16 juin 2022

militer

Motion de la CAA du 16 juin 2022

La Commission Administrative Académique du SNES-FSU Créteil s’est réunie le jeudi 16 juin 2022 et a voté sa motion d’orientation ci-dessous.

La période écoulée a été marquée par la réélection d’Emmanuel Macron puis par une campagne législative atone, dans laquelle le gouvernement a tenté de tout faire pour éviter un quelconque débat sur ses intentions. Le premier tour des élections législatives ne change pour le moment pas le rapport de force politique : même si Ensemble n’obtenait pas la majorité absolue, il pourrait trouver une majorité pour gouverner, en s’appuyant sur les député•es LR, pour poursuivre son programme de casse de la protection sociale et des services publics. Le SNES et la FSU doivent continuer à appeler à refuser qu’une seule voix n’aille à l’extrême-droite et à faire battre toutes les politiques néolibérales allant contre nos mandats pour le second tour des élections législatives, mais ils ne doivent pas non plus se leurrer. Quelle que soit l’issue du scrutin, les luttes à venir se préparent dès maintenant !

La période a été marquée par des violences policières répétées, que ce soit lors d’interpellations, au Stade de France ou à la Gare de l’Est. La visite de la gendarmerie nationale à une lycéenne du Tarn, qui s’était permise d’interpeller le Président de la république, démontre que le pouvoir souhaite continuer à utiliser les forces de police à des fins politiques. Il en est de même des tentatives du ministre de l’intérieur de camoufler le fiasco du Stade de France, qui a montré que les doctrines du maintien de l’ordre appliquées en France depuis 2016 choquent dans les démocraties voisines. La FSU doit prendre à bras le corps ce combat contre les violences policières. Elle doit participer, dans le cadre le plus large et le plus unitaire possible, aux actions organisées pour les dénoncer. Elle doit exiger la dissolution des unités de police impliquées dans ces violences, comme la BAC et les BRAV-M. Elle doit porter une autre vision du service public de la police, en s’appuyant sur ses syndicats nationaux présents dans ces secteurs.

La question des retraites va rapidement être au cœur des luttes à venir. En cas de victoire de la NUPES, la FSU devra promouvoir son mandat de retraite à 60 ans avec 37,5 annuités, une pension calculée sur les six derniers mois, correspondant au code des pensions civiles et militaires, et la suppression de tout système de décôte. Si c’est Ensemble qui obtient une majorité, il faudra réagir très vite pour défendre l’ensemble du système de retraites par répartition et les droits des personnels. Dès maintenant, la FSU et le SNES doivent s’outiller pour préparer les collègues à se mobiliser. Elle devra s’adresser aux autres organisations syndicales dans cet objectif. Elle doit porter ses mandats auprès du gouvernement. Elle devra les porter avec la même vigueur auprès d’un éventuel gouvernement NUPES, car les 40 annuités risquent de pousser des salarié-es à augmenter leur temps de présence sur leur poste de travail, même si cette réforme serait un progrès notable pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs, par rapport au système actuel.

La nomination de Pap Ndiaye comme ministre de l’Éducation nationale n’a pas trompé nos collègues. Pour l’instant, aucune annonce concrète n’a été faite par le ministre par rapport aux politiques menées par le ministre Blanquer. Le déroulement du baccalauréat, que ce soit au niveau de l’organisation des épreuves, des convocations des collègues ou des conditions de correction, le confirme. Les évaluations ont été modifiées par les IPR après verrouillage des copies par les correcteurs et correctrices, dans le but d’améliorer artificiellement les résultats du bac, démontrant qu’on défend toujours les politiques menées. Le président de la République semble avoir repris la main sur la politique éducative, et il l’a mis en scène lors de sa prise de parole à Marseille sur ce sujet. Cependant, à part une dérégulation des statuts et une autonomie déjà annoncée mainte fois, rien de nouveau : la nomination de J.M. Huart (porte-étendard de Blanquer) au poste de directeur du cabinet et de Julie Benetti (ex-rectrice de Corse et porte étendard de Macron sur les questions d’éducation pendant la campagne présidentielle) montre que le ministère a bien l’intention de continuer les réformes engagées par Blanquer. Il est fort à parier que maintenant le gouvernement s’attaque à la dérégulation du statut et une autonomie accrue des établissements, avec la même méthode que Blanquer : une certaine continuité avec les réformes précédentes (PPCR) et des éléments de rupture (fin concours ? CDI-sation ?). Ces attaques toucheront l’ensemble de la fonction publique et seront sans doute menées par plusieurs ministres, y compris Pap Ndiaye. La seule annonce est le déblocage du point d’indice des fonctionnaires reportée à après les élections. Cet enfumage ne dupe pas les personnels qui restent très inquiets pour l’avenir du système éducatif.

