Le 30 septembre 2011, le CTP de rentrée s’est tenu. L’ensemble des organisations syndicales, à l’exception du SE-UNSA, se sont adressés à l’Inspection d’académie pour contester la vision positive de la rentrée vu par l’administration.
Les représentants SNES-FSU ont particulièrement voulu montrer que la hausse démographique, loin d’être anecdotique, était une réalité sur le 93 et que l’administration allait devoir prendre des mesures et distribuer les 14 classes restant en réserve à l’Inspection académique
"Monsieur l’Inspecteur d’Académie, Mesdames, Messieurs,
Quelle triste rentrée ! L’inspection d’Académie a communiqué sur une rentrée techniquement réussie. En se mobilisant le 8 septembre, en étant massivement en grève le 27 septembre, en participant à de nombreuses actions ponctuelles pour défendre les personnels CUI du département licenciés par le gouvernement, les collègues affirment fortement leur rejet de cette vision idyllique que l’administration essaie de promouvoir.
Cette rentrée est d’abord marquée par le peu de considération du paritarisme par l’inspection d’académie. En effet, que dire d’un CTP dit « de rentrée » qui se déroule le 30 septembre 2011 ? Des arguments techniques ont été avancés pour justifier cette date. Nous n’analysons pas les choses de cette manière. Conscient des difficultés contextuelles de cette rentrée, l ?inspection d ?académie a choisi de laisser passer la période de mise en route des établissements pour rendre de plus en plus difficile d’éventuelles réouvertures de classe pourtant indispensables. Comment peut-on espérer maintenant ouvrir des divisions dans des collèges dont les services sont rodés, alors que les collègues sont en poste avec leurs emplois du temps ? La ficelle est grosse mais semble tenir... Pour combien de temps ?
Pour les personnels, il y a longtemps qu’elle s’est rompue ! Les collègues ont eu, ce mois dernier, de nombreuses surprises. Certes, au début de l’année, dans beaucoup d’établissements, ce fut le soulagement. Les collègues ont vu arriver des effectifs en hausse mais de manière plus modérée que prévue. Et puis, le mois s’est écoulé et doucement, les classes se sont remplies : élèves arrivant d’autres départements, élèves revenant du secteur privé, élèves de CLA ou d’ULIS, élèves n’ayant pu obtenir une place en lycée professionnel... Aujourd’hui, dans de nombreux établissements, comme à Livry-Gargan, à Vaujours, dans l’Est et le Nord-Est du département, les classes sont pleines, alors qu’il reste encore des élèves à affecter.
Les collègues ont découvert aussi la généralisation d’un nouveau système de sectorisation, tout à fait insidieux, jamais publiquement énoncé, créé, nous le pensons, dans le but de maintenir les seuils, pour éviter les flambées sociales, sans avoir besoin de toucher à la réserve du 93. Dans chaque commune, les familles qui s’adressent à leur collège de secteur peuvent se voir balader d’un établissement à l’autre, augmentant parfois très sensiblement leurs temps de parcours. Nous avons pu constater ces processus sur les communes de Montreuil, de Villemomble, du Blanc-Mesnil, d’Epinay-sur-Seine, d’Aulnay-sous-Bois. Comme l’inspection d’académie s’est défaussée du traitement de ces questions sur les principaux, ceux-ci gèrent à vue et assument les relations avec les familles, et souvent leur colère. Nous souhaiterions donc que cette règle soit clairement énoncée et assumée, puisqu’elle s’applique effectivement. Nous vous demandons d’informer les familles, que, si la carte scolaire a officiellement disparu, il n’est par contre plus possible d’avoir avec assurance une place dans son collège de secteur et que ce sont maintenant les communes qui servent de cadre à cette nouvelle sectorisation, tout cela pour éviter absolument et par tous les moyens la création de postes statutaires d’enseignants.
Cette situation se retrouve aussi dans les affectations en lycée, puisqu’on a pu constater, lors du processus d’affectation de ce début d’année, qu’il devenait presque plus difficile pour un élève d’accéder à un établissement du département qu’à un voisin du 92. Vingt-cinq élèves d’ ?pinay ont pu ainsi, sans difficulté, aller en seconde dans le département voisin, rebutés par la complexité des procédures pour aller à Saint-Denis ou à Aubervilliers. Cette mobilité, pas toujours choisie par les familles, marque, d’une autre manière, toutes ces stratégies pour gommer l’impact de la hausse démographique dans le département.
