15 juin 2022

le métier

dysfonctionnements du bac, audience au SIEC

dysfonctionnements du bac, audience au SIEC

La colère est forte chez les collègues des académies franciliennes face aux conséquences de la gestion du baccalauréat, et aux effets de la réforme Blanquer. Les sections académiques franciliennes du SNES-FSU, qui avaient dès le 19 mai sollicité une audience, ont enfin été entendus ce lundi 13 juin. Sur chacun des problèmes signalés, il nous a fallu faire preuve de beaucoup de ténacité dans nos interventions, pour n’obtenir finalement que quelques réponses, bien peu satisfaisantes. L’accumulation des dysfonctionnements, les modifications des notes, illustrent à nouveau le mépris pour notre travail.

Nous avons enfin été reçus en audience par les responsables du SIEC et des trois rectorats mais aussi par les doyens des corps d’inspection. Il est vite apparu qu’ils dressaient de la situation un tableau bien éloigné du constat une nouvelle fois alarmant que nous faisons.

Les 3 sections Snes d’Ile de France ont été reçues en audience lundi 13 juin à 11h à la demande du Snes Versailles (demande faite le 19 mai).

Etaient présents : F. Müller directeur du SIEC + A. Bonetto-Boisard (directeur Lycées GT Siec). Ce sont nos deux interlocuteurs pour tous les pbms remontés. Présents aussi : SG des 3 Rectorats Versailles, Créteil (qui n’ont pas fait d’intervention), Doyens des IPR pour Versailles, Créteil et Paris ( seuls sont intervenus les doyens de Paris et de Versailles).

Modalité de convocations inadmissibles

Nous avons relevé le caractère intenable de très nombreuses convocations : convocations très lourdes pour les collègues en français (EAF mais aussi éventuellement, HLP voire BTS), la surcharge de travail pour les examinateurs des oraux de langue (LLCE), l’arrivée de convocation à la dernière minute pour les candidats libres (CNED ou établissement hors contrats). Nous avons pointé les convocations de stagiaires de plus en plus fréquentes. Nous avons fait remarquer que le SIEC n’a pas tenu ses engagements de ne convoquer les examinateurs que sur deux jours pour le Grand oral, et que les collègues se retrouvent encore avec de très grosses charges (convocation allant jusqu’à 7 jours, de 8h à 18h, et souvent à une distance très importante de l’établissement d’exercice).

Nous avons formulé des demandes très concrètes : la prise en charge de frais de chambres d’hôtels et de stationnement, ainsi que des frais de garde d’enfants, pour les collègues contraints par les distances et les horaires, pour plusieurs jours de convocation. Plus généralement, il faut que le SIEC réponde aux demandes de collègues dont les convocations sont trop éloignés de leur domicile et veille, comme il s’y était engagé, à éviter ces situations.

Les réponses du SIEC :

Les réponses ne nous ont pas du tout satisfaits.
• Le SIEC a reconnu quelques défaillances et notamment le fait que les collègues d’anglais ont été excessivement mobilisés pour le passage des oraux de LLCE. Il y a eu un problème quelque part (mais nous ne savons pas lequel) ; cela ne devrait plus se reproduire. Pour les convocations pour les candidats libres, les listes auraient été transmises au SIEC très tardivement, le 20 mai, empêchant le SIEC de faire un travail de convocation et d’attribution des copies satisfaisant.
Ces explications n’ont rien de rassurant, et donnent tout lieu de croire que les problèmes se reproduiront à l’identique les années suivantes.

Pourquoi les stagiaires sont-ils convoqués dès maintenant ? des temps partiels annualisés ? des collègues en situation de handicap ?

Pour les stagiaires  : la décision est prise avec les IPR = ds certaines disciplines, on sait que le vivier de titulaires ne sera pas suffisant donc les stg sont convoqués. Visiblement, on convoque les stagiaires sans faire de distinction entre les disciplines déficitaires et les autres, quitte à annuler après coup leur convocation puisque effectivement ils n’ont pas vocation à corriger ou évaluer le bac. Une fois que les IPR de disciplines ont donné leur accord, ils sont "pris dans la masse".
Cela est inadmissible pour le SNES.

LE SIEC ne connait pas les mi-temps annualisés ni les situations de handicap : ce n’est pas sur Imag’in. Ces informations ne sont pas transmises au SIEC ( pour les situations de Handicap c’est d’ailleurs la loi, il faut respecter la confidentialité de ces situations). En revanche, le SIEC s’appuie sur les remontées des chefs d’étb pour connaître les niveaux d’enseignement.