Le SNES-FSU a porté un discours clair dans la période. Il exige une augmentation à 2000€ par mois de salaire de départ et une revalorisation générale de la grille salariale pour les professeur•es. Il exige également que pas un•e AED ou un•e AESH ne soit à moins de 1850 euros. Il demande l’abrogation de la réforme du lycée et du baccalauréat, la suppression de Parcoursup, des concours de recrutement qui permettent de combler les manques de fonctionnaires par le biais de pré-recrutements dès le baccalauréat. Il doit populariser ses mandats auprès de toute la profession avant l’été et préparer d’ores et déjà les mobilisations pour la rentrée.

Collège
La casse organisée du service public d’éducation depuis 5 ans a fortement touché l’organisation des collèges, déjà éreintés par la réforme de 2016. Néanmoins, le premier quinquennat Macron-Blanquer n’a pas été celui d’une réforme structurelle du collège mais plutôt de quelques aménagements à bas bruits. La campagne présidentielle du président candidat a clairement montré que le collège serait l’objet de toutes les transformations dans les 5 ans à venir, sous réserve d’une majorité claire après les élections législatives. Dès le mois de février 2022, une tribune signée par la députée LREM Anne-Christine Lang jetait déjà les bases d’une réforme de grande ampleur : primarisation du collège, unification des corps premier et second degré, augmentation du temps de travail à travers le funeste « pacte », polyvalence … Le candidat Macron y ajoutait plus tard le démantèlement du collège unique avec une orientation vers l’apprentissage dès la 5e : une nouvelle machine de tri social, à l’image de la réforme du lycée, visant l’employabilité plutôt que l’émancipation de tout•es. Il s’agit en fin de compte de décloisonner l’école et de faire la part belle à l’entrisme de toutes sortes d’associations aux intérêts privés, principalement dans les champs d’orientation et des compétences psycho-sociales.
Le SNES-FSU continuera à s’opposer fermement au projet de démantèlement du collège unique et à la casse du statut des personnels d’enseignement et d’éducation.
C’est ainsi que le SNES-FSU organisera courant mars 2023 un colloque sur le collège. D’ici là, des demi-journées de réflexion se tiendront sur les thèmes suivants : école inclusive, organisation des enseignements, aide aux devoirs (dans et hors la classe), DNB/évaluation, culture commune/programme.
Les épreuves du DNB qui jalonnent cette fin d’année ne sont pas sans poser un certain nombre de problèmes. Le choix de la technologie lors des épreuves écrites pose question tant les non-remplacements dans cette matière ont été pléthoriques cette année. Cela provoque une inégalité de traitement entre les élèves. D’autre part, l’oral du DNB reste toujours problématique tant son évaluation est davantage centrée vers la forme que vers le fond. Le SNES-FSU demande par ailleurs que le travail fourni par les enseignant•es lors de l’oral de DNB soit correctement pris en compte d’un point de vue salarial. Pour ne pas submerger les collègues de travail supplémentaire, il est souhaitable que la ou le chef•fe d’établissement banalise une demi-journée pour faire passer cette épreuve. Si l’horaire de service hebdomadaire