En effet, lorsqu’on écoute nos collègues et qu’on analyse vos documents de rentrée, on ne peut que constater que les déclarations de l’inspection académique de début d’année sont erronées. Alors que vous attendiez 16 817 élèves de 6e, nous en constatons 17 068. Cela signifie que la fameuse hausse démographique, qui se serait évaporée dans le secteur privé ou dans les collèges publics de Paris ou des Hauts-de-Seine, est bel et bien là, et même au-dessus de ce que vous aviez prévu l’année dernière. Ainsi, même s’il existe un phénomène d’évitement qui persiste, il n’est pas aussi massif que vous avez pu le prétendre. Il va donc falloir, dès l’année prochaine, si l’on veut maintenir les conditions de travail des collègues et que l’on espère toujours faire réussir nos élèves, ouvrir des classes de 5e et créer aussi les divisions nécessaires en 6e. On constate aussi une nette augmentation de 140 élèves en 4e par rapport à 2010. Or, l’IA présente un bilan de deux classes de quatrième en moins. 23% des collèges ont au moins une classe au-dessus de leurs seuils, d ?après vos documents ??
Car nous avons de sérieux doutes quant à la date de vos statistiques. En effet, nos remontées ne collent souvent pas avec vos chiffres. Ainsi, permettez-moi d ?égrainer quelques exemples :
?? A Timbaud (Bobigny), les classes de 6e sont à 24 mais vous annoncez 22,5,
?? A Jorissen (Drancy), vous annoncez 22,8 mais les classes de 6e sont à 24,
?? A Jean de Beaumont (Villemomble), les 3e sont à 25 mais vous indiquez 22 tout rond,
?? A Fabien (Montreuil), on nous indique la présence de 690 élèves et non pas de 617,
Nous pourrions aussi vous parler de Descartes (Blanc-Mesnil), de Travail (Bagnolet), de Jaurès (Villepinte), de Pasteur (Villemomble) ?? Donc, nous posons une question simple : de quand datent ces chiffres et quelle est réellement la situation actuelle ?
Dans ces conditions, une autre question taraude l’ensemble des représentants SNES-FSU. Que sont donc devenues les vingt-cinq classes que vous gardiez en réserve pour parer la hausse démographique ? Nous constatons la création de 11 classes en début d’année, ce qui veut dire qu’il en reste encore 14. Alors qu’il reste des moyens, ces classes se sont souvent mises en place au détriment des moyens locaux disponibles sur des dispositifs particuliers (module-relais, projets divers...), donc sans attribuer des dotations complètes, rendant encore l’enseignement en collège plus aride que par le passé.
De même, nos collègues subissent une nette dégradation des conditions d’enseignement dans les ULIS et les CLA. L’inspection académique nous présente un document présentant le nombre d’ULIS ouvert depuis 2005. Ces créations sont positives et sont dans l’esprit de la loi, mais reste à voir les conditions de travail pour les élèves. Dix-sept ULIS sont au-dessus du seuil de 12 élèves. Cinq CLA dépassent le seuil de 20 élèves. Nous demandons donc toujours un plan pluriannuel de créations de CLA et d’ULIS dans un calendrier qui permette la bonne intégration dans les collèges de ces dispositifs.
De plus, pour nos collègues, on peut se retrouver avec une quatrième à 24, avec un élève de CLA et un élève d’ULIS en plus, ce qui occasionne des difficultés professionnelles et une charge de travail bien plus lourde. De plus en plus, nos collègues nous disent leur exaspération. Les enseignants de CLA et d’ULIS refusent une hausse d’effectifs pourtant historiquement limités. Une CLA à plus de 20 élèves n’est pas admissible. Les autres collègues nous indiquent qu’ils refuseront les élèves de ces dispositifs s’ils ne sont pas intégrés dans la limite du seuil d’élève par classe. Nous demandons que les élèves de CLA et d’ULIS bénéficient de la double inscription pour être considérés comme des élèves à part entière.
