Vincent Peillon affirme que la formation des enseignants est une de ses priorités. A la suite des contre-réformes mises en place par L. Chatel, le chantier est d ?ampleur et la crise de recrutement des professeurs aiguë.
En préparation du budget 2013, 43 450 postes sont prévus pour le recrutement, par le biais de deux concours externes.
– Le premier concours, dont l ?admissibilité et l ?admission auront lieu en M2, est censé couvrir la totalité des départs en retraite. La prise de poste pour les admis, en septembre 2013, se ferait comme stagiaire avec une décharge de service de 3h. Ces conditions de formation et de travail, unanimement décriées, seraient donc reconduites ! Stagiaires de la session 2012-13, vous êtes bien placés pour savoir que ce dispositif ne permet pas d ?apprendre son métier sereinement. Le SNES-FSU revendique une année pleine et entière de stage à 1/3 temps devant élèves et 2/3 temps de formation, condition indispensable pour permettre au stagiaire d ?effectuer cet aller-retour entre théorie et pratique dans sa réflexion pédagogique.
– Concernant le second concours, mis en place la même année, les candidats passeraient l ?admissibilité en fin de M1 et l ?admission en fin de M2. En 2013-14, les admissibles seraient recrutés comme contractuels avec 6h de cours par semaine pour un demi traitement. Ce dispositif s ?apparente drôlement à un master en alternance, dont on sait pertinemment qu ?il rend plus difficile l ?obtention du concours, quand les étudiants doivent à la fois préparer des cours (alors qu ?ils ne sont pas formés !), réussir leur M2 et leurs oraux de concours ! Leur statut, contractuel de droit privé, est également très contestable. Ce système perpétuerait la logique à l ??uvre actuellement, celle d ?une entrée dans le métier par la précarité.
– Enfin, le Ministre annonce la création de 18 000 emplois d ?avenir professeurs sur 3 ans, destinés aux étudiants boursiers originaires des zones défavorisées. Recrutés en L2, ceux-ci seraient rémunérés au maximum 900 ?? en cumulant avec la bourse et devraient effectuer 12h de travail dans des établissements scolaires. Comme pour les admissibles du 2e concours, on poursuit dans cette logique de précarisation. Le SNES revendique au contraire la mise en place de véritables pré-recrutements, c ?est-à-dire l ?attribution d ?un réel statut, d ?une rémunération digne, de cotisations pour la retraite et de stages ponctuels. La question du contenu du dispositif et de l ?activité professionnelle de ces contractuels se pose fortement : la « mission d ?accompagnement des élèves » faisant fortement penser aux activités des CPE.
Certes, un nombre important de postes est annoncé. Mais ceux-ci ne servent qu ?à remplacer les départs en retraite des deux années à venir, cela ne signifie donc nullement davantage de profs devant les élèves alors que le nombre de ceux-ci augmente, ni le rattrapage des 80 000 suppressions de postes sous Sarkozy. La formation des maîtres sera réformée, mais sans rupture avec la logique qui prévaut. A nous de nous mobiliser pour obtenir une formation des enseignants de qualité, indispensable à la démocratisation du système éducatif !