d’un-e collègue est dépassé à cette occasion, il est juste que la ou le collègue puisse déclarer ces heures travaillées de façon à obtenir des HSE. En tout état de cause, il faut au moins exiger le paiement de l’indemnité de passation d’examen au taux horaire de 4,11 euros (arrêté du 13 avril 2012 paru au Bulletin Officiel du 31 mai 2012). Pour cela, il faut commencer par exiger une convocation écrite nominative tenant lieu d’ordre de mission et précisant les dates, lieu et heures de la mission.
La préparation de la rentrée 2022-2023 se fait dans un contexte extrêmement tendu puisqu’au prix de la suppression de 84 emplois : 18 postes définitifs et 66 postes de stagiaires. Des mobilisations éparses, parfois victorieuses, ont continué à voir le jour dans les collèges de l’académie depuis le mois de janvier pour réclamer des moyens conformes à un service public digne de ce nom : collège Laplace (Créteil) , nuit des établissements le 17 mai 2022 dans le 94, collège Herriot (Maisons-Alfort), collège Rosa Parks (Gentilly), collège Léon Blum (Alfortville) , Collège Tabarly (Les Pavillons-sous-Bois), Collège Anspach (Montreuil), collège Picasso (Montfermeil), collège Henri Sellier (Bondy).
Le SNES-FSU appelle les collègues à se mobiliser dès la rentrée et à faire remonter leurs difficultés via les S1.
Le nouveau management public a poursuivi son offensive tout au long de cette année scolaire. Les résistances se sont organisées en particulier contre l’auto-évaluation des établissements (collège Françoise Giroud à Vincennes, collège Louis Pasteur à Villemomble, collège Georges Politzer à la Courneuve). A présent que les premiers rapports d’auto-évaluation commencent à être diffusés dans les collèges de l’académie, le SNES-FSU va consulter les S1 afin d’effectuer un recensement de ces rapports et d’en dégager les principales lignes directrices afin de mieux appréhender ce processus et ses conséquences. Le SNES-FSU, à travers les instances départementales et académiques, demande que lui soit transmise la liste des établissements auto-évalués pour l’année scolaire 2022-2023. Il met également en garde les collègues contre des projets d’établissement qui deviendraient des chevaux de Troie de l’auto-évaluation.
Enfin, le quotidien des collègues est trop souvent dégradé par l’autoritarisme des personnels de direction : Collèges Paul Eluard (Bonneuil sur Marne), Henri Wallon (Aubervilliers), Joliot-Curie (Stains), Jean Vilar (La Courneuve), Gérard Philipe (Aulnay-sous-Bois), Cotton (Le Blanc-Mesnil), Les Mousseaux (Villepinte), Robert Doisneau (Clichy-sous Bois). Ces pratiques sont intolérables et sont sources de souffrance au travail. Nous sommes saisis trop régulièrement de PPCR à charge, de convocations par le chef d’établissement ou au rectorat pour des motifs fantaisistes, sous couvert d’une devoir de « loyauté » ou d’une « exemplarité renforcée ».
Le SNES-FSU est plus que jamais à l’offensive dans la protection des personnels. Un travail d’articulation entre les secteurs emplois, santé et les différents CHSCT est à intensifier pour aider au mieux les collègues contre ces pratiques brutales. La poursuite de stages « Agir » à l’échelon départemental ou académique paraît également indispensable.

