18 juin 2020

militer

Motion de la CAA du SNES-FSU Créteil du 18 juin 2020.

Le SNES-FSU Créteil a réuni, en distanciel, sa Commission Administrative Académique le 18 juin 2020. Elle a adopté une motion.

Lors du confinement lié à l’épidémie covid-19, malgré les nombreux discours du gouvernement annonçant la venue d’un « Monde d’après » et la revalorisation des professions indispensables au fonctionnement du pays, les actes sont tout autre. Le gouvernement s’est employé à mettre en place un état d’urgence prétendument sanitaire qui a encore réduit les possibilités de contester son action. Les manifestations ont été interdites durant tout le confinement, et il a fallu un arrêt du Conseil d’État du 13 juin pour qu’elles redeviennent possibles. Les droits sociaux ont été remis en cause, le gouvernement rognant sur les congés, annonçant que les conséquences économiques de la période seraient payées par l’ensemble de la population mais refusant de modifier l’imposition des plus riches, distribuant des milliards à certains secteurs économiques sans revenir d’une quelconque façon sur l’organisation de notre système économique. Les économistes annoncent une forte récession et un million de chômeurs en plus, une augmentation de 18% de la dette publique, mais le pouvoir poursuit la mise en œuvre de son agenda néolibéral.
Un exemple-type de ces manipulations est la réforme des retraites. Alors qu’elle a disparu de l’agenda parlementaire dès le début du confinement, le Président a d’abord fait courir le bruit qu’elle n’y reviendrait pas, pour dire très récemment qu’il ne comptait pas y renoncer entièrement. Cette réforme reste donc un sujet important de préoccupation pour la FSU, qui doit fortement réaffirmer sa demande de retrait, et préparer de nouvelles mobilisations si le pouvoir s’y accroche.

Le confinement a commencé en plein mouvement contre la réforme des retraites. Le pouvoir espérait sans doute que la crainte du virus entraînerait un affaiblissement des luttes, mais il n’en est rien. Le scandale des masques et des tests, les mensonges du gouvernement pour couvrir sa politique criminelle ont alimenté la colère de la population. Le soulèvement notamment de la jeunesse contre les violences policières en plein état d’urgence a montré que la population était de nouveau prête à entrer dans l’action. Un mouvement de révolte s’est levé aux États-Unis et dans le monde entier à la suite de l’assassinat de George Floyd par un policier américain. L’indignation a mobilisé des milliers de personnes et notamment de jeunes racialisé-e-s qui ne supportent plus les violences policières et le racisme qui ont cours chaque jour dans les quartiers populaires. Peu importe les opinions personnelles des agents de police, le système d’oppression et les missions de la police amènent ses agentes à avoir des pratiques discriminatoires à effets racistes. De plus, le fait que la plupart des plaintes pour violences policières soient classées sans suite, que les enquêtes de l’IGPN n’aboutissent pas montre qu’il s’agit d’un problème institutionnel et non d’individu. Rarement l’audience médiatique de ces mobilisations a été aussi importante, il est temps de mener une campagne offensive contre le racisme et la violence policière. Cette violence contre toutes celles et tous ceux qui réclament justice ou portent leurs revendications est une expression de l’autoritarisme du gouvernement. Cette violence doit cesser. Le SNES et la FSU doivent appeler à rejoindre les manifestations initiées par le comité Adama et les autres organisations de victimes de racisme, comme l’a fait la FSU 93 par exemple. Une formation spécifique aux différentes formes de discrimination des corps de police doit être mise en place, ainsi qu’à l’ensemble des fonctionnaires. Les hospitaliers se sont mis en mouvement le 16 juin. La FSU et le SNES-FSU doivent donc considérer qu’il est possible de relancer les luttes, et que le virus ne doit pas nous entraîner à en rabattre sur nos revendications. En particulier, comme nous le faisons depuis 2016, nous devons continuer à dénoncer les violences policières et être présents dans ces mobilisations.

