14 septembre 2023

militer

Motion CAA SNES-FSU Créteil du 14 septembre 2023.

Le SNES-FSU Créteil a réuni sa commission administrative académique le jeudi 14 septembre 2023. Il a voté la motion ci-dessous.

L’année scolaire s’est ouverte sur une victoire de l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale. Après quatre ans de grèves, de mobilisations, et à l’épreuve des effets terribles pour le système éducatif de la mise en place du nouveau baccalauréat, le nouveau ministre Attal a dû reconnaître que l’organisation de ce dernier était un échec. Le gouvernement a décidé de reporter les épreuves de spécialité en juin, de modifier substantiellement le grand oral dans le sens de nos revendications, et de réduire à 16 le nombre de textes exigibles pour la préparation de l’épreuve oral de l’EAF. Ces décisions sont un camouflet pour le pouvoir, permettent de commencer à revenir vers un bac national avec épreuves terminales, enfoncent un coin dans Parcoursup et donnent de l’air aux personnels mobilisés, après l’échec des luttes contre la réforme des retraites.

La profession affronte une rentrée très difficile pour le service public d’éducation, du fait des choix politiques du gouvernement. D’après l’enquête menée auprès des S1, près de 60% des établissements ont au moins une professeure manquante, et 80% connaissent l’absence d’au moins un personnel non-remplacé, tous corps confondus. Que dire du « Pacte » que même le ministre n’ose plus qualifier de revalorisation et qui ne fait absolument pas recette ? Dans de nombreux établissements de l’académie de Créteil (toujours selon la même enquête), aucune brique de pacte n’a été distribuée, pour les autres la moyenne est de 2 ou 3 briques : c’est donc ridicule par rapport aux dotations reçues (entre 50 et 100 briques par établissement). Après 8 381 suppressions de postes dans le second degré en l’espace de 6 ans, nous ne pouvons que constater les dégâts, y compris dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire : les effectifs explosent (les H/E, nombre d’heures par élève, ne cessent de diminuer dans une grande partie des établissements) et cela a pour conséquence une forte dégradation des conditions de travail et d’enseignement. Plusieurs établissements ont d’ailleurs démarré des mouvements de grève dès la rentrée : Utrillo (Stains), Barbusse (Saint-Denis), Solveig Anspach (Montreuil), Héritier (Noisy-le-Sec).

Pour tenter d’occulter cette situation désastreuse, le Président de la république et son gouvernement ont décidé d’interdire le port de l’abaya et du qamis dans les établissements scolaires. Cette interdiction et l’exclusion de l’école qui en découle montre la dérive droitière, voire extrême-droitière de Macron qui n’arrive pas à trouver de majorité pour imposer sa politique. Le président déroule le tapis rouge du RN qui monte dans les sondages. Le SNES-FSU dénonce la communication du ministre lors de cette rentrée 2023 qui relève d’une opération pour ne pas évoquer les réels problèmes auxquels les personnels, les élèves et leurs familles doivent faire face. L’espace médiatique a été largement occupé par l’interdiction du port de l’abaya et du qamis dans les établissements scolaires, d’abord annoncée dans les médias puis confirmée dans une note de service publiée le 31 août.

Le SNES-FSU dénonce l’instrumentalisation raciste et islamophobe du port de l’abaya et du qamis. Cette décision nous semble tout d’abord peu applicable du fait de l’appréciation très subjective de la religiosité supposée d’un vêtement. La validation par le Conseil d’État de la notion d’intentionnalité du vêtement pose question à plus d’un titre : c’est la porte ouverte à des prises de position discriminatoires à l’entrée des collèges et des lycées, avec un possible renvoi de jeunes filles et garçons chez elleux. Le dialogue prôné par la loi du 15 mars 2004 laisse ainsi la place à l’assignation arbitraire des élèves à une religion réelle ou supposée quand, dans le même temps, les chantres de cette laïcité dévoyée qui ne cessent d’agiter le spectre d’un ennemi intérieur en train de « tester » la République financent à 73 % l’enseignement privé confessionnel (8 milliards d’euros en 2022) ! Le SNES-FSU s’oppose à la stigmatisation des jeunes filles, plus touchées par cette interdiction, avec un risque d’atteinte à la liberté de chacune de s’habiller comme elle le souhaite. Il y a deux ans, une polémique sur le port des crop-tops dans les établissements scolaires pointait du doigt les jeunes femmes qui ne se « couvraient pas assez », cela relève d’une même logique patriarcale de contrôle des corps qui veut imposer une norme vestimentaire aux femmes accusées soit de cacher trop leur formes, soit de trop les montrer.