Lycée, réforme du lycée, baccalauréat
En lycée, l’organisation des épreuves de spécialité de Tles sur deux après-midi de mai a montré une fois de plus que les modalités du bac Blanquer étaient plus source de chaos que de simplification. Elle a perturbé le retour des vacances scolaires de printemps et le rythme des apprentissages encore à transmettre à quelques semaines de la fin de l’année.
La suite de l’organisation du bac continue de nous inquiéter. Des convocations multiples, parfois envoyées le soir pour le lendemain matin, la surcharge des corrections, les difficultés créées par Santorin, les convocations erronées sont signalées par de nombreux collègues et illustrent cette année encore les dysfonctionnements du SIEC qui n’apporte aucune réponse à nos demandes de modification.
Les annonces hasardeuses concernant l’enseignement facultatif des mathématiques à la rentrée 2022 ajoute un discrédit supplémentaire à la réforme en cours et illustre l’impréparation du ministère. Comment cet enseignement sera-t-il financé ? quelle place trouvera -t-il dans les emplois du temps ? Quels élèves le choisiront ? Comment sa mise en place peut-elle être satisfaisante alors que les élèves de 2de n’ont pas été consultés et que leurs cours s’achèvent dans quelques jours ? Cette annonce présidentielle contraint les équipes à l’improvisation dans les premiers jours de septembre.
Au cours des mois de mars et d’avril, le SNES-FSU Créteil a relayé et accompagné les nombreuses demandes d’audience des équipes affligées par l’insuffisance des DHG. Alors que les établissements organisent ces jours-ci la rentrée, les demandes d’abondement n’ont pas encore reçu les réponses attendues. La mise en en place des groupes de spécialités, des dédoublements et des options facultatives dont certaines doivent s’inscrire dans la continuité de l’offre de service public sont toujours impossibles.
Enfin, cette période de fin d’année qui voit se succéder les corrections à la chaine, le retour du Grand oral dont le sens pédagogique échappe à l’ensemble de la profession, la perte de sens des contenus de programme et, pour les collègues de lettres, les modalités de l’oral de français de l’EAF révèlent le mal-être de nos collègues. Plusieurs s’adressent à nous et cherchent à remonter auprès des groupes disciplinaires leur écoeurement et leur indignation. Le SNES-FSU continue à revendiquer la suppression du Grand oral.

Sous la pression et avant les élections, le gouvernement et le président ont été contraints de céder le principe d’intégrer des mathématiques dans le tronc commun en série général du lycée. Deux motifs ont été mis en avant :
les mathématiques font partie de la culture commune, tou•tes les élèves doivent poursuivre cette discipline en première et terminale, en particulier s’ils ne choisissent pas cette spécialité en première ;
la forte baisse de la proportion de filles pratiquant les mathématiques après la seconde générale, alors que cette proportion approchait de la parité avant la réforme ;
il s’agit aussi de rétablir une anomalie car les mathématiques sont dans le tronc commun en séries technologiques.
Lors de sa visite dans les écoles de Marseille, le Président de la République tout juste reconduit annonçait un bricolage qui n’est qu’un mirage médiatique : pour la prochaine rentrée les mathématiques seront dans le tronc commun mais en option, 1h30 par semaine , uniquement si la spécialité « mathématiques » n’est pas choisie. Cette annonce du 2 juin est bien trop tardive pour les élèves de seconde, sur le point d’arrêter les cours, qui avaient déjà fait leur choix pour la première. C’est un bricolage pour, en même temps, faire mine de mettre en œuvre une promesse électorale et masquer l’impréparation de cette mesure et le déficit en enseignant-es de mathématiques. Les premières remontées montrent que seul•es quelques rares élèves s’inscrivent dans cette option qui n’est toujours pas officielle. Les détournements Blanquer continuent : fanfaronnade dans les médias et textes officiels bricolés plus tard, après le CSE du 20 juin.
De plus, il paraît incohérent de proposer la même poursuite en mathématiques complémentaires après l’abandon la spécialité de 4 heures en fin de première et après un tronc commun d’une heure et demi. Il est préférable de poursuivre les mathématiques de tronc commun en terminale.
Le SNES-FSU défend une toute autre place des mathématiques dans la culture commune, avec un programme adapté du type « mathématiques appliquées » pour celles et ceux qui ne souhaitent pas se spécialiser, ce qui nécessite une remise à plat de la réforme du lycée et une organisation en séries.

Le ministère a procédé à des changements de dernière minute de ParcourSup, notamment le fait que les candidat•es devront classer leurs vœux entre le 15 et le 18 juillet, sinon ceux-ci seront supprimés. Cela intervient alors que les cours sont finis et que nous ne revoyons plus les élèves en classe. C’est inadmissible et irresponsable de la part du Ministère.
Le SNES-FSU restera vigilant pour que l’ensemble des jeunes aient une affectation dans l’enseignement supérieur, de manière qu’il n’y ait aucun•e "sans-affectation" ou "sans-fac". Le SNES-FSU contactera les organisations de parents d’élèves dans ce sens.