Particulièrement dans l’éducation, l’épidémie a été utilisée par le ministre Blanquer pour déréglementer l’Éducation Nationale. Alors que ce dernier annonçait que les établissements ne fermeraient pas, le Président a pris une décision contraire le 12 mars. Au début du confinement, le pouvoir a communiqué sur la grande efficacité de la continuité pédagogique, alors que les personnels ont dû l’assumer seul.e.s, avec une aide réduite, très souvent en utilisant leurs deniers, dans un contexte général anxiogène. Les cas d’épuisement professionnel sont nombreux, d’autant plus que les consignes données n’ont pas cessé de changer : ordre d’évaluer puis annulation de toutes les notes du confinement, tergiversations sur le déroulement des bacs 2020 et 2021 (en particulier sur l’EAF), annonces contradictoires sur la réouverture à la fin du confinement... Lors de la dernière semaine de mai, les proviseurs des lycées généraux ont reçu l’ordre du rectorat de préparer la rentrée des élèves pour le 2 juin, en quelques jours, et ont été très surpris d’entendre Édouard Philippe décider de laisser les lycées franciliens fermés. A ce désordre au ministère s’est ajouté un refus du Rectorat de donner des consignes claires aux personnels. Cela a permis aux chef-fe-s d’établissement de tenter de rouvrir dès le 11 mai, alors que Créteil restait en zone orange, en mettant sous pression certaines catégories de personnel précaire, comme les AED. La hiérarchie s’est illustrée par sa volonté de mettre au travail les personnels, sans bienveillance et en étant néfaste dans leurs actions : surveillance à distance, pressions et injonctions paradoxales porteuses de risques psycho-sociaux, désorganisation totale des services et des enseignements, non-respect du protocole sanitaire ou du droit à la déconnexion, pression sur les personnel-les précaires...

La campagne de presse de « profbashing » sur les "nombreux profs décrocheurs" est diffamante et insultante. Le SNES doit la combattre fermement, d’autant que le Ministre accrédite ces thèses en ne les démentant pas. Le SNES-FSU mènera campagne avec la FSU sur son projet pour l’école, contre le projet réactionnaire de Blanquer dénoncé y compris par de hauts fonctionnaires, dans la tribune "Nous ne pouvons plus nous taire". On ne peut plus accepter d’avoir pour ministre un homme qui s’acharne à casser le service public et à discréditer le travail de ses personnels.

Dans ce contexte, le SNES-FSU Créteil est parvenu à maintenir un niveau d’activité très élevé. L’ensemble des militant-e-s, dont certain-e-s ont pourtant été directement touché-e-s par la covid-19, sont parvenu-e-s à maintenir une réelle continuité syndicale, par mail, par téléphone, par le site internet, par la diffusion d’une lettre d’information hebdomadaire. Les interpellations du rectorat ont été nombreuses, sur les consignes données aux établissements, sur la communication du rectorat, sur les opérations de carrière et sur le mouvement, sur les conditions d’organisation de la reprise ou sur la consigne qui aurait été donnée par le rectorat de faire revenir en priorité les garçons décrocheurs. Les CHSCT A et D ont joué un rôle particulièrement important : réunis presque chaque semaine, ils ont servi de caisse de résonance aux revendications des collègues et ont accompli un travail très important de saisine. Le SNES-FSU doit mettre ce rôle en avant dans sa communication et faire campagne auprès de la profession pour exiger le retrait des lois fonction publique et travail, et exiger le rétablissement des CHSCT.

Rentrée 2020
Les conditions de la prochaine rentrée sont difficiles à prévoir, mais ce qui est certain, c’est que le gouvernement n’a pour l’instant rien modifié à la dotation budgétaire du second degré. En condition normale, elle était déjà largement insuffisante pour faire face à la hausse démographique qui se poursuit dans l’Académie de Créteil. L’exigence d’un collectif budgétaire doit rester au centre de nos revendications, à la fois pour rattraper le retard pris depuis 2007 et affronter un éventuel retour de la pandémie. Des moyens dignes de nos publics et de nos missions manquent chaque année un peu plus. A la rentrée prochaine, l’application rigoureuse du BO de 2012, repoussée jusqu’à présent dans notre académie pour préserver les conditions d’accueil des élèves allophones, ampute d’un tiers la dotation horaire globale des UPE2A de lycée et dégrade fortement l’accueil de ces élèves à besoins particuliers. C’est humainement et pédagogiquement inadmissible. Dès à présent, il s’agit d’exiger les revendications des personnels : aucune fermeture de classe, ouvertures si besoin.

