La FSU défend la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités et demi de cotisation à taux plein. La retraite à 65 ans , c’est non !
Repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans et donc l’âge d’annulation de la décôte à 70 ans serait un recul historique de plusieurs décennies. C’est inadmissible et nous nous y opposerons !
Retraite et santé
Si les conquêtes sociales ont permis de profiter de quelques années de retraites en bonne santé, un nouveau report de l’âge légal dégraderait encore la situation des plus pauvres mais aussi celle de l’ensemble des salarié es. En effet, aujourd’hui, l’espérance de vie sans incapacité s’établit à 65,8 ans pour les femmes, et 64,4 ans pour les hommes. Partir à 65 ans, c’est donc partir, pour beaucoup de travailleur euses, en mauvaise santé. Plus encore, trop nombreux sont les travailleurs euses qui n’atteignent pas les 65 ans. A l’âge de 62 ans, seulement 75% des 5% les plus pauvres sont encore en vie contre 95% des 5% les plus riches. Plus on est aisé, plus l’espérance de vie est élevée. En France, l’espérance de vie à la naissance des hommes est en moyenne de 84,4 ans pour les 5% les plus riches contre seulement 71,7 ans pour les 5% les plus pauvres, un écart de 13 ans ! Même constat pour les femmes.
Si des travailleurs euses vivent actuellement plus vieux eilles et en bonne santé, c’est parce qu’ils et elles ont travaillé moins longtemps et dans de meilleures conditions. Depuis plusieurs décennies cependant, l’organisation du travail s’est fortement dégradée et l’espérance de vie en bonne santé stagne. Défendre la retraite à 60 ans, c’est aussi se battre pour que les conditions de travail changent et que les travailleurs reconquièrent le sens et la finalité du travail.
La DREES a chiffré les effets d’un relèvement de l’âge de départ de 2 ans (de 62 à 64 ans) sur les dépenses sociales : pensions d’invalidité, minima sociaux (RSA…), indemnités journalières de Sécurité sociale, rente accident du travail... Le total dépasse les 3,9 milliards d’€ par an.
Retraite et chômage
A 60 ans, moins de la moitié des individus sont encore en emploi, que ce soit à temps partiel ou à temps complet.
Un déplacement de l’âge légal du départ à la retraite dans un contexte où le taux d’emploi des plus de 50 ans est plus faible que la moyenne n’aura pour seul effet que d’entraîner un report de charge du système des retraites vers les prestations chômage. Au regard de l’état actuel de l’emploi et des difficultés des nouvelles générations à avoir une carrière complète, stable et homogène, l’augmentation du nombre d’annuités à valider, augmentation concomitante au report de l’âge de départ à la retraite, entraînera une baisse massive du nombre de travailleurs en capacité d’atteindre une retraite complète. La DARES** estime ce coût supplémentaire à 1,3 milliard d’€ par an. Donc le recul de l’âge de départ de 2 ans coûterait au moins 4,9 milliards d’€ par an !
Quelle situation financière du système des retraites ?
Aujourd’hui, le système des retraites n’est pas en difficulté. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) l’écrit en 2021 : « Malgré le contexte de la crise sanitaire et le vieillissement progressif de la population française, les évolutions de la part des dépenses de retraite dans le PIB resteraient sur une trajectoire maîtrisée à l’horizon de la projection, c’est-à-dire 2070. C’était un résultat qui prévalait avant la crise sanitaire que nous traversons depuis début 2020. C’est un résultat qui demeure valable après crise ». Le COR indique donc qu’à régime constant, la situation financière du système des retraites n’est pas amenée à se dégrader. L’extension de l’âge du départ à la retraite n’a donc aucune justification en termes de finances publiques. C’est bien plutôt un choix purement politique comme l’indique ce même conseil. Remarquons que cette situation et ces perspectives financières soutenables d’un point de vue comptable le sont, alors même que le système de retraite manque de ressources en raison de la politique économique menée par le gouvernement sur le dos de la Sécurité sociale.
Des exonérations de cotisations qui pèsent sur le régime des retraites
En 2022, les recettes de la Sécurité sociale s’élèvent à 547,2 milliards d’euros. Le volume des exonérations de cotisations sociales est quant à lui estimé à 72.1 milliards. Ce manque à gagner est partiellement compensé à hauteur de 40 milliards par la TVA, un impôt indirect et non progressif donc particulièrement injuste, et par la Contribution Sociale Généralisée (CSG). Néanmoins, ces exonérations remettent en cause à la fois la forme du financement de la protection sociale en France et entretiennent une fiscalisation croissante de la Sécurité sociale. Seule la cotisation donne des droits comme le rappelle Dominique Libault, président du Haut conseil de financement de la protection sociale.
Égalité homme-femme
Une augmentation généralisée des salaires et un rattrapage des salaires des femmes sur celui des hommes, actuellement plus faible de 20%, permettraient un surcroît de cotisation chiffré à 10 milliards d’€ venant assurer un apport de financement importants pour le système de protection sociale.
Paramétrique et ou systémique ?
Soulignons enfin qu’une réforme dite paramétrique cache systématiquement une réforme structurelle de remise en cause de nos conquis sociaux. Supprimer les régimes spéciaux, c’est aussi s’attaquer au code des pensions civiles et militaires.
Les propositions de la FSU
- Retraite à 60 ans avec 37,5 annuités de cotisations et une pension au moins égale à 75% du dernier traitement, calculée sur l’indice obtenu pendant les 6 derniers mois d’activité
- Suppression de la décote et de la surcote
- Prise en compte des années d’études, des périodes de formation et de chômage
- Indexation des pensions sur le salaire moyen
- Défense du statut et du code des pensions
* La DREES : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (ministères sanitaires et sociaux)
** La DARES : Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (ministère du travail)