La région Île-de-France poursuit sa politique numérique sur les manuels en restreignant de plus en plus la liberté pédagogique des personnels. Une menace réelle pour nos métiers !
Depuis 2019, la région Île-de-France tente d’imposer dans tous les lycées de la région le passage au manuel numérique. Pour convaincre, elle a déployé des programmes d’équipements importants, dotant toutes les élèves de tablettes ou d’ordinateurs, et installant des bornes WI-FI dans les lycées.
Dès le début, le SNES-FSU Créteil a dénoncé cette politique. En effet, ces manuels représentent un coût bien plus important pour les finances publiques puisque la région doit racheter, chaque année, une licence par nouvelle élève, alors que les manuels papier pouvaient être réutilisés pendant plusieurs années avant d’être renouvelés.
De plus, les ordinateurs fournis aux élèves sont trop faibles pour accueillir tous les manuels, ce qui impose une connexion et l’usage d’un nuage, ou l’ajout de disques durs externes qui doivent être financés par les élèves. Enfin, si les élèves sont dotés d’ordinateurs, les salles ne sont pas équipées de 35 prises permettant de recharger les terminaux pendant une journée de cours ! Très vite, une réalité s’est imposée : les manuels numériques ne sont pas utilisés par les collègues, qui préfèrent faire des photocopies pour pouvoir travailler plus facilement avec les élèves.
Aujourd’hui, la région a décidé de restreindre ses dépenses en imposant un manuel unique, le "manuel libre", réalisé par des personnels enseignants de l’État sous supervision des inspections. Ce sont donc les moyens de l’État qui ont été utilisés. Certes, la collectivité territoriale affirme que les établissements pourront toujours choisir leurs manuels, mais elle donnera des dotations numériques insuffisantes et les moyens pour acheter d’autres manuels devront donc être pris sur les dotations de fonctionnement des lycées, ce qui impactera lourdement les autres postes de dépenses !
Conséquence : la liberté de choix des personnels de leurs manuels n’existe plus. Elle n’est pas interdite en soi, mais elle n’est factuellement plus possible, à moins de faire racheter aux élèves leurs manuels...
Le SNES-FSU Créteil s’oppose à cette numérisation des manuels. Les élèves ont besoin de support pour pouvoir travailler chez elles et eux et dans les établissements. Le manuel papier, s’il n’est pas parfait, a l’avantage de ne pas tomber en panne et n’est payé qu’une seule fois. Le numérique est polluant et demande des investissements très importants, à renouveler régulièrement. Il entraîne enfin un contrôle important de la collectivité territoriale sur notre travail. Dans le contexte politique où nous nous trouvons, cette dérive est dangereuse et doit être corrigée.
Le SNES-FSU Créteil exige que la région académique explique le choix de l’État de soutenir ce rétrécissement de la liberté pédagogique. Il demande à la région de permettre à la liberté pédagogique des personnels de s’exercer librement en rétablissant la possibilité de choisir le manuel papier et en laissant les lycées qui feraient le choix du numérique déterminer librement la sélection des manuels.