Le SNES-FSU doit maintenir la ligne qu’il a défendu depuis le début du confinement : l’école est et reste obligatoire pour tou-te-s les élèves. La présence du virus implique que les personnels comme les élèves puissent travailler dans les conditions les plus sûres possibles. Les obligations de service doivent être respectées. Les personnels ont déjà souffert de l’impréparation générale du gouvernement face à cette crise, et ils n’ont pas à continuer à en subir les conséquences. C’est au gouvernement de mettre les moyens en face des besoins particuliers à cette période. Ce n’est pas le protocole sanitaire qui empêche par lui-même d’accueillir tout-es les élèves, ni le fait que quelques enseignantes à risques ne puissent pas reprendre : ce sont les moyens qui manquent ! Les locaux ne sont pas assez spacieux, les personnels (d’enseignement, d’éducation, d’entretien et d’accueil) pas assez nombreux, pour permettre d’accueillir simultanément tou-te-s les élèves, a fortiori dans des groupes de 10 à 15. Dès que la situation sanitaire le permettra, le SNES-FSU revendique un retour à la normale des emplois du temps des élèves et des enseignantes, avec des moyens supplémentaires permettant de prendre les élèves en groupes allégés dans le cadre des enseignements disciplinaires. Quelle que soit la situation sanitaire, le SNES-FSU revendique le recrutement d’AED, ainsi que d’agentes d’entretien et d’accueil supplémentaires, pour assurer la santé et la sécurité des personnels et des usageres dans les établissements, dès la rentrée de septembre.

Le confinement a mis en exergue la question du travail à distance et du numérique. Le SNES-FSU doit rappeler que le distanciel n’est pas de l’enseignement, et que le travail en présentiel est le seul qui soit réellement efficace et qui permette à tou-te-s les élèves de progresser. Les personnels doivent disposer de leur liberté pédagogique, y compris sur l’usage du numérique. Le SNES-FSU demande l’abandon du projet de loi imposant le télétravail. En cas de retour de l’épidémie, le gouvernement doit de façon urgente, prévoir les moyens nécessaires qu’ils soient sanitaires ou budgétaires, pour le retour de tous les élèves en classe sans qu’aucun personnel ne soit mis en danger. Cela nécessite de prévoir dés à présent les tests, les masques, mais aussi les dédoublements de classe au cas où il y aurait à remettre en place la distanciation physique.

Le SNES-FSU travaille actuellement à proposer des allègements de programme pour tenter de rattraper le retard pris depuis mars 2020. Ces propositions doivent être faites pour toutes les disciplines. Dans ce travail, le syndicat n’a pas à se prononcer sur ce qui pourrait être fait en distanciel ou en présentiel, puisque nous défendons le présentiel pour toutes et tous.

Emploi
Dans ce contexte de crise sanitaire liée à l’épidémie de COVID-19, le rectorat de Créteil a maintenu coûte que coûte le calendrier des opérations de gestion concernant le mouvement intra : phase de contestation des barèmes et date de communication des résultats. Nous avons dû intervenir auprès du rectorat à plusieurs reprises pour que soit reportée la date de fermeture de saisie des vœux et que soit prolongée la période de retour des confirmations de demande de mutations. Les commissaires paritaires du SNES-FSU Créteil ont fourni un travail conséquent d’accompagnement et de conseils aux collègues pour la formulation de leurs vœux et des barèmes associés, en répondant ainsi à plus de 3 000 mails et en assurant près de 600 rendez-vous téléphoniques.
L’académie de Créteil a été l’une des premières à communiquer les résultats du mouvement intra, vendredi 12 juin au soir, alors que le nombre de candidat-e-s à mutations était plus important qu’ailleurs. Les résultats sont tombés au compte-goutte, très tard dans la soirée, signe de difficultés et de confusions. Il est à craindre un certain nombre d’erreurs. En effet, la phase de contestation de barème a montré des échanges longs, souvent laborieux entre le rectorat et les collègues concerné-e-s, ainsi qu’entre le rectorat et les commissaires paritaires. De nombreuses erreurs dans les calculs des barèmes ont pu être observées et un certain nombre de barèmes erronés persistent encore. Les GT barèmes permettaient de traiter ces situations efficacement en garantissant la transparence des procédures et un traitement équitable de l’ensemble des candidatures. Sans indication sur le barème, avec seulement les résultats bruts, les collègues feront des recours nombreux et le travail des militant-e-s accompagnant-e-s sera complexe.

