9 février 2009

actu des établissements

Dispositifs expérimentaux pour les classes d ?accueil (CLA) Nouvelles modalités d ?accueil des élèves non francophones

Dispositifs expérimentaux pour les classes d ?accueil (CLA) Nouvelles modalités d ?accueil des élèves non francophones

QUELLE EXPERIMENTATION ? VERS QUELS OBJECTIFS ?
Comment sont mis en place des dispositifs pédagogiques "innovants "
dans l ?Académie de Créteil ou le cas du collège Jean Jaurès de Saint-Ouen

Dispositifs coûteux selon nos autorités, les classes d’accueil font l ?objet depuis quelques années d ?une attention toute particulière. Il est, la procédure est en cours, question de créer des pôles dans certains établissements, ce qui menace des classes dans d ?autres.
Apparemment ces projets n ?ont pas été abandonnés mais l ?Inspection d ?académie a décidé d ?arriver autrement à ses fins. Elle propose aujourd ?hui à quelques collèges de mettre en place des « dispositifs expérimentaux ». Sur quels critères a-t-on sélectionné les établissements qui découvrent dans leur DHG l’intégration de ces dispositifs ? Quels sont les objectifs pédagogiques et les enjeux financiers d’une telle réforme ? Voici quelques pistes de réflexion susceptibles de nous aider à comprendre puisque, pour l’instant, ce n’est pas du côté de nos autorités que se situe la clarté.

Au collège Jean Jaurès, nous bénéficions depuis quelques années d ?une CLA et nous avons appris récemment qu ?il était question de faire évoluer la structure (!). Nous exposerons tout d ?abord, la manière dont fonctionne notre CLA, nous raconterons ensuite la manière dont cette annonce nous a été faite, nous reviendrons sur les textes officiels de cadrage des CLA, puis sur la manière dont la plupart des établissements les ont appliqués. Enfin, nous évoquerons et analyserons les conséquences de la mise en place des nouveaux dispositifs, analyse qui se fonde sur les informations transmises par l ?IA, à savoir, pas un seul document écrit mais des discussions informelles où n ?ont pas été conviés les principaux intéressés.

De la classe d’accueil au dispositif expérimental

Le fonctionnement actuel de la classe d ?accueil et du dispositif de suivi des ex-non francophones au collège Jean Jaurès est le suivant :
  Un groupe classe constitué, bénéficiant de 12 h de français, de cours d ?histoire-géographie, d ?anglais, de mathématiques, d ?EPS, d ?AP, et au terme de nombreuses discussions internes, d ?une heure de physique. 26 heures au total + 6 heures de dispositif ex-NF.
  Les élèves font partie du groupe Accueil et y suivent tous leurs enseignements. Ces enseignements sont adaptés. Les professeurs de l ?équipe ont mené un long travail didactique pour coller à la lettre des instructions officielles et des recommandations pour ce public spécifique. Le dispositif tourne ainsi depuis de nombreuses années.
 ?? Souplesse : lorsque l ?ensemble des professeurs estime que l ?élève est prêt pour intégrer une classe banale, des pourparlers sont engagés avec les professeurs de la classe qui accueillera l ?élève. Des conseils sont prodigués à ces professeurs qui sont ainsi mieux armés pour gérer cette arrivée. Ces décisions se prenaient traditionnellement à l ?issue des conseils de classe.
 ?? Parfois, nous procédions à des expérimentations : intégration provisoire ou progressive dans les classes banales du collège.

C’est ce système en vigueur depuis de nombreuses années dans notre établissement, système qui a connu des ajustements fréquents, qui est remis en question par l’IA.

