire l’objet d’une discussion étendue en CA. Le CA renouvelant chaque année l’autorisation au chef d’établissement de recruter les AED, il semble utile, à cette occasion, que l’ensemble du processus, tel que la circulaire le conçoit, y soit présenté et précisé.

Autre point de vigilance essentiel : le rôle des CPE dans l’évaluation des AED. Ce texte introduit une mission qui n’apparaît pas dans la circulaire de 2015 : les CPE « organisent le service et contrôlent les activités des personnels chargés des tâches de surveillance. » S’il semble difficile pour les CPE de rejeter entièrement ce principe, il sera pertinent de rappeler qu’en tant que cadre « concepteur de leur activité », c’est aux CPE eux-mêmes de définir les moyens de ce contrôle d’activité. En tout état de cause, cette mission ne saurait empiéter sur le reste de leurs activités, conduire les CPE à devenir des « inspecteurs des travaux finis » et se faire au détriment du suivi éducatif des élèves qui doit rester notre cœur du métier !

Le secteur CPE du SNES-FSU Créteil se tient à votre écoute et à vos côtés pour vous accompagner et faire valoir vos droits.