L’inflation continue de frapper les personnels de l’Éducation comme toutes les travailleuses et travailleurs, notamment les plus défavorisées. Les produits alimentaires ont augmenté de 20% en 18 mois , les tarifs de l’énergie et de l’électricité explosent. Le gouvernement continue d’exonérer les entreprises et laisse les multinationales augmenter leurs superprofits en profitant de la situation géopolitique. Il ne s’en cache pas : les travailleureuses vont payer l’ardoise du déficit budgétaire. Le gouvernement doit céder sur nos salaires et sur l’attractivité du métier, les mini-augmentations (5,5 % en moyenne) ne sont pas à la hauteur.

En cette rentrée, le SNES-FSU revendique des moyens conséquents qui permettraient de revenir au taux d’encadrement d’il y a 6 ans, une revalorisation salariale ambitieuse et sans conditions et une amélioration des conditions de travail pour rendre les métiers de l’éducation plus attractifs. Ce n’est pas en excluant des jeunes femmes qu’on luttera contre les extrémismes religieux, mais en donnant à toutes les élèves, quels que soient leur territoire et leur milieu d’origine, une éducation au sein de l’école publique répondant à la réalité des besoins et permettant à toutes et tous une véritable émancipation. Le SNES-FSU luttera contre le démantèlement en cours de l’éducation prioritaire et demande un plan d’urgence pour ces établissements.

Pendant ce temps, le pays a subi un nouvel épisode de chaleur exceptionnel, du fait de l’impact du réchauffement climatique. Les températures dans les classes se sont envolées (on a relevé jusqu’à 38 degrés dans l’académie de Créteil). Cela démontre l’urgence de se saisir de la question du bâti scolaire et de mener une réelle réflexion environnementale. L’hiver dernier avait révélé les difficultés de chauffage d’un parc de collèges et lycées vieillissant, peu entretenu : l’été enfonce le clou. Le SNES-FSU porte ces questions dans ses publications, ses stages, son site internet. Il aborde la crise climatique avec la profession et dénonce l’inaction climatique du Président et du gouvernement.

Partout dans l’académie, les bâtiments accueillant les élèves se dégradent et les conditions d’enseignement deviennent insupportables. La plupart des établissements datent des années 1970, ils sont très largement amiantés, et les canalisations sont vétustes. Cinq établissements du Val-de-Marne ont vécu des problèmes d’accès à l’eau, à Villejuif, Maisons-Alfort, Chennevières, Chevilly et Choisy-le-Roi. Certains en sont toujours privés et sont livrés en bonbonnes. Plusieurs se mobilisent pour dénoncer la présence d’amiante se dégradant dans leurs murs, sols et plafonds. Des moyens financiers d’ampleur doivent être débloqués pour la rénovation des bâtis qui se dégradent. Le SNES-FSU n’aura de cesse, notamment dans le cadre de ses mandats à la FSSSCT (formation spécialisée santé sécurité et conditions de travail) de dénoncer cette situation et de militer pour que les conditions d’enseignement soient décentes pour toutes et tous.