Le SNES-FSU doit communiquer aussi largement que possible auprès de la profession sur les opérations de mobilité, notamment sur les erreurs constatées, afin d’encourager les collègues à formuler un recours et à nous mandater, obligeant ainsi les rectorats à nous communiquer des informations les concernant.
En l’absence de ces GT barèmes, la charge de travail des commissaires paritaires est plus importante et difficile. Ainsi, le SNES FSU doit réfléchir à la question des moyens alloués aux commissaires paritaires pour effectuer ce travail conséquent, notamment dans les académies où le mouvement concerne un nombre important de collègues, et d’autant plus lorsqu’il faudra accompagner les collègues dans leurs recours.
Enfin, à nouveau il nous semble essentiel de tenter de mobiliser largement les collègues sur ces questions et que le SNES-FSU engage de manière plus combative la riposte à la loi de la transformation de la Fonction Publique au moment où les collègues en constatent directement les effets et exigent le rétablissement des GT, CAPA, FPMA, CAPN et FPMN.

Collège
Au-delà de cette session exceptionnelle du fait d’un contexte sanitaire inédit, le SNES-FSU continue de porter un projet de DNB dans un strict cadre national, qui tienne compte de chacune des disciplines enseignées au collège. La session 2020 du DNB, en plus de la prise en compte du seul contrôle continu, pose en effet d’autres problèmes, au regard de la note de service du 29 mai dernier sur les modalités d’organisation de l’examen :

il est prévu que le jury du DNB puisse « revaloriser la moyenne du candidat », en s’appuyant sur les résultats des élèves du collège pour les 3 sessions précédentes : une bonne façon de garantir les taux de réussite élevés des collèges les plus favorisés, notamment de l’enseignement privé sous contrat…
le jury pourra également relever les notes d’un.e élève en cas d’appréciation valorisant l’assiduité mais les élèves ayant particulièrement pâti de la période de confinement ne devront pas être pénalisé.e.s.
en français, la note de service préconise d’inventer des notes d’épreuve terminale en fractionnant arbitrairement des moyennes annuelles pour les transformer en notes fictives tout en respectant la proportionnalité entre les différentes parties de l’épreuve.

Quant à la nouvelle étape d’ouverture des établissements scolaires, la contradiction est flagrante entre les annonces d’Emmanuel Macron (« Dès demain, en hexagone comme en outre-mer, les crèches, les écoles les collèges se prépareront à accueillir, à partir du 22 juin, tous les élèves de manière obligatoire et selon les règles de présence normales. ») et le texte réglementaire (Décret 2020-724 du 14 juin 2020) censé en être la traduction, qui préconise l’observation d’une distanciation physique d’au moins un mètre dans les salles de classe et tous les espaces clos, entre l’enseignant-e et les élèves ainsi qu’entre chaque élève lorsqu’ils.elles sont côte à côte ou qu’ils.elles se font face, l’accueil étant toujours assuré par groupes qui ne peuvent pas se mélanger. Au moment où les enseignant.e.s subissent une campagne médiatique de dénigrement sans précédent alimentée par le ministre et son entourage, la réalité des établissements disparaît sous les effets d’annonces et les injonctions contradictoires qui visent à précipiter le retour de tou-te-s les élèves.

Un des enjeux de la période est de pouvoir recréer du collectif. Ce n’est pas seulement les retards d’acquisition des compétences scolaires qui sont à craindre, mais la difficulté des élèves à travailler et à vivre ensemble (qui est un des objectifs principaux du collège unique de secteur). Quels dispositifs sont prévus pour rattraper ce retard là, essentiel.

Par ailleurs, la période a abîmé les collectifs de travail des personnels des établissement, cassant les dynamiques collectives et les solidarités. Il est nécessaire d’accompagner et de favoriser toute les possibilité de travail collectif par des heures banalisées spécifiques ou des pré-rentrées plus longues.

L’État continue d’ignorer les enjeux de la rentrée 2020. En Seine-et-Marne et en Seine-Saint-Denis, bien que les dotations en heures et en postes des collèges aient été revues à la hausse, elles ne permettent pas encore de rattraper le retard accumulé et restent largement insuffisantes par rapport a ? l’augmentation du nombre d’e ?le ?ves : de nouveau, ce seront les publics les plus fragiles qui paieront le plus lourd tribut (e ?le ?ves en situation de handicap, nouvellement arrive ?.e.s en France ou de ?crocheur-euse-s). Dans la droite ligne du démantèlement programmé de l’éducation prioritaire, les seuils qui lui sont spécifiques sont ainsi largement remis en cause (dans de nombreux établissements, certains niveaux seront au-delà de 24 élèves par classe dès le mois de septembre, sans compter l’inclusion des élèves à besoins particuliers). En Seine-Saint-Denis, ou ? est donc passe ? le plan d’urgence, annoncé en fanfare en octobre dernier, cense ? rendre « l’E ?tat plus fort » dans le département ? Dans le Val-de-Marne, malgré, là encore, une hausse attendue du nombre d’élèves, l’État prend prétexte d’une baisse des effectifs en septembre 2019 pour opérer de nombreuses fermetures de classes (notamment en 6e) et suppressions de postes à la rentrée 2020.

