11 septembre 2023

les mobilisations

L’instrumentalisation raciste d’un vêtement éclipse la destruction en cours de l’école publique !

L'instrumentalisation raciste d'un vêtement éclipse la destruction (…)

Communiqué du SNES-FSU Créteil du 11 septembre 2023.

Le SNES-FSU Créteil tient à dénoncer la communication du ministre lors de cette rentrée 2023 qui relève d’une opération pour ne pas évoquer les réels problèmes auxquels les personnels doivent faire face. L’espace médiatique a été largement occupé par l’interdiction du port de l’abaya et du qamis dans les établissements scolaires, d’abord annoncée dans les médias puis confirmée dans une note de service publiée le 31 août.

Il nous semble que cette manoeuvre sert à masquer la crise d’attractivité que traversent nos métiers, très accentuée dans l’académie de Créteil, la plus défavorisée de l’hexagone. En effet, notre enquête de rentrée auprès des sections d’établissement démontre qu’il manque des professeures, des CPE, des AED, des AESH, des personnels du pôle santé social dont les PsyEN dans 80 % des collèges et des lycées (dans 60 % des établissement pour les professeures).

Cela permet également au ministère de ne pas trop s’éterniser sur sa reculade au niveau de la réforme du Bac et du lycée et de ne pas déroger, au passage, à son statut de plus grande enseigne de bricolage de France en laissant les collègues et les élèves dans l’incertitude en ce qui concerne les programmes et les attendus de l’examen.

Que dire du « Pacte » que même le ministre n’ose plus qualifier de revalorisation et qui ne fait absolument pas recette ? Dans de nombreux établissements de l’académie de Créteil (toujours selon la même enquête), aucune brique de pacte n’a été distribuée, pour les autres la moyenne est de 2 ou 3 briques : c’est donc ridicule par rapport aux dotations reçues (entre 50 et 100 briques par établissement).

Après 8 381 suppressions de postes dans le second degré en l’espace de 6 ans, nous ne pouvons que constater les dégâts, y compris dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire : les effectifs explosent (les H/E, nombre d’heures par élève, ne cessent de diminuer dans une grande partie des établissements) et cela a pour conséquence une forte dégradation des conditions de travail et d’enseignement.

Enfin, les températures dans les classes se sont envolées (on a relevé jusqu’à 38 degrés dans l’académie) en cette période de canicule qui démontre l’urgence de se saisir de la question du bâti scolaire en Île-de-France et de mener une réelle réflexion environnementale. L’hiver dernier avait révélé les difficultés de chauffage d’un parc de collèges et lycées vieillissant, peu entretenu : l’été enfonce le clou.

Nous dénonçons l’instrumentalisation raciste du port de l’abaya et du qamis. Cette décision nous semble tout d’abord peu applicable du fait de l’appréciation très subjective de la religiosité supposée d’un vêtement. La validation par le Conseil d’État de la notion d’intentionnalité du vêtement pose question à plus d’un titre : c’est la porte ouverte à des prises de position discriminatoires à l’entrée des collèges et des lycées avec un possible renvoi de jeunes filles et garçons chez elles et chez eux. Le dialogue prôné par la loi du 15 mars 2004 laisse ainsi la place à l’assignation arbitraire des élèves à une religion réelle ou supposée quand, dans le même temps, les chantres de cette laïcité dévoyée qui ne cessent d’agiter le spectre d’un ennemi intérieur en train de « tester » la République financent à 73 % l’enseignement privé confessionnel (8 milliards d’euros en 2022) !

Nous nous opposons à la stigmatisation des jeunes filles, plus touchées par cette interdiction, avec un risque d’atteinte à la liberté de chacune de s’habiller comme elle le souhaite. Il y a deux ans, une polémique sur le port des crop tops dans les établissements scolaires pointait du doigt les jeunes femmes qui ne se « couvraient pas assez », cela relève d’une même logique patriarcale de contrôle des corps qui veut imposer une norme vestimentaire aux femmes accusées soit de cacher trop leur formes, soit de trop les montrer.

En cette rentrée, le SNES-FSU Créteil demande donc des moyens conséquents qui permettraient de revenir au taux d’encadrement d’il y a 6 ans, une revalorisation salariale ambitieuse et sans conditions et une amélioration des conditions de travail pour rendre les métiers de l’éducation plus attractifs. Ce n’est pas en excluant des jeunes femmes qu’on luttera contre les extrémismes religieux, mais en donnant à toutes les élèves, quels que soient leur territoire et leur milieu d’origine, une éducation au sein de l’école publique répondant à la réalité des besoins et permettant à toutes et tous une véritable émancipation.