Collège
La rentrée 2023 est la première marquée du sceau de la « nouvelle sixième », mise en place malgré l’opposition des personnels. Cette nouvelle sixième, expurgée de la technologie dans le but non dissimulé d’atténuer les effets de la crise de recrutement, prive les élèves d’un enseignement essentiel, tout en demandant aux collègues de S.V.T. et de physique-chimie, non formées à ces apprentissages, de pallier les manquements de l’institution. Les collègues se trouvent à devoir appliquer un nouveau programme encore plus chargé que le précédent, auquel se rajoute des éléments de technologie. Le SNES-FSU doit appeler les collègues à ne pas enseigner les parties du programme relavant des compétences des professeures de technologie.
En parallèle, une heure de soutien ou approfondissement, dont la pertinence est plus que douteuse du fait de la création de groupe de niveau, se met en place de façon erratique, car l’organisation est laissée à la discrétion des établissements, renforçant le rôle dude la cheffe d’établissement dans la pédagogie, rognant une nouvelle fois la liberté des enseignantes tout en rajoutant une brique dans le projet politique de création d’une principale omnipotente.
La création de l’obligation d’assister à une heure de « Devoirs faits » pour les sixièmes, dispositif dénoncé de longue date par le SNES-FSU, n’a pour seul but que d’inciter toujours plus les collègues à signer le Pacte ainsi qu’à faire rentrer les associations, notamment privée, dans nos collèges. Preuve en est, le nouveau vademecum « Devoirs faits », faisant la part belle aux associations. Cette inquiétude est d’autant plus justifiée que notre académie est déjà touchée par l’entrisme des associations privées (Institut Louis Germain, Académie Diomède, « Viens voir mon Taf »…)
À l’instar des lycées professionnels, la création de la « Découverte des métiers » dévoie la place de l’École et vise à créer une main d’œuvre docile à la main du patronat, qui se place dès la cinquième dans le costume de formateur. C’est l’orientation précoce (et donc très socialement orientée) et la fin du collège unique (voir le rapport de l’institut Montaigne) qui se dessine. Le SNES-FSU rappelle que le rôle de l’École est d’apporter les savoirs nécessaires à l’émancipation des élèves.
Enfin, la mise en place de ce dispositif, tout en poursuivant la casse du service public d’orientation favorise grandement le recours aux logiciels mercantiles d’orientation.
Les premiers retours du terrain dans les collèges de l’académie confirment très clairement la tendance perçue lors des tournées d’établissement en fin d’année dernière : la mise en place du Pacte est un fiasco monumental ! L’objectif des 30% a d’ailleurs disparu de la propagande gouvernementale. Il n’en reste pas moins que la pression augmente sur les collègues pour absorber le Pacte. On fait croire en particulier aux enseignantes qui voudraient s’engager dans le dispositif « Devoirs Faits » sans signer le Pacte qu’il ne reste plus d’HSE pour payer ces missions, ce qui est faux ! On fait croire à certaines également que le RCD n’est pas obligatoire, ce qui est en contradiction avec la note de service du 20 juillet 2023. Par ailleurs, le slogan « une professeure devant chaque élève » ne résiste pas à l’épreuve des faits : on ne compte plus les établissements où des postes sont non-pourvus, en particulier dans les pôles santé-sociaux mais aussi concernant les CPE et les AESH.
La baisse démographique annoncée aurait dû profiter aux élèves, pas à Bercy. La diminution du nombre de collégiennes aurait dû permettre de réduire les effectifs de classe à 24 et 20 en éducation prioritaire. Et pourtant, le gouvernement a fait le choix de supprimer des postes, 1 500 en cette rentrée 2023.

Ce mois de septembre est aussi fortement perturbé par la mise en place des évaluations numériques de quatrièmes qui s’ajoutent à celles des sixièmes. Sur la forme, ces évaluations sont un casse-tête dans des établissements le plus souvent sous-dotés en salle informatique, avec la perte de nombreuses heures de cours et des élèves de sixièmes qui ne sont plus formées à l’outil numérique avec la suppression de la technologie. Sur le fond, l’ajout d’évaluations en quatrième démontre qu’en plus d’obtenir des statistiques nationales, le ministère vise à évaluer les professeur.s qui ont enseigné pendant deux années. Ces évaluations sont un non-sens pédagogique et n’ont aucun intérêt didactique. Elles ne sont qu’un indicateur de plus au service du néo-management et de la France Telecomisation du collège.
Le SNES-FSU poursuivra inlassablement sa défense du collège unique et soutiendra toutes les formes de mobilisation. Il fera le bilan très prochainement via une consultation des S1 de la mise en place de cette réforme du collège.