Nous ne devons pas rentrer en septembre comme si rien ne s’était passé. Le retard généré par la période de confinement ne sera rattrapé qu’au prix d’un investissement majeur dans l’éducation. Par conséquent, le SNES-FSU doit porter la revendication d’un plan de développement exceptionnel pour le service public d’éducation et d’orientation.

2S2C
J.-M. Blanquer affirmait au Sénat dès le 19 mai que les 2S2C (Sport, Santé, Culture, Civisme) serait « l’avenir de l’École. » Ce dispositif , lié au déconfinement, est un prétexte pour avancer une réforme brutale du système éducatif en opposant les « savoirs fondamentaux » et les « activités d’épanouissement » ( Arts, EPS), et en reléguant ces derniers sous la responsabilité des collectivités et des familles. Le projet prévoit d’« assurer localement l’accueil des élèves sur le temps scolaire par d’autres intervenant-e-s que leur-e-s professeur-e-s et propose d’encadrer une activité physique et sportive » ou toute autre activité en lien avec la santé, la culture ou le civisme par des intervenant-e-s extérieur-e-s !
Dès le 2 juin, des réunions FSU (SNUipp, SNEP , SNUASFP et SNES Créteil) ont eu lieu pour coordonner les actions et communications et pour décrypter le projet de 2S2C auprès des mairies et des familles. Même s’il a pour objectif officiel d’être une réponse au problème d’accueil de tou-te-s les élèves dans les établissements, chacun-e réalise que ce projet sera forcément vecteur d’inégalités importantes par son renvoi au local (cf. TAP, rythmes scolaires), malgré une communication médiatique notable et un financement de 250 millions d’euros pour la « période de déconfinement ». Les DSDEN de Créteil ont commencé à faire pression sur les mairies pour obtenir une signature et des "réponses" des familles... Des villes, comme Saint-Ouen (93), font signer des décharges de responsabilité aux familles qui souhaitent inscrire leur enfant dans le 2S2C. Est-ce encore vraiment l’école ?
Un Communiqué de Presse SNEPSNES – SNUipp94, suite à la visite de Blanquer à Vincennes est paru le jeudi 4 juin, et les syndicats de la FSU Créteil, ont créé une adresse pour centraliser les informations, les motions de CA, les tracts et les initiatives contre le projet de J.-M. Blanquer : contre2s2c.fsu@gmail.com

Le SNES-FSU appelle les mairies à ne pas signer la convention 2S2C car ce dispositif n’est pas nécessaire pour « plus et mieux d’École » que nous souhaitons toutes et tous. Le SNES-FSU appelle l’ensemble des personnels, les parents d’élèves, les élu-e-s, les associations, les clubs à alerter localement sur des projets de signature de convention 2S2C et à dénoncer la stratégie du ministre dans la libéralisation de notre système éducatif. Le SNES-FSU doit exiger l’arrêt du dispositif.

Réforme du lycée
Le ministre Blanquer s’accroche à sa réforme du lycée et continue à la mettre en œuvre. Le SNES-FSU doit rappeler son exigence d’abrogation, le retour à des filières et à des séries, l’annulation des E3C et la remise en place d’un bac national, anonyme et d’épreuves terminales. Le ministère semble exiger que les établissements qui n’ont pas passé les E3C1 les fassent repasser aux terminales l’an prochain, en s’appuyant sur les contenus et les compétences étudiées pendant la première moitié de l’année de première. Cette décision correspond davantage à de la mesquinerie et est inapplicable en l’état. Le SNES-FSU doit exiger la suppression de la première session des E3C et la transformation des notes déjà obtenues en baccalauréat blanc, en préparation des épreuves terminales dont nous exigeons le rétablissement.