Emploi
L’article 10 de la loi de lutte contre le harcèlement scolaire du 24 février 2022 adoptée le 2 mars permet l’embauche en CDI des personnels AED ayant exercé pendant 6 ans. Les décrets d’application ne sont pas encore parus. Même si le SNES-FSU estime que cette loi ne sortira pas les personnels AED de leur précarité, il ne peut pas faire comme si elle n’avait pas été promulguée. Aujourd’hui, 63 000 AED présent•es dans nos établissements ne sont pas étudiant•es – soit plus des ¾ de nos collègues AED. A leurs yeux c’est une avancée, nous ne pouvons ignorer ce point de vue. Ces personnels font partie de notre champ de syndicalisation. Il est important que le SNES-FSU ait des revendications forte sur l’évolution du statut d’AED et doit prendre position sur la CDIsation.

Non-titulaires
La crise du recrutement impose au Rectorat de Créteil de changer de stratégie par rapport à la rentrée 2021, afin d’assurer la continuité du service public devant les élèves et de pourvoir aux besoins en remplacements dans les établissements.

Prenant en compte les décisions offensives de certaines académies comme Versailles (« job dating »), les services RH ont décidé de « fidéliser » 1 513 non-titulaires avec des contrats à l’année qui seront proposés dès ce mois de juin ; l’an dernier, seuls 1 100 contrats environ avaient été conclus avant la rentrée scolaire. Ces contrats concerneront en priorité les disciplines dites déficitaires. Pour les autres, et malgré les besoins criants recensés sur le terrain tout au long de l’année, iels devront patienter pour une éventuelle proposition de renouvellement, ou en guise de consolation et pour palier des difficultés croissantes de recrutement, accepter sur la base du volontariat un contrat à l’année dans le 1er degré. Ce mépris pour les missions des agent•es et cette précarité instaurée en principe sont inacceptables.
En outre, le Rectorat a annoncé que les grilles indiciaires seront harmonisées entre les trois académies franciliennes. Un GT doit se réunir pour présenter les conditions d’emploi à la rentrée sur la base de ces nouvelles propositions. Le but est d’éviter la concurrence entre les viviers académiques. Plus généralement, le rectorat va resserrer sa collaboration avec Pôle emploi et le réseau national de l’emploi afin d’élargir ses capacités à recruter au fil des besoins recensés dans l’année scolaire.

Après une année catastrophique sur le plan des remplacements et de la gestion des personnels (problèmes de paye notamment), le SNES-FSU revendique le réemploi de toutes les collègues sur des contrats à l’année.

Femmes
Malgré les résultats défavorables – mais tout de même honorables - des votes sur les modifications statutaires proposées par Créteil lors du Congrès de Montpellier et malgré les désaccords qui sont apparus sur les enjeux féministes lors de la commission sur le thème 4, le secteur Femmes du SNES-FSU Créteil ressort de ce congrès plus fort et plus déterminé. Les votes sur nos amendements féministes ont progressé depuis le Congrès de Paris, c’est-à-dire en un an seulement ! Plusieurs académies se sont montrées vivement intéressées par ce que nous proposons, tant comme avancées dans les textes que dans la construction de notre secteur. Les échanges ont permis la prise en compte d’un certain nombre de nos amendements, notamment sur les enjeux liés à l’égalité professionnelle. Les idées féministes progressent et nous nous en réjouissons.

