30 novembre 2009

actu des établissements

Le SNES 93 appelle à refuser les conventions avec les fondations privées sur le modèle de la fondation Carla Bruni Sarkosy. Ce n’est pas de dames patronnesses que nos élèves ont besoin mais d’une école de la réussite pour tous.

Dans l ?Académie de Créteil se multiplient les conventions signées entre établissements publics d ?éducation et fondations privées.

En octobre 2009, les lycées « d ?excellence » se sont vus proposer dans cette logique une convention avec la « fondation Carla Bruni-Sarkozy ». Créée en avril 2009, cette fondation présente sur son site des objectifs flous et peu construits : « permettre à 500 élèves de ZEP d ?accéder à des métiers d ?art », « proposer un accompagnement culturel et artistique à ceux qui ne l ?ont pas », « coacher les élèves pour leur entrée aux grandes écoles d ?art », grâce à l ?aide de l ?entreprise Lancôme.

Force est de constater qu ?à travers ces annonces médiatiques le travail des enseignants est déconsidéré (n ?apportons nous aucun accompagnement culturel et artistique à nos élèves de quartiers sensibles ?), et que le désengagement de l ?Etat est ainsi acté.

A l ?heure des économies, des suppressions de postes, on veut déléguer au privé la responsabilité de l ?enseignement. C ?est au service public de proposer à tous les élèves volontaires (et non à quelques élèves de quelques lycées d ?excellence) une préparation aux concours des écoles d ?Art. S ?il n ?existe que deux classes préparatoires publiques, il faut en créer d ?autres et refuser d ?entrer dans la logique de la récompense des seuls élèves « méritants », des seuls « élèves volontaires les plus prometteurs » alors que l ?école publique a de moins en moins de moyens pour tous.
C ?est cette réalité d ?une école amputée chaque année de milliers d ?enseignants et de COPSY, amputée de son ambition de lutter contre les inégalités sociales que ces fondations dissimulent derrière le rideau de fumée de cette éducation « paillettes » réservée à quelques-uns de nos élèves.
Le risque est très réel de voir les lycées partenaires utilisés à des fins médiatiques. En effet la convention stipule que « les partenaires pourront faire état de leur partenariat dans le cadre de leur communication interne et externe » et que le lycée pourra représenter le logo de la Fondation « sur l ?ensemble de ses supports de communication interne et/ou externe, quelles qu ?en soient la forme et la nature, afin de lui permettre de communiquer sur sa qualité de partenaire de la fondation ». La dimension politique de ces partenariats est d ?autant plus évidente que la « convention prend effet à la date du 1er octobre 2009 » : Elle « sera reconductible deux fois », ce qui nous conduit ?? en 2012 !

Par ailleurs, tous les établissements ne sont pas concernés par ces conventions, et accepter ces dernières, c ?est entrer dans le jeu de la concurrence entre les lycées avec, d ?un côté, ceux qui « clignoteront » dans la vitrine du rectorat de Créteil et, de l ?autre, ceux que leur « discrétion » présentera comme des lieux de relégation dans l ?esprit des familles.

Nous courons le risque également, dans une logique du « payeur/ décideur », de voir apparaître des conditions à la réalisation des projets qui devront répondre aux critères fixés par la Fondation. Notre liberté pédagogique n ?est pas à vendre. Elle est fondamentale pour la réussite de nos élèves car elle les protège de la tentation d ?instrumentaliser l ?éducation des jeunes gens qui nous sont confiés au profit de tel ou tel groupe, entreprise ou parti politique.

Enfin cette convention se révèle opaque : « les termes y compris les conditions financières, de la présente convention demeurent toutefois strictement confidentiels ».Pourquoi cette exception au principe de transparence financière dans le service public ? Pourquoi le secret est-il nécessaire ? Que faut-il cacher ?

En acceptant ces conventions, ce sont donc des fondements cruciaux du système éducatif français que l ?on accepte de remettre en cause.

Exigeons les moyens, comme cela existe pour d ?autres concours, de former les élèves avec des financements publics, refusons le désengagement de l ?Etat et la mise en place d ?un service public d ?éducation à deux vitesses.