Julien HUGELE enseigne les sciences physiques et chimiques au Lycée Blaise Pascal de Brie Comte Robert. Paraplégique complet, il se bat depuis des années pour travailler en fauteuil roulant dans des conditions compatibles avec son lourd handicap.
L ?an dernier, il a fallu des milliers de signatures sur une pétition, une mobilisation d’élèves et d’enseignants, et une délégation intersyndicale au Rectorat de Créteil pour qu ?il puisse conserver un service de 18h, comportant neuf heures devant élèves. Le Rectorat a reculé en renonçant provisoirement à lui imposer davantage d ?heures de cours.
Cette année, il a fallu le débrayage de 100% des enseignants du lycée Blaise Pascal le 15 janvier 2016, pour obtenir que le salaire de notre collègue ne soit pas ponctionné de 18 jours au titre d ?« absences injustifiées » selon la direction de notre lycée. Le Rectorat a reculé à nouveau face à notre mobilisation. Mais un nouveau courrier rectoral est parvenu à Julien, courrier où fleurissent de nouvelles allégations à charge contre lui. De plus, une autre menace est désormais brandie par le Rectorat : la réunion d ?un « comité médical » statuant sur son cas non seulement en son absence mais surtout sur la seule base d ?allégations à charge qu ?il ne pourrait alors démentir.
Signez la pétition lancée par les collègues de Julien
Les 21 et 22 janvier derniers, les enseignants du Lycée Jean Vilar de Meaux, se sont mobilisés pour soutenir leur collègue, Carina Garcia, en situation de handicap dont la demande d ?allègement horaire s ?était vue refusée par le ministère en dépit de l ?avis favorable du médecin technique. Cette mobilisation large et intersyndicale a été fructueuse. Après deux jours de grève suivie à plus de 80%, Mme Garcia a obtenu la décharge horaire que sa situation rendait indispensable.
Enseignante d ?espagnol au lycée, Mme Garcia a subi un grave accident domestique en 2011 qui l ?a laissée handicapée lourdement. En effet, la commission des droits et de l ?autonomie des personnes handicapées qui a procédé à une évaluation des capacités professionnelles de notre collègue a établi un « taux d ?incapacité supérieur ou égal à 80% » et une « capacité de travailler mais avec une aptitude réduite au travail du fait du handicap » (décision du 11/12/2014 pour la période du 01/11/2014 au 31/10/2019).
Or, si depuis sa reprise de fonction en 2013 et jusqu ?en 2015, elle a bénéficié d ?un allègement de 6 heures de son service, il a été réduit à trois heures en 2015-2016 et il lui a été annoncé qu ?elle devrait reprendre à temps complet à la rentrée 2016-2017.
Compte tenu des contraintes liées à son handicap, notre collègue a demandé de continuer à bénéficier d ?un allègement de six heures. C ?est cette demande qui a reçu une réponse négative, après six mois de médiation rectorale infructueuse et d ?attentes vaines.
Ce refus et la désinvolture cynique avec lequel il lui a été signifié par le ministère ont profondément choqué l ?ensemble du personnel enseignant du lycée et nous ont amené à nous mobiliser contre cette réponse injuste.
– Jeudi 21 janvier avait lieu une assemblée générale à 10h30 où l ?ensemble des collègues a voté la grève, reconductible jusqu ?à l ?obtention de la décharge de 6 heures. A l ?issue de cette assemblée, nous nous sommes rendus sur le parvis du lycée où nous attendait la presse locale (La Marne et Le Parisien) ainsi que de nombreux élèves. Ces derniers ont pris spontanément part au mouvement et ont défilé dans les rues en direction des autres établissements de la ville et de la mairie de Meaux.
Dans l ?après-midi, le rectorat informait notre chef d ?établissement que la décharge était accordée sans toutefois préciser ni sa durée, ni sa quotité ni sa date d ?effectivité. A l ?issue d ?une seconde assemblée générale, la grève a été reconduite car nous considérions que les garanties que nous demandions n ?avaient pas été obtenues.
– Vendredi 22 janvier à 8h30, nous avons de nouveau voté la grève jusqu ?à ce qu ?un rendez-vous nous soit donné par le rectorat, en présence des délégués du personnels et des délégués syndicaux afin d ?obtenir un engagement concret. Nous souhaitions également être considérés comme des interlocuteurs et ne pas laisser le rectorat traiter le dossier de notre collègue comme un cas particulier.
Vers 12h, Bernard Claux, inspecteur académique de Créteil a été missionné par le rectorat pour officialiser auprès de Mme Garcia et de trois délégués du personnel présents l ?allégement de 6 heures demandé, rendu effectif le jour même. Par ailleurs, il a donné oralement l ?assurance à notre collègue que sa décharge serait reconduite et qu ?elle serait reçue au rectorat courant avril.
Ayant obtenu les garanties que nous demandions, nous avons repris le travail et accueilli les élèves à 13h30.
Le cadre de la loi ne permettant pas de pérenniser une décharge, nous déplorons que notre collègue soit contrainte de refaire chaque année un dossier pour obtenir un aménagement qui lui est pourtant nécessaire dans la mesure où sa situation physique n ?est malheureusement pas susceptible d ?amélioration.