La covid-19 pose par ailleurs des questions fortes au pouvoir sur l’organisation de la rentrée 2020. La présence de la maladie impose d’éviter le plus possible les mélanges des élèves entre groupes. Or, la future organisation de la première et de la terminale impose l’explosion des groupes-classes et des croisements nombreux d’élèves. Il n’est donc pas possible de maintenir la réforme des lycées en l’état. Cependant, la création de groupes-classes avec élèves ayant les mêmes spécialités risque de conduire à la suppression de certaines spécialités et à la réduction de l’offre éducative. L’abrogation de la réforme des lycées devient d’autant plus urgente !

Entrée dans le métier
Depuis mars dernier, la titularisation des stagiaires a été marquée par le flou le plus total. Malgré les interventions régulières du SNES-FSU, l’ensemble des stagiaires s’est heurté à une communication désastreuse de la part des services académiques et ministériels durant plusieurs semaines, ce manque d’arbitrages ministériels a notamment laissé la porte ouverte à des informations erronées de la part de certain.e.s chef-fe-s d’établissement et IPR, entretenant la confusion. Une clarification tardive et encore incomplète ne fait que dégrader les conditions d’entrée dans le métier des stagiaires, mais aussi des candidat-e-s aux concours internes et futur-e-s lauréat-e-s des concours de l’enseignement.
Les conditions de titularisation des stagiaires dans leur ensemble – malgré la garantie de la conservation de la titularisation au 1er septembre – sont encore peu précises. Alors que le ministère a indiqué que seuls les cas « problématiques » pour lesquels un licenciement est envisagé seraient inspectés, la nature de ces inspections, parfois menées avec les moyens du bord (entretiens à distance ou téléphoniques), alors même que la majorité des établissements n’a pas pu reprendre les cours de façon normale interroge. Le SNES-FSU affirme la nécessité de la prise en compte des conditions exceptionnelles dans l’évaluation des stagiaires et dénonce un mode d’évaluation et d’inspection qui n’en est pas un, au détriment du travail des stagiaires dans les établissements. La perspective d’un licenciement pour certain-e-s d’entre eux/elles, alors même que l’année a été amputée de plusieurs mois d’enseignement semble être une décision irréfléchie et lourde de conséquences. Le SNES-FSU revendique qu’il n’y ait pas de licenciement à la fin de la première année de stage.
Quant aux candidat-e-s admissibles aux concours internes, un flou similaire a perduré concernant leur situation. Le scénario anxiogène et qui constituait un non-sens, à savoir préparer conjointement oraux et rentrée scolaire, a été écarté suite aux revendications du SNES-FSU et à la mobilisation de ces candidat-e-s. Cependant, l’épreuve orale est annulée mais les jurys désigneront les admis parmi les admissibles à partir des notes des écrits dans la limite des postes ouverts. Dans un contexte de pénurie d’enseignant-e-s et de postes non pourvus, particulièrement dans l’académie de Créteil, le SNES-FSU réaffirme la nécessité de l’admission des admissibles.
Nos futur-e-s collègues stagiaires vont également subir la gestion catastrophique du ministère de plein fouet : l’affectation des lauréat-e-s des concours s’inscrit directement dans le mépris des collègues, des services d’affectation et du paritarisme. La réduction de plus de la moitié des délais, des résultats publiés fin juillet pour une affection le 1er septembre et la disparition pure et simple des révisions d’affectations seront la norme cette année. Les futur-e-s stagiaires subiront non seulement les conséquences de la crise sanitaire mais également la logique inique qui a mené à la suppression du paritarisme : délais restreints (fermeture de SIAL le 13 juillet), refus des pièces tardives, aucune possibilité de recours mais aussi la disparition pure et simple de toute possibilité d’intervention syndicale. En effet, les organisations syndicales ne seront plus destinataires ni de la note de service du ministère, ni de la liste des stagiaires affectés en académie, tandis que les stagiaires affecté-e-s n’auront aucune information sur les barres d’entrée en académie, ni sur leur place parmi les non-entrant-e-s. Le SNES-FSU dénonce cette rétention délibérée des informations et le mépris adressé tant aux lauréat-e-s des concours qu’aux organisations syndicales : dans la droite logique de la disparition du paritarisme, les nouveaux/elles entrant-e-s dans le métier feront les frais d’un système opaque et d’affectations à l’aveugle, sans le moindre recours pour faire valoir leurs droits, ce qui est inacceptable.
Ce mépris de notre intervention syndicale et la dégradation de nos marges de manœuvre pour accompagner les stagiaires impliquent la nécessité pour le SNES de repenser ses outils et de les moderniser pour assurer un suivi renouvelé des stagiaires et maintenir un bon niveau de syndicalisation – alors même que tout semble fait pour paralyser nos missions d’accompagnement, d’information et de défense des droits des collègues.
La mise en place d’une fiche de contact numérique reliée à PHP-AEA pour créer des PRA est un excellent premier pas. La pré-rentrée des stagiaires n’aura peut-être pas lieu, il faut donc aller plus loin en donnant accès aux militant-e-s à un outil permettant de pré-remplir les informations données par un stagiaire au téléphone ou par mail afin qu’un mail lui soit ensuite, automatiquement, envoyé pour qu’il confirme, de façon dématérialisée, son accord au RGPD pour recevoir les infos du SNES et être ajouté-e comme PRA.
D’autres outils pourraient également être développés pour inciter les stagiaires à se syndiquer : simulateur de classement en direction des seul-e-s adhérent-e-s et PRA, outil sur l’espace adhérent-e permettant de contacter son secrétaire de S1 dès connaissance de son résultat d’affectation (ce qui inciterait les stagiaires à se syndiquer de façon anticipée pendant les vacances d’été) par exemple.