Lycée, réforme du lycée, baccalauréat
Les victoires remportées par les personnels, avec le soutien du SNES-FSU et des autres syndicats de la FSU, sur le baccalauréat, laissent des questions sans réponse que notre syndicat doit rapidement traiter. Le report des épreuves du baccalauréat n’a pas été anticipé par le ministère. Les collègues ont donc commencé l’année sans connaître les dates des épreuves et en doutant des programmes à traiter. Les conditions de préparation du Grand oral inquiètent aussi la profession : le report des épreuves écrites risque d’amener les collègues à ne plus avoir de temps pour préparer convenablement les élèves. De plus, il est certain que les correctrices et correcteurs devront à la fois noter les copies des écrits et faire passer les épreuves orales. Le SNES-FSU devra porter les revendications des personnels sur ces points et rappelle son exigence de la suppression du grand oral.
Le report des épreuves risque d’accroître encore le poids du contrôle continu dans l’orientation des élèves, puisque les moyennes de spécialité seront maintenant prises en compte dans Parcoursup. Les collègues connaissent une pression de plus en plus forte des parents d’élèves et des élèves qui tentent d’influer sur la notation. Cela dégrade les conditions d’exercice du métier. Le SNES-FSU réaffirme son mandat d’abrogation du bac Blanquer et le retour à un bac national avec épreuves terminales et anonymes. C’est la condition indispensable pour obtenir de nouveau un baccalauréat premier grade universitaire.
Le report des épreuves de spécialité n’a pas suffi à mettre totalement à bas la réforme du lycée. En particulier, la sélection à l’université est toujours en place, par le biais de Parcoursup. Le SNES-FSU, en lien avec les autres syndicats de la fédération, doit insister sur son mandat de suppression de Parcoursup, qui ne sert qu’à permettre une réduction des moyens dans le supérieur, tout en proposant des écoles privées bien trop coûteuses. L’État doit créer toutes les places nécessaires pour accueillir toutes les bachelierères et leur permettre de choisir librement leur orientation. Tout indique que les défis posés par le réchauffement climatique nécessiteront des personnes qualifiées dans de nombreuses professions, ce n’est pas le moment d’empêcher la jeunesse d’étudier librement !

Emploi
En cette rentrée, nous pouvons faire le bilan des recours suite aux résultats du mouvement intra-académique. De nombreuses et nombreux collègues nous ont sollicités et ont formulé un recours en nous mandatant. Fin août, certaines n’avaient pas de réponse ou des réponses évasives. Le dialogue social se résume à un échange par tableaux dans lequel l’administration fournit des réponses lapidaires (« résultats conforme à la législation en vigueur » par exemple). Nous avons sollicité une bilatérale afin de pouvoir défendre les dossiers des collègues, ce qui nous a été refusé au prétexte que cela n’était pas écrit dans les LDG, alors même qu’elle existe au moment du mouvement inter-académique au Ministère. Ce sera encore cette année notre cheval de bataille afin de garantir aux collègues une équité de traitement.
Depuis le début du mois de septembre, nous ne comptons plus le nombre de TZR qui nous contactent que ce soit par le secteur emploi ou par le secteur TZR, à propos de leur affectation. Plus d’affectation, pas d’affectation, changement de RAD, pas de stabilisation alors qu’ilselles y avaient droit. Le rectorat semble avoir fait le choix d’affecter en priorité les contractuelles y compris celleux qui ne sont pas en contrat CDI, voire même qui débutent. Nous exigerons que les affectations en phase d’ajustement se fassent en conformité avec les LDG.

Les récentes annonces sur la formation continue qui à terme serait dispensée à 100% hors du face à face pédagogique ne peuvent que nous inquiéter. La priorité serait donc donnée à la lutte contre les absences de courte durée et non à la formation des collègues. Placer les stages le soir, les mercredis après-midi ou durant les vacances scolaires revient à signer l’arrêt de mort de la formation continue qui est pourtant un droit. Cela risque, de plus, d’accroître de nouveau les inégalités femmes-hommes. Le ministère préfère donc régler les absences de courte durée qui ont beaucoup moins d’impact pédagogique que les absences longues (pour lesquelles les solutions de remplacement ne sont pas toujours trouvées). Il s’agit encore d’annonces démagogiques et médiatiques qui servent la communication du ministre dans les médias. Si les collègues se forment moins voire plus du tout, ce sont les élèves qui en pâtiront. Le SNES-FSU demande donc que ces mesures soient annulées, la formation continue doit se faire sur le temps de travail des collègues avec l’emploi de remplaçant.es en nombre suffisant pour l’assurer. Le SNES-FSU propose aux autres syndicats nationaux de la FSU une pétition en ligne à faire signer par l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale.

Attractivité du métier et rémunération
Le SNES-FSU Créteil demande que la FSU se saisisse des concertations sur l’attractivité du métier pour obtenir une mise à jour des zones donnant droit à une indemnité de résidence et une augmentation de cette dernière.