Il nous faudra toutefois aller plus loin, notamment en vue du prochain congrès de La Rochelle. Nous réaffirmons notre volonté de voir inscrite dans nos mandats l’exigence d’une co-responsabilité avec une majorité de femmes aux niveaux départemental, académique et national, dans les secrétariats général et national comme dans les secteurs. Nous demandons à ce qu’un secteur Femmes national soit créé et serons vigilantes sur la mise en application réelle de mesures pour contrer les violences sexistes et sexuelles au sein du syndicat. Nous réclamons également que la non-mixité puisse faire pleinement partie de nos pratiques militantes. Plus largement, nous pensons que pour encourager les femmes à s’engager dans le SNES-FSU, il est important de repenser et de faire évoluer notre manière de militer, notamment en analysant la répartition genrée du temps de parole, en œuvrant si nécessaire pour la rendre plus égalitaire, et en limitant les horaires de réunions.
Cette année, le secteur Femmes n’a pas seulement concentré son travail sur la rédaction des propositions de modifications statutaires. Il a organisé un stage, proposé des formations au sein du SNES-FSU pour lutter contre les VSST, participé à l’élaboration du plan Égalité-pro dans l’académie, accompagné les collègues qui l’ont sollicité sur des sujets variés. Il a également rédigé et diffusé auprès des autres S3 et de l’ensemble des syndiqué•es des textes expliquant ce qui est défendu par les femmes qui composent le secteur : la non-mixité, l’écriture inclusive, la nécessité de nommer précisément les discriminations pour mieux les combattre, la parité voire la proportionnalité dans toutes les instances pour une meilleure représentation des femmes et pour les aider dans leur engagement militant.
Il s’agira, pour l’année scolaire 2022-2023, de poursuivre ce travail, notamment en proposant de nouveaux stages, en participant au développement d’une intersyndicale femmes, en répondant de nouveau présent•es lors d’événements internationaux autour de dates importantes comme les 25 et 28 septembre, pour défendre le droit à l’avortement, le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ou le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. Enfin, il nous faudra sans doute nous engager pleinement dans la lutte et la mobilisation contre une catastrophique réforme des retraites déjà annoncée, qui sera encore plus dommageable pour les femmes.

Psy-EN, orientation
Le programme présidentiel de Macron annonce la mise en place d’une orientation précoce. Le ministère de l’Éducation nationale organise dans le même temps l’extinction des CIO et des postes de PsyEN. La privatisation de l’orientation est en cours avec des interventions dans les collèges et lycées d’organismes et startups sur le champ de l’orientation. Dans l’académie, la précarité s’installe et pèse sur les épaules des équipes de CIO : augmentation des postes vacants de PsyEN et DCIO, désengagement du rectorat pour la prise en charge des loyers et budgets de fonctionnement des CIO, entrisme des collectivités territoriales. Les politiques locales et nationales laissent entendre qu’il s’agit de contribuer à la lutte contre les inégalités scolaires et sociales, mais il n’en est rien. Seuls des moyens conséquents en postes et en budget permettront d’avoir un projet ambitieux et émancipateur pour la jeunesse. La vigilance est de mise sur la question du réseau des CIO. La municipalité d’Aulnay-sous-Bois n’a pas reconduit le bail du CIO d’Aulnay et le rectorat a proposé un relogement provisoire au CIO de Tremblay. Après la mobilisation des équipes et du SNES-FSU, le rectorat s’est engagé à proposer une solution plus adaptée. Dès maintenant, le SNES-FSU se bat pour que tous les postes soient pourvus et pour assurer un service public à la hauteur des besoins, et des conditions de travail décentes dans les CIO et EPLE à la rentrée. Cela passe toujours pour les DCIO du 93 au rétablissement de l’égalité des personnels devant la prime 93. A ce jour, 6 DCIO sur 12 ne sont plus couverts par un•e DCIO.

Entrée dans le métier
Avec la mise en place de la réforme Blanquer de la formation et des concours, le secteur Entrée dans le métier a poursuivi son travail d’information et de syndicalisation de l’ensemble des nouveaux publics d’entrant•es dans le métier : AED-prépro, ECA, stagiaires mi-temps et temps plein et candidat•es au concours. Ce champ de syndicalisation n’a pas été épargné par la baisse globale de primo-syndiqué•es mais un travail constant d’information et d’accompagnement a permis de limiter la casse. Ainsi, l’organisation de stages, le suivi des mutations, une présence régulière sur les lieux de formation, la réalisation d’une enquête sur les conditions d’entrée dans le métier des ECA, l’accompagnement des revendications et la préparation aux jurys de titularisation ont permis à de nombreux•ses entrant•es d’identifier le SNES-FSU comme l’organisation de référence pour défendre leurs droits. Nous continuerons l’accompagnement durant l’été, notamment avec l’aide à la formulation des vœux d’affectation en stage et la mise en relation des syndiqué•es et des S1 après les résultats d’affectation.
Dès la pré-rentrée, le SNES-FSU Créteil devra se donner tous les moyens pour aller à la rencontre des futur•es stagiaires. Cela passe par un dispositif militant important dès fin août lors de l’accueil des stagiaires, afin de nous imposer comme l’organisation de référence pour l’accompagnement des entrant•es dans le métier, mais également par la mobilisation des S1 et S2 pour nous adresser aux 40% de stagiaires temps-plein attendu•es sur les établissements dès septembre. Pour contrer les effets délétères de la réforme de la formation, il est nécessaire que nous développions d’autres voies et outils afin de nous adresser aux différents publics d’entrant•es dès leur arrivée en établissement.
Enfin, une information précise des militant•es et adhérent•es sur ces nouveaux publics doit être envisagée afin que l’organisation prenne collectivement la mesure des problématiques spécifiques attachées à la réforme et prenne en charge ces jeunes collègues.