Des collègues de français reçoivent des missions multiples :

corrections en HLP + EAF + BTS et parfois même désignés coordos. Ils constatent également une multiplication des réunions d’entente, d’harmonisation etc... sur temps de correction :

Le SIEC : le calendrier est contraint. Il est établi avec les IPR. Il faut essayer de tout caler. Ce n’est pas facile.

lieux de convocations :

Des collègues ont le sentiment d’être convoqués tous les ans pour des missions multiples quand d’autres ne sont pas convoqués. Peut-on envisager un rééquilibrage des missions ? Pourquoi certains collègues sont-ils convoqués loin de leur lieu d’exercice quand d’autres le sont beaucoup plus près  ? => il n’est pas simple de procéder à l’équilibre. Il faut tenir compte du vivier, des disciplines rares, d’un équilibre des répartitions de correcteurs sur l’ensemble du territoire de l’IDF...

Certains collègues attendent toujours le paiement de leurs missions de l’an dernier. =>
les pbms sont réglés au fur et à mesure. Il manque quelques fois des documents, les dossiers sont incomplets ( nombre de copies...)

Grand oral

Les convocations pour le grand oral sont prévues du 20 au 28 de 8h à 18H alors que le SIEC s’était engagé à des convocations sur deux jours, message relayé par certains IPR aux collègues lors des réunions d’entente des écrits de spé. Déséquilibre de plus entre les disciplines pour les "jurys naïfs"
Dans certains établissements, quasiment aucun collègue de spé convoqué alors que grand nombre de collègues n’enseignant pas la spé sont convoqués comme jurys candides

SIEC : ce sont les difficultés de l’application Imag’in qui rendent très difficiles le découpage en sous-jury de deux jours. Et puis il est plus commode pour les présidents de jury d’avoir les mêmes personnes. Donc il y aura cinq jours de corrections (les 7 c’est pour intégrer deux jours de marge). Le SIEC semble satisfait par rapport à l’an dernier : chaque candidat a son examinateur. On pourra faire des ajustements individuels si nécessaires. A priori zéro prise en charge des frais d’hôtel mais on va voir ce qu’on peut faire selon la réglementation pour accorder qq nuitées aux collègues qui sont convoqués loin de chez eux plusieurs jours de suite. Les convocations sur 10 heures sont prévues pour une marge de sécurité mais puisque le nombre de candidats ne sera pas supérieur à 12 par jour, l’amplitude ne sera jamais aussi large.

Le fait que des collègues aient été convoqués sur une semaine, alors que d’autres ne sont pas mobilisés serait un impondérable : Imagin’ ne permet pas des convocations fines de deux jours en deux jours. On ne pourrait pas « découper des jurys ».
Les contraintes de l’informatique dicteraient donc les conditions de travail des collègues !

Nous demandons des convocations plus affinées pour permettre aux collègues de mieux s’organiser. Peut-on exiger d’un collègue qu’il se lève aux aurores pour arriver à 8h sur le centre d’examens et apprendre qu’il n’aura aucun candidat avant 10h ?

Certains collègues sont convoqués au dernier moment, le matin pour l’après midi, par téléphone. =>les convocations de dernière minute sont liées à un défaut de remontées du CNED ou des chefs d’établissement pour des épreuves concernant des candidats individuels ou des épreuves rares.


Les problèmes liés à Santorin

numérisation copie /corrections / pression via le chat

Des copies mal scannées, dans le mauvais ordre, des lots incohérents qui mélangent les sujets voire les disciplines et qui sont impossibles à verrouiller.
SIEC : 8000 demandes de retraitement pour toutes sortes de raisons (pour 500 000 feuilles numérisées) ! Tout a été remonté vers les centres car le SIEC n’a pas la main sur l’anonymat (c’est la DSI de Rennes qui gère). Se déchargent sur les centres d’examen pour la numérisation. Selon eux, problèmes mineurs sur nombre de copies.

Des IPR minimisent la question de l’absence d’anonymat de certaines copies et estiment que les problèmes de numérisation des copies sont des pbms mineurs. Le SIEC s’étonne de ces retours.

Modification autoritaire des notes des épreuves de spécialités : des justifications au mépris du travail des correcteurs)

Dans l’ensemble des disciplines évaluées à l’écrit lors des épreuves de spécialité, on constate une harmonisation à la hausse des notes ( de +0,5 à + 3) sans aucune entente préalable (ou après pseudo harmonisation sur le chat SES par exemple) et sans aucune annonce aux collègues. Le procédé suscite l’indignation générale depuis que les collègues se sont rendus compte de ce « réajustement ».

