4 novembre 2015

le métier

Un point sur... les expérimentations

La mise en oeuvre de la réforme du collège, et, en particulier l’autonomie des établissement qu’elle veut favoriser, rendent possible de multiples expérimentations dans les collèges.
Les questions qui se posent sont de deux ordres. Comment accepter une telle variation des situations d’enseignement d’un établissement à l’autre et donc de telles inégalités au sein des collèges publiques de l’éducation nationale ? Mais aussi quel projet de fond motive de telles expérimentations ?

En plus de l’expérimentation généralisée à laquelle sont soumis les établissements classés en REP+ et que l’on peut identifier comme une antichambre de la réforme du collège, trois exemples seront évoqués ici.
 Les établissements où les emplois du temps sont semestrialisés se multiplient, très souvent sous couvert d’assurer l’accès aux diverses options. Cependant cette semestrialisation donne lieu à des emplois du temps irrationnels au regard de l’organisation du travail des enseignants, et de l’enseignement et de la progression dont ont besoin les élèves. En effet, dans certains établissements, certaines disciplines à horaires réduits (SVT, techno...) ne sont enseignées que sur un semestre provoquant des disparités et des difficultés dans l’organisation des progressions et des apprentissages.
 Dans diverses académies, dont l’académie de Créteil, certains chefs d’établissement ont modifié le découpage horaire des séances, avec souvent là aussi l’argument de donner accès à toutes les options. Un hasard -qui n’en est pas un- entraine, partout où l’expérimentation existe, la mise en oeuvre de séances de 45 minutes au lieu de 55. Ainsi, dans ces établissements, les élèves se retrouvent avec des temps d’enseignement réduits dans certaines disciplines, tandis qu’en parallèle les enseignants de ces disciplines ont davantage de classes en charge. A cela s’ajoute que les élèves s’épuisent avec des journées au cours desquelles peuvent s’enchaîner jusqu’à 9 séances, tandis que les enseignants doivent s’adapter à ce redécoupage en assurant davantage de séances...de 45 minutes.
 Enfin, les principaux de collège sont de plus en plus nombreux à organiser les emplois du temps des enseignants, en y intégrant des alignements d’heures libérées pour réunion. Certes, on peut estimer que c’est un moyen de proposer du temps de concertation aux enseignants mais ces alignements généralisés sont imposés. Ce temps de réunion contraint est davantage du pilotage qu’une garantie de concertation pédagogique pour les enseignants.

Ces expérimentations, qui peuvent paraître très localisées bien qu’elles se multiplient, pourraient être laissées de côté et renvoyées aux luttes locales. Cependant, elles doivent nous alerter sur ce qu’elles préfigurent de la réforme du collège.
Toutes ont en commun de se fonder sur l’autonomie des établissements en privilégiant par exemple certaines disciplines plutôt que d’autres en fonction des niveaux, en mettant en place des projets factices visant à compléter les services.
Mais aussi de créer les conditions pour organiser les enseignements sur des horaires disciplinaires à la rentrée 2016, notamment avec la mise en place des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires. En effet, la réforme instaure une autonomie horaire à hauteur de 20% de la dotation, pour les EPI et l’Accompagnement Personnalisé et la mise en place de séance de 45 minutes permet de diminuer la longueur des séances disciplinaires de 20 %.

Il semble bien donc qu’une fois fait le point sur les expérimentations, on constate qu’au delà de la mise en oeuvre de lubies locales, elles sont le résultat d’un projet bien pensé qui vise à installer progressivement de nouveaux fonctionnements.