Retraité•es
L’action résolue des retraité•es a contraint le gouvernement à revaloriser les pensions de 1,1% au 1er janvier 2022. Cette hausse est dérisoire compte-tenu de l’inflation constatée, supérieure à 5% et amplifiée par les conséquences du conflit en Ukraine qui se répercute sur les dépenses contraintes (énergie, alimentation...). Le gouvernement nous annonce une nouvelle revalorisation des pensions de base en août qui devrait être de 4%. Non seulement cela est insuffisant au regard du taux de l’inflation, mais les retraites complémentaires qui représentent une partie non négligeable de la pension de certains de nos collègues polypensionné-es ne seront pas augmentées. C’est pourquoi nous serons vigilant•es sur la politique de revalorisation des pensions dans les mois à venir et que nous demandons le retour de l’indexation des pensions sur le salaire moyen.
Les retraité•es de l’académie de Créteil sont également très impliqué•es dans la défense des services publics et en particulier de l’hôpital. Elles et Ils ont soutenu la mobilisation du secteur de la santé le 7 juin, interpellé les candidats aux élections législatives sur ces sujets, en ont rencontré certain•es et continuent à informer la population des 3 départements de l’académie, très touchés par la désertification médicale. Dans le cadre du Groupe des 9, des réunions publiques ont eu lieu (21 mai en Seine et Marne) pour sensibiliser la population aux attaques récurrentes contre la Sécurité sociale. Ils prennent toute leur place dans les actions des coordinations nationales, de Convergence services publics et « Plus jamais ça ».
Enfin, et dans le cadre du Groupe des 9, ils continueront à demander la création d’un secrétariat aux personnes âgées et la mise en place de mesures enfin efficaces pour la prise en charge de la perte d’autonomie, en demandant une loi sur le Grand Âge sans cesse repoussée depuis près de 10 ans.

Élections professionnelles
Les congrès de la FSU et du SNES, et les différents scrutins politiques, ont retardé le démarrage de la campagne de la FSU et de ses syndicats nationaux. Il importe de réagir maintenant rapidement, car les autres organisations syndicales sont à l’offensive dans nos secteurs de syndicalisation. Cherchant à contourner la place dominante de la FSU, ces syndicats ciblent principalement des publics que nous avons pu avoir tendance à délaisser ces dernières années. C’est par exemple le cas des personnels contractuels, de plus en plus nombreux dans tout le pays et particulièrement à Créteil, qui nous sollicitent pourtant de plus en plus pour défendre leurs droits, mais qui ont tendance, du fait de leur passé dans le secteur privé, à se diriger vers la CGT et Force Ouvrière. C’est le cas des AESH, sur lequel le SNES-FSU est encore en retard sur le SNUipp-FSU et qui connaissent une forte offensive de FO. Enfin, les AED, corps électoral très nombreux mais dont la participation était encore faible en 2018, sont soumis•es à une forte propagande électorale de SUD Éducation qui utilise sa victoire au Conseil d’État sur les primes REP et REP+ pour se présenter comme l’organisation qui se préoccupe réellement d’elles et eux.
Les nouvelles instances et le regroupement des CAP doivent inciter notre syndicat à sortir de son positionnement traditionnel, qui s’appuie sur les votes des agrégé•es et des certifié•es pour asseoir sa position dominante. Il doit construire une campagne qui vise tous les personnels et pas seulement les titulaires. Cette campagne devra se montrer la plus pédagogique possible, mettre en avant quelques mandats forts (par exemple en s’appuyant sur l’appel du congrès national), afficher systématiquement le sigle de la FSU, insister sur les formats des nouvelles instances sans s’appesantir sur leurs rôles, appuyer particulièrement sur l’importance du vote FSU et souligner notre attachement aux CSHCT qui vont disparaître. Elle doit s’articuler aux actions qui seront construites à la rentrée.