Réponse des Doyens des IPR de Paris et Versailles : ces harmonisations ont été décidées en amont par l’inspection générale pour rétablir une équité entre lots et sujets. Elles ont été appliquées par les IPR dans les différentes académies. Elles sont le fruit du dialogue permanent entre correcteurs, coordinateurs et IPR. Forts de toutes ces remontées les IPR peuvent a posteriori rétablir un équilibre.
Les représentants des corps d’inspection nous ont appris qu’une réunion inter-académique d’harmonisation s’était tenue le vendredi 10 juin. La tenue de cette réunion serait le résultat d’une décision du ministère.
40 inspecteurs référents auraient été présents pour une concertation sur les notes. Des « ajustements » auraient été décidés notamment en tenant compte des remontées des correcteurs, en particulier du fait qu’il pouvait y avoir une iniquité entre les journées 1 et 2 puisque les sujets différaient.

Les corps d’inspection ne voient pour seul problème qu’un manque d’information en direction des correcteurs sur la démarche… c’est sur ce seul point qu’ils se sont engagés à faire évoluer la pratique l’an prochain. Nous contestons le fait qu’un dialogue nourri ait existé entre les correcteurs/ coordos et IPR. Les collègues ont le sentiment que leur travail est nié.
Les correcteurs n’ont en rien été associés à la démarche de modification des notes. Par ailleurs la modification s’est faite sans particulièrement tenir compte des journées passage : l’argument de l’équité de traitement (déjà contestable) ne tient pas.
Les modifications, quasiment toujours à la hausse, paraissent plutôt avoir eu pour objectif de faire en sorte que les résultats du bac soient bons (avec des coefficients énormes pour les épreuves de spécialité) et qu’aucune spécialité ne paraisse trop difficile.

C’est d’autant plus exaspérant que les conditions de correction via Santorin n’étaient pas confortables. Comment peut-on remettre en cause leur travail et prétendre qu’il y a eu dialogue ? D’ailleurs, s’il y avait vraiment eu dialogue, il n’y aurait pas eu besoin d’harmonisation a posteriori.*

Le SNES-FSU s’empare de cette question, comme le montre le communiqué de presse publié par le SNES FSU

Passage de épreuves orales de LLCE :

Énorme charge de travail avec des passage de plus de vingt candidats par jour sur plusieurs jours (5 jours). Certains réservistes, de leur propre initiative, ont finalement aidé les convoqués pour les décharger du surcroit de charge.
SIEC reconnait qu’il y a eu effectivement un problème sur LLCE. Ce n’est pas normal.

Cours en fin d’année :

Certains lycées exigent que leurs enseignants reviennent assurer des cours auprès des 2de jusqu’à la fin de l’année scolaire quand bien même ils seraient convoqués pour les épreuves. Les chefs d’etb estiment qu’ils peuvent assurer des cours les jours où ils n’ont pas de mission de correction.
IPR : on ne peut que se féliciter que les cours soient assurés jusqu’au bout, c’est essentiel.
Nous sommes nous aussi conscients de cette mission du service public mais comment concilier nos différentes missions et la surcharge de travail ? N’est ce pas méconnaître le terrain que d’exiger des collègues qu’ils continuent de préparer et assurer leurs cours quand ils ont d’autres missions. Les cours de fin d’année exigent une autre manière de travailler ( difficulté à fidéliser les élèves après les conseils de classe).

Canicule et examen :

Une période de canicule est annoncée cette semaine. Quelles mesures sont prises pour prévenir améliorer l’accueil des élèves en examen ? Dénonciation que même après le covid il y ait encore des problèmes de fenêtres qui n’ouvrent pas.

SIEC : les températures annoncées pour l’instant ne sont pas excessives.

Faire connaitre son mécontentement

faire entendre son mécontentement
Nous avons d’ores et déjà fait savoir à nos interlocuteurs du SIEC, des rectorats et des corps d’inspection que de telles réponses n’étaient pas acceptables. Faites entendre votre mécontentement, en vous adressant au SIEC, aux corps d’inspection et au Rectorat et en nous adressant la copie de vos envois (lycee@creteil.snes.edu) :

  • carte revendicative,
  • motion de jury, etc.
  • Du matériel à adapter à chaque situation sera rapidement mis à disposition sur notre site.
  • saisir le registre SST ( Santé sécurité au travail ... situé à la loge) si les conditions de surveillance des examens vous semblent inacceptble

P.-S.
autres articles du SNES National sur la question : ici