3 février 2016

le métier

C’est une réforme progressiste que nous voulons

La grève et la manifestation du mardi 26 janvier ont montré encore une fois le refus massif de la profession de voir s’appliquer une réforme inique et réactionnaire.
Bien que cette réforme passée par décrets soit applicable dès la rentrée 2016, nos convictions, et la nécessité de ne pas rester muets face à une destruction organisée du service public d’éducation, nous enjoignent de continuer à faire entendre notre refus.
Ainsi, dans tous les CA, en toutes occasions, expliquons, rappelons les raisons de notre refus et ce que nous voulons pour un collège public progressiste.

Les DHG sont arrivées dans les établissements et les économies horaires permises par la réforme se précisent. Les dotations pour la rentrée 2016 proposent une marge par division un peu plus large que prévue : 4 heures au lieu de 2.75 heures (Attention ! Marge dans laquelle sont inclues les IMP). Nous constatons que les moyens alloués maintiennent des effectifs élevés par division dans la plupart des établissements et qu’ils ne permettent pas de proposer des enseignements complémentaires (latin, bilangue, grec, langues régionales) et des dédoublements pour les disciplines expérimentales et linguistiques comme pour l’accompagnement personnalisé.

Au regard de ces dotations nous réaffirmons que cette réforme du collège est dangereuse pour qui veut maintenir un service public de qualité accessible à tous les jeunes futurs citoyens.

Rappelons rapidement les dangers qu’une telle réforme fait peser sur la qualité de nos enseignements :
 Diminution des heures d’enseignement : 26 heures hebdomadaires pour chaque élève,
 Diminution des heures d’enseignements disciplinaires pour lesquels nous sommes formés,
 Imposition d’enseignements interdisciplinaires sur des thématiques elles-mêmes imposées qui tuent la démarche de projet,
 Organisation des enseignements par cycle sans temps de concertation prévus dans les dotations horaires pour les intégrer aux services des enseignants,
 Suppression des redoublements sans création de dispositifs de remédiation adaptés aux diverses difficultés rencontrées par les élèves,
 Diminution des options et maintien de certaines d’entre elles dans les établissements où les familles en font la demande,
 Diminution des dotations horaires : 29 heures par division sans réviser les seuils du nombre d’élèves par classe,
 Organisation locale de 20% des horaires d’enseignements sans un cadrage national, seul garant d’une équité des contenus proposés sur tout le territoire.

Notre refus est avant tout une demande argumentée pour une autre réforme que la Ministre ne veut entendre :
 Assurer une vie collégienne de qualité, au delà des seules 26 heures d’enseignements, dans des établissements rénovés, avec des personnels formés (enseignants disciplinaires, personnels de vie scolaire, conseillers-ères d’orientation-psychologues, infirmiers-ères scolaires, orthophonistes), afin d’assurer des heures d’enseignements bien sûr mais aussi de soutien, d’aide aux devoirs et un suivi individuel dont tous les élèves ne bénéficient pas à l’extérieur du collège,
 Maintenir des horaires disciplinaires qui garantissent des apprentissages progressifs et réguliers, assurés par des personnels compétents dans leur discipline d’enseignement ; tout en abondant ces heures pour créer des dédoublements et prendre en compte la difficulté scolaire dans sa diversité,
 Garantir une dotation horaire et financière qui permette aux équipes de choisir et d’organiser les projets les plus à même de donner du sens aux apprentissages disciplinaires et de permettre une ouverture culturelle,
 Proposer des programmes nationaux garantissant une organisation annuelle et progressive des apprentissages,
 Former les enseignants et abonder les heures pour assurer des dispositifs garantissant un suivi de qualité et remédier aux difficultés scolaires rencontrées par les élèves,
 Garantir dans tous les collèges publics l’offre d’options la plus large, afin de permettre aux élèves de tous les milieux d’accéder à une culture riche, et assurer ainsi une mixité sociale essentielle pour l’épanouissement personnel et l’ouverture aux autres,
 Doter tous les établissements en heures suffisantes pour des divisions ne dépassant pas les 24 élèves.

Au-delà et à travers cette réforme, nous assistons à une décomposition d’un service public d’éducation équitable sur tout le territoire.

En effet, aussi bien au niveau national qu’à celui des collectivités territoriales (régions, départements, mairies), nous observons un désengagement des pouvoirs publics pour garantir l’accès à une Ecole publique de qualité, pourtant seule garante d’une mixité sociale essentielle au bon fonctionnement de la société.
C’est ainsi, que nous apprenions, il y de cela quelques jours, le projet parlementaire de favoriser l’implantation d’écoles et de collèges privés sous contrat pour garantir tel l’argument invoqué une mixité sociale dans les régions ou quartiers où l’Ecole publique n’y parvient pas.
De la même manière, dans certains départements nous apprenons la fin de la gratuité des transports scolaires, la diminution des aides aux cantines scolaires et la fermeture de nombreux CIO qui ne pourront que conduire à une discrimination territoriale et économique des élèves.

Ainsi, au travers de cette réforme, c’est aussi une politique globale de destruction du service public d’éducation que nous refusons, et à propos de laquelle nous voulons continuer d’alerter l’opinion publique.