Ce dispositif est censé prendre en compte le coût de la vie, plus élevé dans les territoires urbains. Or, force est de constater des disparités importantes au détriment de certains départements ainsi qu’entre différentes communes du même département. Pourtant, nul ne peut ignorer la hausse extrêmement forte des prix de l’immobilier qui a été constatée dans toutes les communes ces dernières années.. La plus récente circulaire d’actualisation de la Fonction Publique est celle du 12 mars 2001.

Cette circulaire F.P.(1996-2B n°00-1235) dresse la répartition des zones géographiques département par département, avec le taux retenu pour chaque commune. Elle a aussi pour objet de tenir compte des modifications intervenues d’une part dans la composition des agglomérations urbaines lors du recensement de mars 1999 et d’autre part dans la composition des agglomérations nouvelles entre le 1er janvier 1991 et le 1er janvier 2000. Le classement des communes, désormais obsolète, est loin de permettre la prise en compte de la réalité de l’Île-de-France. Depuis des communes ont été fortement urbanisées et ont des coûts du logement qui ont énormément augmenté. Il existe donc une discrimination entre les collègues habitant dans des zones déjà urbanisées depuis 2001 et celles qui se sont fortement développées depuis. Il est donc nécessaire de revoir en Île-de-France les zones y donnant doit, la FSU doit porter cette demande au niveau fonction publique.

Secteur femmes
Nous nous réjouissons de la parution au Journal Officiel de l’arrêté du 31 juillet 2023 relatif au dispositif de recueil et de traitement des signalements « des actes de violence, de discrimination, de harcèlement et d’agissements sexistes dans la fonction publique ». Ce texte rend obligatoire la mise en place d’une cellule d’écoute, de traitement et d’accompagnement à disposition des personnels victimes ou témoins de VSS et semble poser un cadre contraignant. Cependant, l’académie de Créteil en a fait l’expérience, la mise en place de ce genre de dispositif ne s’accompagne pas automatiquement d’une réelle prise en charge rapide et efficace des victimes. Il est plus que temps que l’administration se préoccupe des violences subies au travail par des personnels et mobilise un véritable budget dans un plan ambitieux de lutte contre les VSS, par exemple en recrutant davantage de personnes formées pour faire de la prévention et gérer ces situations.
Une référente VDHA (référente violence, discriminations, harcèlement et agissements sexistes) est en outre désormais élue parmi les représentantes du personnel à la FS SCCT Académique. Cependant une seule personne ne peut, à elle seule, répondre aux besoins de trois départements (77, 93, 94), qui englobent plus de 84 000 agentes. Le Rectorat a rejeté nos demandes de nomination d’une référente par département, nous continuons cependant à porter cette revendication.

Nous nous réjouissons évidemment moins de l’interdiction – via une simple note de service - du port de l’abaya à l’école, de la décision prise par le Conseil d’État, et de l’agitation médiatique causée par un très hypothétique établissement de l’uniforme qui serait, pour certaines, une solution contre les inégalités à l’école. Cette rentrée s’est trouvée complètement parasitée par ces sujets masquant ainsi les vraies problématiques de rentrée : les conditions de travail des personnels et celles d’études des élèves ou la crise du recrutement par exemple. Nous déplorons qu’une robe longue ait servi à cacher la misère de l’Éducation Nationale et qu’elle ait donné lieu à une islamophobie décomplexée sur différentes antennes. Il s’agit par ailleurs pour le gouvernement de marcher encore une fois sur les plate-bandes de l’extrême-droite. Nous nous inquiétons également de l’audience que cette dernière rencontre dans le milieu scolaire grâce notamment au relais de certaines associations comme « parents vigilants » lancé par Reconquête et qui ont en ligne de mire le travail des référentes Égalité dans les établissements scolaires ou l’éducation à la vie sexuelle et affective.

Nous aurions préféré que les médias se concentrent sur les vrais problèmes de la rentrée dans les collèges et les lycées et, en tant que militantes féministes, qu’ils se montrent davantage préoccupés par le nombre de féminicides qui reste encore très élevé en France, avec un décès de femme tous les deux jours selon l’association #noustoutes. Nous pourrions nous inspirer de la législation belge qui, grâce au vote de la loi « Stop féminicide » fin juin 2023, a évolué, proposant une définition claire et élargissant le champ que recouvre le « féminicide » pour l’étendre aux crimes de genre, en plus d’adopter des mesures de sensibilisation et de protection des victimes.