Action
Après le succès important de la grève du 13 janvier dernier, les actions éducation comme interprofessionnelles ont eu des résultats très inégaux. Le contexte sanitaire, la crise ukrainienne et les différents scrutins politiques ont entraîné nos collègues dans l’attentisme. Elles et ils se sont cependant intéressé•es aux débats éducatifs et aux propositions des différents candidat•es, tout comme elles et ils ont affiché une réelle satisfaction après la défaite de Jean-Michel Blanquer aux élections législatives. Cependant, cet atonie est un défi pour la FSU et le SNES. En cas de victoire macroniste, il faudra les remobiliser très rapidement pour lutter contre la réforme des retraites, la dérégulation du métier et la baisse continue des moyens. En cas de victoire de la NUPES, il faudra se mettre en mouvement pour abattre les réformes Blanquer et la loi de transformation de la fonction publique, remettre en cause la réforme du collège de 2015 et pousser pour que le nouveau gouvernement se saisisse de nos mandats de premier syndicat du second degré.

Une fois que l’analyse des résultats des législatives aura été menée, le SNES-FSU doit pousser, au sein de la FSU, à l’organisation d’un plan d’action dans l’éducation, dès la rentrée, adapté au nouveau contexte politique et articulé avec la campagne des élections professionnelles. Il devra ensuite œuvrer pour que ce plan soit adopté par une intersyndicale la plus large possible et devra s’adresser aux fédérations de parents d’élèves et aux organisations lycéennes et étudiantes.

Ce plan devra s’articuler autour de quelques revendications claires pour les collègues : hausse des salaires visant à compenser l’inflation et à revaloriser nos professions (2000€ au départ pour un•e professeur•e, 1850€ pour un•e AED ou AESH), création de postes de titulaires, plan de titularisation des non-titulaires, amélioration de nos conditions de travail.

La réforme des retraites risque cependant de prendre une place importante dans nos luttes de la rentrée. En cas de victoire de Renaissance, le Président a semblé vouloir jouer sur le calendrier et repousser quelque peu la mise en œuvre de sa réforme, malgré les velléités dans son camp d’aller vite. En 2019, la FSU était parvenue à susciter une forte dynamique contre la précédente réforme macroniste des retraites. Du matériel doit être produit, donnant des arguments clairs et précis aux militant-es pour commencer à parcourir les établissements et à animer heures d’informations syndicales et assemblées générales dès la rentrée. La FSU et le SNES doivent proposer des diaporamas, des tracts pour les AG, un nouveau simulateur en ligne montrant pour les collègues les conséquences concrètes du report de l’âge légal de départ. Nous devons insister sur la baisse mécanique des pensions et sur la dégradation de la santé des personnels que cela entraînera. La FSU doit construire les actions dans le cadre le plus large et le plus unitaire possible. Très rapidement, la FSU devra s’adresser aux confédérations pour organiser une date de mobilisation sur ce thème durant le premier trimestre de l’année scolaire 2022 - 2023.

Dès maintenant, le SNES-FSU dépose un préavis de grève national en septembre pour couvrir les établissements qui se mobiliseront du fait des conditions catastrophiques de rentrée. Il met en débat une date de grève éducation en septembre.

Le SNES-FSU doit intervenir contre les rectorats qui refusent de respecter les lois sur les alertes pour danger grave et imminent. A Créteil, les DASEN et le recteur se refusent à respecter les procédures prévues par la loi et tentent de contourner les représentant-es du personnel. La question d’une action juridique doit être étudiée pour contraindre les recteurs à se plier à la loi.

Vote : Pour 22 Contre 0 Abstention 0 NPPV 0