Nous vous demandons donc de nous indiquer où se trouve la mallette du 93, en espérant qu ?elle n ?a pas été déjà rapportée à Bercy où elle doit financer les niches fiscales et les errements du système bancaire.
Pour masquer cette rentrée catastrophique, nous avons pu constater que l’inspection d’académie s’est livrée à une véritable campagne politique. Nous avons pu découvrir que vous revendiquiez d’avoir fait sanctionner cinq familles en leur ôtant les allocations familiales pour absentéisme, mais que vous en aviez sauvé 1 195 autres. Là-dessus, nous avons des interrogations. Comment avez- vu sélectionné ces cinq familles ? Quels ont été vos critères pour les différencier des cent-quatre-vingt-quinze autres ? Est-ce qu’il s’agit d’élèves ayant quitté le système ou étant retourné au collège ? Quelles ont été vos critères objectifs de niveau d’absentéisme pour justifier cette suspension ? De toute façon, il est bien clair que vous avez sans doute précipité des familles dans une difficulté sociale encore plus grande, tout cela pour agiter une réforme dont on ne peut en plus que constater l’inefficacité. On ne peut que regretter que l’inspection d’académie se lance dans l’application d’une mesure socialement régressive et scolairement inefficace pour masquer, dans les médias locaux, au moment de la rentrée, l’état réel de l’école dans notre département.
Pour affronter l’absentéisme de nos élèves, loin des déclarations que nous avons pu lire dans la presse, c’est de moyens de vie scolaire dont nos établissements ont besoin. Or, cette rentrée est là aussi marquée par la pénurie. De nombreux collèges ont vu ou vont voir des emplois de CUI utilisés en surveillance disparaître. De l’autre côté, nous ne pouvons que constater une stagnation, voire une diminution, d’après les remontées d’établissement, des effectifs titulaires de surveillance et de CPE. Cela signifie donc que très vite, les établissements vous interpelleront pour exiger des moyens supplémentaires. Cela a déjà été le cas le 8 septembre pour plusieurs des collèges et lycées reçus ici, et plus récemment pour le lycée Utrillo de Stains. Comme nous avons appris que les recréations de CUI ne se feront qu’en primaire, nous sommes impatients de savoir comment vous répondrez aux revendications de nos collègues.
D’ailleurs, nous avons de nombreuses interrogations par rapport au document fourni. Quelle est la politique de répartition des moyens de vie scolaire ? Comment expliquer la différence entre un taux d’encadrement de 109 et un taux d’encadrement de 35 ? Tenez-vous compte de la configuration particulière des établissements ?
Nous constatons aussi, malheureusement, le triste état de la médecine scolaire. Il manque 20 ETP en médecine et des postes d’infirmiers. Nous craignons que des phénomènes comme la tuberculose à Clichy-sous-Bois ne soient plus dépistés à temps et que nous ayons régulièrement des problèmes de ce type.
Nous entrons maintenant dans la dernière ligne droite des élections professionnelles. A cette occasion, nos camarades vont se présenter aux grilles des établissements du secondaire pour vérifier que toutes les opérations se passent bien. Pour éviter toute tension inutile, nous souhaitons vivement que ces visites se déroulent sans incident et nous rappelons à l’inspection d’académie comme aux chefs d’établissement que ces visites sont légales et tout à fait normales, et qu’elles ne sont nullement des agressions envers leur autorité. Il ne tient qu’à votre collaboration pour que tout se passe bien et que nos collègues puissent s’exprimer, lors des élections, librement et sereinement.
Pour finir, nous tenons à souligner notre indignation devant le traitement fait aux collègues du lycée Delacroix de Drancy. Ils nous ont informés de la volonté de l’inspection d’académie de leur retirer un jour de grève alors qu’ils se sont arrêtés pour retravailler les emplois du temps désastreux du lycée. Nous exigeons que cette journée, prise pour assurer la qualité du service public d’enseignement que l’administration n’est pas capable d’assumer, ne soit pas considérée comme une journée de grève mais qu’au contraire, les collègues soient félicités pour leur investissement dans le fonctionnement administratif du lycée.
Je vous remercie de votre attention."