Enfin, nous rappelons que le 28 septembre est la Journée internationale pour le droit à l’avortement. Un appel à manifester partout en France est lancé par le collectif « Avortement en Europe, les femmes décident » dont la FSU est partie prenante. L’avortement est sérieusement menacé dans de nombreux pays comme les États-Unis, Malte, la Hongrie, la Pologne, l’Italie... Face à la montée de l’extrême-droite en Europe et partout dans le monde, il est nécessaire de rappeler notre attachement à ce droit fondamental pour la liberté et la santé des femmes. Nous nous joignons aux revendications portées par le collectif pour réclamer a minima :
l’inscription réellement protectrice du droit à l’avortement dans la Constitution française et dans la Charte européenne des droits fondamentaux ;
la parution des décrets d’application de la loi Gaillot de février 2022 permettant aux sages-femmes de pratiquer des IVG instrumentales ;
des choix politique qui augmentent les budgets pour la santé.

Psy-EN, orientation
Tous les postes de PsyEN et de DCIO ne sont pas pourvus, ce qui pose des difficultés d’organisation dans les CIO dont les équipes sont incomplètes, et a des conséquences sur les conditions de travail. En juin dernier, le rectorat de Créteil affichait une assurance certaine, expliquant que la crise de recrutement était moins importante que l’an dernier. Hélas, l’état des ressources humaines dans les CIO de l’académie à la rentrée a démontré qu’il fallait se montrer plus réservé.
Dans ce contexte, les projets du Conseil national de la refondation et certaines missions du Pacte enseignant concourent à externaliser et privatiser les missions des PsyEN… Il en est de même dans les Cités éducatives. Comment faire la démonstration que leurs missions sont importantes auprès des élèves et des équipes pédagogiques quand un manque de recrutement crée les conditions pour faire entrer dans les consciences qu’il va falloir se passer de PsyEN au collège ou au lycée ?
Le SNES-FSU se mobilisera pour le service public de psychologie et d’orientation de l’Éducation nationale dans les CIO, collèges et lycées. Il mènera une campagne pour sensibiliser à la nécessité de recrutement de PsyEN, pour faire entendre qu’iels ont encore des missions à mener dans l’École au service de l’émancipation de la jeunesse, et que celles-ci sont loin d’être transférables à d’autres personnels.

Entrée dans le métier
La rentrée des stagiaires dans l’académie de Créteil, moins chaotique que l’année passée, donne néanmoins à voir les problèmes de fond attachés à la réforme des concours : de très nombreuxses stagiaires sont placées à temps plein (plus de 60% dans l’académie), mais n’étant pas attendues dans leurs établissements sur des berceaux dédiés, iels se retrouvent avec des services qui ne sauraient être adaptés à des collègues entrantes dans le métier : heures supplémentaires, charge de professeure principale, absence de tuteurrice, multiples niveaux de classes, emploi du temps sur 6 jours... alors même que l’année de stage à temps plein les surcharge déjà de travail. Le SNES-FSU Créteil avait, dès juillet, alerté le Rectorat sur ces dérives prévisibles. Force est de constater que les cheffes d’établissement n’ont vraisemblablement pas pu ou veillé à les accueillir dans de bonnes conditions.

Les AED prépro en quatrième année, de leur côté, semblent avoir été oubliées par le Rectorat : impossible pour elleux d’utiliser l’ENT ou Pronote une fois arrivées en poste, car iels n’ont pas été informatiquement affectées dans leur nouvel établissement. Difficile de bien commencer l’année dans de telles conditions !
Comme chaque année, les militantes du secteur ont été présentes auprès de toutes les entrantes tout au long de l’été et dès la rentrée pour faire valoir leurs droits, les informer et les accompagner dans leur prise de fonction, alors que la crise de recrutement des enseignantes bat son plein.

Le gouvernement semble en avoir vaguement conscience, puisqu’Emmanuel Macron - autre Ministre de l’Éducation Nationale - a annoncé sa volonté de réformer de nouveau la formation des enseignantes en évoquant à demi-mot un retour aux écoles normales début septembre. Outre les annonces en grands pompe qui sont rarement suivies d’effet, il s’agit d’un recul plus que d’un retour en arrière car le projet du gouvernement s’inscrit dans la même logique que la précédente réforme : il s’agit de former à la hâte, sans plus de moyens, une force de travail à même de colmater les brèches que les politiques délétères en matière d’éducation ont elles-mêmes créées, tout en envisageant de baisser encore une fois le niveau de recrutement qui vient à peine d’être augmenté. Cette annonce indique bien à quel point le président ignore tout des enjeux du recrutement et de la nécessité de mettre en place de véritables pré-recrutements, dès la L2, qui permettent à toutes les futures candidates au concours de se former de manière ambitieuse et d’obtenir un haut niveau de qualifications pour devenir véritablement concepteurtrices de leurs métiers. Le SNES-FSU réaffirme la nécessité de la mise en place d’une véritable allocation d’autonomie pour toutes les étudiantes (notamment celleux se destinant à l’enseignement) et d’une revalorisation sans contrepartie des collègues enseignantes pour enrayer la crise de recrutement.

