3 février 2009

actu des établissements

Expérimentation en Classe d’accueil : ça ne passe pas

Le 16 janvier 2009, L ?IEN-IO chargé des classes d ?accueil est venu nous présenter une « expérimentation » concernant la classe d ?accueil(CLA) dans certains établissements du district 1 d ?Aubervilliers pour la rentrée 2009.

3 dispositifs existent pour accueillir au collège les élèves nouvellement arrivés en France (ENAF) âgés de 11 à 16 ans.
Premièrement, le dispositif le plus souple et le mieux adapté à l ?hétérogénéité de ces élèves consiste en « la double inscription » : il existe une classe d ?accueil de 20 élèves avec son emploi du temps, ses professeurs qui adaptent leur pédagogie et leur discipline à la situation particulière de ces élèves, et son professeur principal. Mais les élèves sont aussi inscrits en classe ordinaire. Si quelques places sont libres dans chacun des niveaux, il est plus facile d ?intégrer progressivement et au mieux chaque élève suivant son projet, ses capacités et son âge. Ce dispositif existe encore dans certains établissements parisiens.

Le dispositif qui existe actuellement au collège Gabriel Péri est une classe d ?accueil dont les élèves sont intégrés en classe banale mais suivant les places disponibles. 32 heures en tout, avec des enseignements en français, mathématiques, histoire-géographie, anglais, technologie, EPS. Nous disposons actuellement de 6 heures de remédiation pour les ex-ENAF. En effet les ENAF n ?ont droit, sauf exception qu ?à une seule année en CLA, mais peuvent bénéficier de cette remédiation par la suite, une fois qu ?ils ont complètement intégré une classe banale.
En tant que pôle, notre établissement dispose aussi d ?une classe d ?accueil pour les ENAF non ou peu scolarisés antérieurement (NSA). Dans pratiquement tous les cas, les ENAF NSA intègrent l ?année suivante la CLA car il est évident que des ENAF NSA ne peuvent pas en une année suivre en classe ordinaire.

Enfin, l ?établissement peut disposer d ?un volet d ?heures de français langue seconde ou de scolarisation (FLS) pour ces élèves. Le dispositif s ?apparente alors à du soutien. Ce qu ?on nous a présenté ressemble à cette troisième solution. Les ENAF sont inscrits dès leur arrivée dans une classe ordinaire selon leur classe d ?âge, et en sortent à certaines heures pour aller au cours de FLS.
Dans le nouveau dispositif, les élèves pourront avoir jusqu ?à 18 h de français, mais ils n ?auront pas de cours dans les autres matières. L ?emploi du temps de chaque élève devrait être personnalisé, construit par les professeurs et l ?administration pour qu ?il soit adapté aux compétences et aux horaires de chaque élève.
Dans les deux premiers mois, les 20 ENAF pourraient ne fréquenter que le « cours » des 18 heures de FLS et ce qu ?il appelle les matières sans cartable -arts plastiques, musique et EPS.

Ce dispositif viserait à faire profiter les élèves d ?un bain linguistique en allant en classe banale d ?emblée. Nous pensons que ceci les mettra en difficulté scolairement, dans les conditions où cela nous est proposé et pour la plupart des élèves que nous recevons (en particulier les élèves issus de NSA). En effet, aucun enseignement spécifique ne leur sera proposé pour les autres matières. Comment croire que les ENAF acquerront un enseignement sérieux concernant le français des autres disciplines ? Les professeurs de la classe auront-ils vraiment la possibilité de s ?adapter à ces élèves qui seront fréquemment sortis de la classe pour aller en FLS, et de leur permettre de suivre, de réussir ? La seule réponse qui nous a été donnée, a été que nous fassions du soutien dans les matières où les élèves auront des difficultés, sous la forme de PPRE. Mais aucun moyen supplémentaire n ?est allégué pour cela.

Le groupe de FLS serait en outre sans cesse fluctuant. Comment s ?appuyer alors sur une dynamique de groupe-classe ? N ?est-il pas dommage de ne plus faire de projets ? Il est pourtant déjà fort difficile d ?assurer toutes les chances de réussite aux ENAF.
Nous effectuons un travail spécifique sur l ?orientation de ces élèves. Qui s ?occupera du suivi spécifique et de l ?orientation des ENAF et de l ?accueil de leurs familles ?

Ce changement, que l ?on nous a imposé sans nous consulter, nous a été présenté comme une augmentation des moyens et pour une meilleure intégration des ENAF. Ils avaient 26 heures + 6 de remédiation, il ne reste plus que 18 heures !!! Outre les problèmes pédagogiques que nous avons soulevés, le nombre d ?heures qui nous est attribué est très inférieur à celui des années précédentes, et insuffisant pour nous permettre de mettre en place des adaptations dans de bonnes conditions pour les élèves. Et que restera-t-il des 6 heures de remédiation dont nous disposons ?
Cette « expérimentation » s ?inscrit, de toute évidence, dans la démarche d ?économie des moyens que l ?éducation nationale subit actuellement.
Nous nous opposons à un dispositif qui envoie nos élèves à l ?échec scolaire. Nous demandons les moyens suffisants pour travailler dans de bonnes conditions, à savoir 32 heures, spécifiquement pour la classe d ?accueil.