2 avril 2015

le métier

Réforme du collège : un changement de dernière minute qui multiplie les effets et dérives des proposition précédentes

Le Ministère a sorti de son chapeau à la dernière minute une proposition de décret qui fait exploser en 6 lignes le caractère national de l’enseignement au collège.

Le SNES refuse de discuter sur ces bases et a quitté les discussions. Vous allez comprendre pourquoi.

Ces 6 lignes, les voici :

« L ?établissement peut moduler la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline, dans le respect :

  • du volume horaire global dû à chaque discipline d ?enseignement obligatoire pour la durée du cycle ;
  • du volume horaire global annuel des enseignements obligatoires dû à chaque élève. ».

Ce texte remet clairement en cause le fonctionnement du collège : les établissements pourraient modifier pour des classes ou pour tout l ?établissement les horaires de n ?importe quelle discipline à chaque niveau (diminuer les horaires de maths, par exemple, en 4e pour augmenter d ?autant l ?horaire de 5e ??) à la seule condition de respecter le volume global d ?une discipline sur l ?ensemble du cycle IV (5è-4è-3è) et le total horaire-élève de chaque niveau. La décision en reviendrait au CA, après avis du conseil pédagogique.

L’autonomie de l’établissement prônée est en fait celle du conseil pédagogique et donc celle du chef d’établissement. Elle conduira à une mise en concurrence des disciplines et des établissements et accroîtra les inégalités sociales et scolaires au nom de « l ?adaptation au public ».

Les conséquences concrètes de cette mesure :

 des parcours différents pour les élèves selon leur classe ou leur établissement

 l’impossibilité de vérifier si les élèves ont eu à la fin du collège les heures auxquelles il ont droit

 des réunions qui se multiplient pour organiser ces parcours

 des programmes à redécouper localement pour chaque classe et chaque niveau selon le parcours des élèves

 la création de filières au collège : si on ajoute du français et des maths en 5e à une classe (ingérable si on y rassemble tous les élèves en difficulté) centrée sur le socle et "libérée" des programmes il faudra retirer des heures en 4è et 3e et l’orientation se réduira au lycée professionnel. Bien sûr les manques créés en 5e enfermeront les élèves dans cette classe.

 des chefs omnipotents qui imposeront leurs vues pédagogiques aux collègues et la création d’une hiérarchie intermédiaire pour les mettre en oeuvre

Ce que ça annonce :
 Un recrutement local (comme cela avait été expérimenté dans les ex ECLAIR).
Le syndicat majoritaire des chefs d’établissements réclame cette augmentation de leur pouvoir local depuis longtemps. La conséquence logique de la mise en place de ces parcours et ce qui sera très vraisemblablement leur revendication suivante, est d’obtenir un droit de regard des chefs sur le recrutement. Ils pourront ainsi recruter des professeurs qui "correspondront" au projet local qu’ils auront initié.

Bien sûr ,cette proposition s’ajoute aux précédentes qui organisent une foire d’empoigne locale ou chacun se bagarrera pour conserver un horaire dans sa discipline et éviter un complément de service, supprime les options, met à mal les langues anciennes et finalement l’ensemble des enseignements disciplinaires.