Il y a quelques jours, Dominique Levet de la MIDAP (MISSION DEPARTEMENTALE D ?ANIMATION PEDAGOGIQUE) et un Inspecteur se présentent au collège et s ?entretiennent avec le professeur principal de la classe d ?accueil et le Chef d ?établissement. Aucun autre membre de l ?équipe pédagogique n ?est convié ni prévenu. Les deux envoyés de l ?Inspection exposent les modalités du dispositif expérimental censé remplacer la classe d ?accueil telle qu ?elle était organisée depuis des années (Cf. supra). Aucun document officiel n ?est déposé ni ne semble disponible.
Sur ce seul entretien, sans la moindre concertation, l ?affaire est entendue. Nous apprenons par diverses sources qu ?un dispositif nouveau sera mis en place l ?année prochaine. Il est inscrit dans notre DHG. Le professeur principal de la CLA propose à l ?autre professeur de français engagé dans le dispositif de partager les 18 heures proposées pour le français (soit 6 de plus qu ?aujourd ?hui). Il l ?informe aussi que les autres enseignements (HG, ang, maths, EPS, AP, phy) ne seront plus proposés aux élèves, soit une perte totale de 8 heures .
Nous apprenons aussi qu ?une dizaine d ?établissements du département sont touchés par cette innovation. Nul n ?est capable de nous renseigner sur les critères de sélection.

Après avoir consulté les textes de référence (cf. encadré 1), nous constatons que c ?est au deuxième dispositif, celui que nous pratiquons que l ?IA s ?attaque. La dotation actuelle pour ces classes est de 26 heures. Cela correspond à une dotation inférieure d ?une demi-heure à celle d ?une classe de 5e. C ?est bien en dessous des ambitions que l ?on devrait se donner pour que ces dispositifs soient efficaces. Pourquoi ne pas s ?aligner sur l ?horaire 6e (29,5 h) par exemple ?
De plus, depuis les textes de cadrage, les établissements ont pris quelques libertés :
  les élèves ne sont pas inscrits systématiquement dans une classe correspondant à leur âge.
  L ?individualisation de l ?emploi du temps par les lourdeurs administratives qu ?elle induit n ?est pas véritablement mise en place.
En revanche, il faut noter que dans ces structures sont intégrés des horaires de mathématiques, LV, histoire-géographie, etc. avec des enseignements adaptés. Les professeurs engagés ont souvent passé la certification spécifique. L ?horaire de français de ces structures est de 12 heures. Après enquête, nous apprenons que toutes les CLA du département ne fonctionnent pas de la même manière et que des réorganisations de l ?emploi du temps sont constatées ici et là.
L ?IA souhaite remettre un peu d ?ordre dans les dispositifs et faire en sorte que les textes soient appliqués à la lettre. Or, dans le même temps, elle tente de réduire le nombre d ?heures dans son incessante logique d ?économies.

Fonctionnement du nouveau dispositif

(Les informations communiquées ci-dessous sont sujettes à caution. Ce sont des informations de seconde main, recueillies auprès de notre direction qui, disons-le tout net, ne semble pas avoir les idées très claires sur le dispositif. Comment le pourrait-elle d ?ailleurs dans la mesure où elle ne peut s ?appuyer sur aucun texte officiel mais uniquement sur les notes prises lors de l ?entretien avec l ?IA ?) :

Voici en quoi consisterait ce dispositif expérimental :
18 heures de français + 2 heures (non incluses dans les services ?? HSA pour mener des « projets »)
 Les élèves sont inscrits d ?emblée dans des classes banales selon leur âge.
 Ils « suivraient » des enseignements dans ces classes banales.
OR, nous ne savons pas quel sera l ?horaire élève pour les futurs CLA. Ce que nous savons à l ?heure actuelle, c ?est ce qui est inscrit sur la DHG, à savoir que les élèves du dispositif bénéficient de 20h.
 ?? Notre administration semble avoir compris que les élèves auraient un horaire aligné sur les classes banales où ils seraient inscrits et que les cours supplémentaires auraient lieu dans ce cadre. Ce qui signifie qu ?ils pourraient en fonction des choix des professeurs et dans l ?enveloppe horaire dont ils disposent suivre quelques cours. Lesquels ? Par ailleurs, et toujours dans le flou le plus complet, on nous informe aussi qu ?éventuellement les 18 heures de français pourraient être allégées en fonction des progrès des élèves pour les intégrer aux cours qui leur manquent.

On voit assez combien, non seulement ce dispositif n ?a fait l ?objet d ?aucune concertation mais aussi combien il n ?est pas cadré.
La manière plus que cavalière dont les équipes sont traitées, la rapidité avec laquelle on tente de nous imposer les choses, ne peuvent que nous inciter à refuser ces dispositifs dont, au final, on ne comprend qu ?une chose, c ?est qu ?ils permettent de supprimer 6 heures dans la DHG.

