Gestion discutable de l’argent public par la région : la région Ile-de-France ne cesse de prendre des initiatives malheureuses en matière de dotation numérique pour les lycées.
Depuis l’an dernier, la région installe en effet des ENI (Ecrans Numériques Interactifs) dans les lycées. En revanche, elle ne remplace plus les VPI qui tombent en panne. Encore une fois, la région installe du matériel sans demander l’avis des principaux intéressés, à savoir les enseignants.
Il n’est pas inutile qu’un établissement soit équipé de quelques-uns de ces tableaux, notamment dans des salles de réunion, de conférence etc. Le problème ici vient du fait que la région décide seule des dotations et du nombre de tableaux qu’elle fournit aux lycées.
Pourquoi cet investissement massif en ENI est-il regrettable voire nuisible ?
Tout d’abord, pédagogiquement. Les dotations sont partielles, parcellaires. Les salles équipées sont minoritaires, et les collègues doivent jongler entre de multiples supports numériques d’une heure à l’autre. Ainsi, ils doivent s’approprier un outil sans formation, pour parfois quelques heures de cours seulement. De plus, dans de nombreux lycées, les ENI ont été mis en place à la place des anciens tableaux blancs. Ainsi, les enseignants se retrouvent sans alternative et ne peuvent écrire sans allumer le tableau ou quand celui-ci est en panne. Cela pose de nombreux problèmes pédagogiques (on ne peut plus écrire sans ouvrir l’application).
- Ensuite, cela pose des problèmes écologiques certains. Nous savons déjà que ces dispositifs ont un coût écologique non négligeable pour la fabrication et le transport. Mais là, puisqu’il n’y a plus de tableaux blancs, l’ENI doit être allumé en permanence. Ce sont aussi des appareils qui chauffent énormément. Parallèlement, les établissements font la promotion de labels « établissements écologique » et organisent des fresques du climat. Que pensent les éco-délégués du déploiement de ces tableaux ? Dans un contexte de décroissance énergétique, cet investissement est incompréhensible et nocif.
Le coût financier est également important. Le coût d’un ENI (pose comprise) est estimé entre 8000 et 9000 euros. C’est sans commune mesure avec les VPI. A qui bénéficie cette manne d’argent public ? Unowhy qui fournit déjà les (mauvais) ordinateurs pour les élèves ? L’électricité nécessaire a également un coût, mais il est probable que nous réaliserons des économies de chauffage. Et qu’arrivera-t-il lorsqu’ils tomberont en panne ?
Enfin, il est utile de rappeler que, dans la majorité des lycées, les enseignants ne cessent de changer de salle. Cela est aussi une cause de détérioration des outils numériques (mauvaise utilisation par manque de formation à l’outil, distraction de l’utilisateur qui écrit dessus, perte des stylets…).
De plus, elle a déjà averti qu’elle ne souhaitait plus investir dans les salles informatiques des établissements puisqu’elle équipait les élèves d’un ordinateur personnel (ce qui relève de deux usages et de deux besoins totalement différents). Cette décision de limiter le nombre d’ordinateurs fixes dans les établissements et de ne pas remplacer ceux qui tombent en panne sous prétexte que les élèves ont un ordinateur portable est intolérable ! Cela montre encore une fois la méconnaissance de la Région sur l’utilisation que nous avons de l’informatique : comment travailler sur excel sur un ordinateur 12’’ ? avec des logiciels spécialisés dans les enseignements technologiques ou scientifiques ?
Ainsi, il est donc plus que regrettable que la région Ile-de-France choisisse certains investissements de façon non ciblée au lieu de demander à chaque établissement ce qui lui conviendrait le mieux.. Dépenses inconsidérées d’un côté, économies de bouts de chandelle de l’autre.
Et ne parlons pas des investissements jamais réalisés dans la rénovation du bâti. Les établissements dont les toits fuient préféreraient qu’on les répare. Combien d’établissements ont bénéficié d’ENI flambant neufs sans avoir rien demandé mais ont dû piocher dans leurs fonds de réserve pour réaliser des travaux !
Espérons juste que les ENI ne soient pas installés dans les salles qui fuient…. !
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