Retraitées
L’été a été synonyme des mauvais coups pour les retraitées : comme toutes les Françaises, iels subissent de plein fouet les effets de l’inflation galopante, en particulier dans le domaine des produits alimentaires et de l’énergie. Malgré les dires du gouvernement, qui annonce un ralentissement de l’inflation, nous savons bien que les prix ne reviendront pas au niveau de 2021. Pendant ce temps- là, les pensions, même si elles ont été augmentées en juillet 2022 et janvier 2023, sont loin de compenser cette tendance. C’est pourquoi l’intersyndicale du Groupe des 9 a lancé une campagne de pétition pour réclamer une augmentation immédiate de 10% des pensions.
Cerise sur le gâteau, en plein été, le gouvernement a annoncé que les retraitées fonctionnaires ne seraient plus bénéficiaires des chèques-vacances : cette décision injuste va impacter un grand nombre des retraitées les plus modestes qui n’avaient que cette solution pour espérer partir quelques jours.
Et pour couronner le tout, l’abandon de la loi sur le vieillissement promise depuis 2017 par M. Macron semble acter le fait que nous sommes des citoyennes de seconde zone, alors même que les besoins en personnels dans les EHPAD et les services à domicile sont très insuffisants et que ce constat est partagé par tous les acteurs du secteur.
Autant de points sur lesquels les retraitées de l’académie de Créteil se battront sans relâche.

Congrès 2024
Le SNES-FSU doit réaffirmer, aux syndiquées comme à l’ensemble de nos concitoyennes, lors de son congrès 2024, sa vision d’un syndicalisme de transformation sociale, traitant de toutes les problématiques liées au travail, mais abordant aussi les grandes questions qui traversent notre société, en particulier les conséquences du changement climatique et ce que nous devons faire pour les affronter.
Le SNES-FSU doit utiliser son congrès pour organiser les débats les plus longs et les plus riches possibles. Il maintient 4 demi-journées de plénière pour débattre des thèmes, et il utilise ces derniers pour traiter toutes les questions nécessaires à la période compliquée que nous traversons. Le SNES-FSU décide de conserver l’organisation en quatre thèmes pour ses débats.

Action
Plusieurs actions sont appelées par la FSU dans les prochains jours, en particulier les 23 septembre et 13 octobre. L’unité de l’intersyndicale issue du mouvement contre la réforme des retraites se maintient : un appel à l’action est lancée pour le vendredi 13 octobre prochain sur les salaires. Le SNES-FSU porte la manifestation contre les répressions du 23 septembre auprès de l’ensemble de la profession, par l’envoi de mails et de matériel dans les S1. Il propose à l’ensemble des syndicats de la FSU un appel à la grève pour le vendredi 13 octobre 2023.

La situation désastreuse du système éducatif nécessite de mobiliser les personnels rapidement pour maintenir la dynamique enclenchée par la victoire sur les épreuves du baccalauréat. Une journée d’action autour des questions éducation est nécessaire dans une période où le budget 2024 va bientôt être débattu par le Parlement. Le SNES-FSU se mandate pour une journée d’action éducation au mois de novembre 2023 contre les réformes des lycées et du collège, pour une véritable revalorisation et pour le vote des moyens suffisants dans le budget pour répondre aux besoins de nos élèves.

Le SNES-FSU appelle les personnels à participer aux manifestations organisées à l’occasion de la journée internationale de lutte pour le droit à l’avortement, le 28 septembre 2023. Il en fait la publicité par le biais de ses publications, des réseaux sociaux et de son site internet. Il s’associe à la préparation de la journée contre les violences sexistes et sexuelles du 25 novembre 2023, et l’intègre d’ores et déjà dans les annonces de mobilisation à destination des personnels.

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