Par ailleurs, les élèves étant intégrés dans les classes banales dès leur arrivée, est-ce qu ?à terme cela ne rendra pas obsolète et inutile le dispositif de suivi des ex-non francophones ? Ce dispositif représente 6 h dans la DHG. Les élèves sortis de classe d ?Accueil en bénéficient par petits groupes. C ?est une aide méthodologique essentielle pour parfaire l ?intégration dans l ?établissement.

En conséquence, toutes ces mesures, si elles sont appliquées risquent de grever les dotations de 12 heures.

Si d ?aventure, les horaires de français étaient réduits progressivement, qu ?adviendrait-il du service des professeurs ? On conçoit que l ?on puisse aménager l ?emploi du temps des élèves, moins celui des enseignants. En effet, si, en tant que professeur de français en CLA, je vois mes heures diminuer au fur, quel service supplémentaire devrais-je assumer pour compenser ce manque ?

Merci de compléter ces informations afin que les représentants élus des professeurs se saisissent en conscience de la chose dans les établissements concernés et élaborent une stratégie cohérente pour les Conseils d ?administration.

RAPPELS : Les textes de cadrage des CLA

Dans le 2d degré :
Il convient de distinguer deux types de classes d ?accueil en fonction des niveaux scolaires des élèves nouvellement arrivés.
 ?? Les classes d ?accueil pour élèves non scolarisés antérieurement (CLA-NSA) permettent aux élèves très peu ou pas du tout scolarisés avant leur arrivée en France et ayant l ?âge de fréquenter le collège d ?apprendre le français et d ?acquérir les connaissances de base correspondant au cycle III de l ?école élémentaire. Dans un premier temps on les aidera à acquérir la maîtrise du français dans ses usages fondamentaux puis, « on se consacrera à l ?enseignement des bases de l ?écrit, en lecture et en écriture. »Si l ?effectif de ces classes ne doit pas dépasser quinze élèves, « il convient néanmoins d ?intégrer ces élèves dans les classes ordinaires lors des cours où la maîtrise du français écrit n ?est pas fondamentale (EPS, musique, arts plastiques ??). »
 ?? Les classes d ?accueil pour élèves normalement scolarisés antérieurement (CLA) dispensent un enseignement adapté au niveau des élèves en fonction des évaluations menées à l ?arrivée des élèves. On veillera à ce qu ?ils soient inscrits dans les classes ordinaires correspondant à leur niveau scolaire sans dépasser un écart d ?âge de plus de deux ans avec l ?âge de référence correspondant à ces classes ; ils doivent bénéficier d ?emblée d ?une part importante de l ?enseignement proposé en classe ordinaire, a fortiori dans les disciplines où leurs compétences sont avérées (langue vivante, mathématiques ??). »
« Un emploi du temps individualisé doit leur permettre de suivre, le plus souvent possible, l ?enseignement proposé en classe ordinaire. Au total, l ?horaire scolaire doit être identique à celui des autres élèves inscrits dans les mêmes niveaux. »
Sources : fiche info n° 2 du CASNAV et B.O. n°10 du 25 avril 2002 ; voir aussi la circulaire académique du 10 juin 2002

Tableau de synthèse ? horaires et fonctionnement des CLA

Les CLA dans la pratique Les dispositifs expérimentaux
26 h dont 12 de français 18 h de français + 2 HSA (projets)
Enseignements spécifiques en maths, HG, anglais, arts plastiques, Eps, etc. (autonomie des établissement pour ajouter des disciplines et fixer l ?horaire)
Intégration succédant à une période d ?adaptation et d ?évaluation en CLA souvent après un conseil de classe où l ?ensemble de l ?équipe a pu se concerter. Intégration immédiate avec choix par les professeurs des disciplines proposées et augmentation progressive du nombre de ces disciplines. Flou sur la dotation horaire élève
 ?? Ces enseignements seront-ils dispensés au détriment des 18 heures de français ?