Alors que le ministère organise sciemment l’isolement et la fragilisation des stagiaires, il est fondamental pour le SNES-FSU de répondre à la hauteur des attaques et du mépris qui leur sont adressés : nous devons continuer de relever le défi de l’émancipation, tant dans notre formation initiale que dans les apprentissages que nous proposons et dont nous devons rester concepteurs/trices, et non être simplement relégué-e-s à être des exécutant-e-s de « méthodes pédagogiques » promues par le ministère et les corps d’inspection.

Psy-EN, orientation
Pendant le confinement, les PsyEN n’ont cessé de répondre aux interrogations, angoisses, demandes concernant les choix d’orientation à tous les niveaux, les dossiers d’élèves à besoins éducatifs particuliers, la lutte contre le décrochage scolaire, etc. C’est le CIO qui leur a permis de continuer leurs missions même en condition dégradée pendant la crise en s’appuyant sur le collectif de travail. Si le retour dans les CIO s’est fait de façon souple et en fonction des possibilités locales, le recteur n’a toujours pas donné l’accord de rouvrir au public, ce qui laisse tout un public sans interlocuteur direct (EANA, décrochés, ..) et prépare une rentrée sous tension.
Le SNES-FSU s’est mobilisé et a pesé dans toutes les instances pour que les CIO soient concernés par le protocole sanitaire de réouverture. Il faut maintenir nos exigences en termes de service public et conditions de travail pour la prochaine rentrée.
Les menaces sur les CIO restent présentes et leurs détracteurs n’ont pas rangé leur projet de destruction : ministère, cour des comptes proposant un service de santé englobant PsyEN , région. Dès à présent, le SNES-FSU doit se mandater dans toutes les instances pour les combattre. La dernière communication de l’ONISEP sur le décrochage en est un exemple. Subissant également un plan social, il croit pouvoir tirer son épingle du jeu en niant son lien historique avec les PsyEN et les DCIO et en s’adressant uniquement aux profs et CPE, les exhortant à jouer les psychologues. On ne peut que regretter, une nouvelle fois, que le schéma de management soit toujours le même : faire sortir les professionnel-le-s de leur champ de compétence et de qualification, valoriser la polyvalence et réduire l’activité des véritables professionnel-le-s dûment formé-e-s pour exercer ces activités.

Retraité-e-s
Les retraité-e-s du SNES-FSU Créteil ne sont pas resté-e-s inactif-ve-s pendant la période de la crise sanitaire de la Covid-19. Population à risque, du fait de la tranche d’âge concernée, elles/ils ont été très attentif-ve-s à l’évolution de la pandémie et se sont inquiétée-e-s dès le début du mois de mars de la prise en charge des retraité-e-s, notamment des plus âgé-e-s d’entre elles/eux, aidé-e-s à domicile ou confiné-e-s en EHPAD. Des courriers ont été envoyés aux instances (CD, préfets, ARS) dans les 3 départements de l’académie, et ce en partenariat avec les intersyndicales départementales issues du Groupe des 9. Nombre de ces courriers sont restés sans réponses, parfois une réponse succincte est parvenue, seule l’ARS du 94 a organisé depuis avril des réunions virtuelles chaque semaine pour informer les membres des organisations représentatives syndicales.
Le lien avec les syndiqué-e-s du SNES-FSU a été maintenu par des lettres d’information électroniques, une circulaire papier, faisant le point de cette crise, partira fin juin.
Le bilan est lourd. De nombreux-ses personnes âgé-e-s sont décédées, en particulier dans les EHPAD qui ont payé un lourd tribut à la maladie, du fait du manque de matériel protecteur en début de pandémie. Beaucoup d’établissements ont dû se débrouiller seuls et compter sur des dons de municipalités, d’associations, pour être pourvus en matériel. Les conditions de confinement ont aggravé les symptômes de beaucoup des résident-e-s et la facture ne semble pas être réglée à l’heure actuelle : beaucoup ont perdu de leurs capacités par arrêt momentané des soins de kiné ou d’entretien de la mémoire. Et encore aujourd’hui,nous n’avons pas connaissance du nombre de décès à domicile.
Les ravages faits par la Covid-19 en EHPAD a conduit le gouvernement à mettre enfin sur le métier la loi sur le grand âge que nous réclamons depuis des années. Bien sûr, nous suivrons son élaboration avec attention, et demandons que la perte d’autonomie soit prise en charge dans le cadre de la branche maladie, comme étant un aléa de la vie, au même titre que la maternité ou l’invalidité. Nous soutenons également les mobilisations des personnels soignants dans le cadre du « Ségur de la Santé » et avons participé aux rassemblements devant les hôpitaux de nos départements, pour que le gouvernement prenne enfin en compte les revendications exprimées par le personnel depuis de nombreux mois. N’oublions pas que, si la population a dû être confinée, c’est avant tout pour que les services de réanimation ne soient pas saturés et parce que le manque de lit est une conséquence des politiques de santé appliquées depuis de nombreuses années par les gouvernements successifs.
Les retraité-e-s ont tenu à dire dans cette période qu’elles/ils ne sont pas seulement des victimes en puissance de la Covid-19 mais qu’ils sont aussi des citoyen-ne-s à part entière, participant aux tâches d’entraide et de solidarité. Comme le dit Ariane Mnouchkine « Lorsque Emmanuel Macron susurre : « Nous allons protéger nos aînés », j’ai envie de lui crier : je ne vous demande pas de me protéger, je vous demande juste de ne pas m’enlever les moyens de le faire ».
Elles/Ils rappellent toute la pertinence de leurs revendications, exprimées à de multiples reprises au cours de nombreuses manifestations, rassemblements, pétitions, motions…

Action
Le SNES-FSU Créteil a continué à appeler les collègues à se mobiliser contre l’ensemble des politiques menées par le pouvoir en place. Nous avons participé aux différentes actions contre la réforme des retraites. Nos militant-e-s ont été présent-e-s, au côté des collègues des lycées, qui se sont refusé-e-s à faire passer les E3C. Nous étions présent-e-s au sein de la manifestation du 3 mars contre le 49.3 et le 8 mars pour la journée internationale des droits des femmes. Pendant le confinement, nous avons continué à informer nos collègues et à leur proposer d’agir : envoi d’une lettre d’information hebdomadaire, proposition de pétitions. Dès le déconfinement, des préavis de grève ont été déposés pour soutenir les collègues contre les velléités des chef-fe-s d’aller trop vite. Nous avons par ailleurs appelé la profession à manifester le 9 juin contre les violences policières et le 16 juin avec les personnels hospitaliers.

D’ores et déjà, nous devons réaffirmer nos revendications et préparer la rentrée. Dès le 24 juin 2020, il participera à la mobilisation intersyndicale pour porter nos revendications, surtout que le pouvoir continue de vouloir mettre en œuvre des réformes régressives. La FSU doit continuer à exiger l’abrogation sur la réforme des retraites, si le gouvernement remet le projet de loi à l’ordre du jour du Parlement. D’ores et déjà, les conséquences de la crise imposent l’organisation d’une journée de grève interprofessionnelle en septembre.

Le SNES-FSU doit se tenir prêt, car les plans du ministre risquent d’imposer une rentrée catastrophique, aggravée par la crise sanitaire. Un préavis de grève est déposé dès le 31 août. Le SNES-FSU proposera la réunion d’une intersyndicale second degré dans la dernière quinzaine d’août pour préparer des actions, y compris la grève si le gouvernement refuse de mettre, en face des besoins, des moyens suffisants.

Le SNES-FSU appellera les personnels à se mobiliser contre les E3C l’année prochaine, en particulier les E3C1 si elles sont réorganisées, et contre les 2S2C partout où la hiérarchie tente de les imposer à la rentrée.

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