10 décembre 2018

militer

Motion de la Commission administrative académique du 10 décembre 2018.

Les mouvements sociaux se déroulant depuis le milieu du mois de novembre, contre l’augmentation des taxes sur les carburants, illustrent la montée d’une colère, particulièrement dans les classes populaires et moyennes des zones rurales et en périphérie des principales agglomérations. De plus en plus, les revendications s’élargissent : elles mettent en avant la nécessité de renforcer les services publics, dénoncent la baisse du pouvoir d’achat des salarié-e-s et des retraité-e-s, et maintenant réclament le rétablissement de l’impôt sur la fortune. Cette colère ne vient pas de nulle part, elle est la conséquence logique des politiques libérales menées depuis de trop nombreuses années, des attaques contre le système de protection sociale, de la casse des services publics de proximité dans les secteurs ruraux et urbains, d’une fiscalité injuste, des politiques publiques privilégiant l’enrichissement des actionnaires plutôt que l’augmentation des salaires et de la sacralisation de l’individualisme au détriment des solidarités. C’est bien l’injustice sociale consécutive aux orientations du Gouvernement et la casse des services publics qui doivent être combattues.

Les politiques du gouvernement – contre-réformes du code du travail, de l’enseignement, de la SNCF, propositions ultra-libérales du rapport CAP 2022, réformes des minimas sociaux et des retraites à venir – renforcent les inégalités. Elles dessinent une société du tous contre tous et du chacun pour soi qui fait le lit de l’extrême-droite, toujours prompte à vouloir instrumentaliser les mouvements populaires. Sous prétexte de lutte contre le réchauffement climatique, le gouvernement voulait augmenter la taxe sur les carburants. Il fait peser financièrement sur les classes populaires et moyennes le coût de la transition écologique, sans engager une réelle politique ambitieuse de développement de solutions de transports alternatives, tout en épargnant les compagnies pétrolières et gazières, les grandes entreprises et les plus riches. C’est à une transformation écologique en profondeur du système de production et des modes de consommation, vitale pour l’avenir de notre planète, qu’il faut s’atteler. On ne pourra pas mener la transition écologique, que le SNES réclame de ses vœux, sans une réduction des inégalités et une véritable politique favorisant la justice sociale.

Le SNES-FSU Créteil comprend la colère exprimée et partage l’esprit des revendications exprimées par les mouvements des « gilets jaunes ». Il est favorable aux initiatives qui, sur des bases sociales, progressistes, féministes, anti-racistes et antifascistes, permettront à ceux qui luttent en ce sens de s’organiser afin de gagner sur nos justes revendications. Le SNES-FSU Créteil soutiendra toutes les initiatives en ce sens et il appelle sa fédération à travailler sans délai à la convergence des mobilisations.

Éducation
Dans l’Éducation nationale, les personnels et les usagers sont aussi directement touchés par ces politiques. Les revenus s’érodent depuis le début des années 2000. Des réformes inégalitaires sont mises en œuvre, qui dégradent la qualité de l’enseignement et visent à accroître la part du marché dans l’éducation : réformes du lycée, réforme du collège, contractualisation des personnels. Le SNES-FSU Créteil n’a cessé de dénoncer ces politiques, avec le soutien d’une majorité de collègues, sans jamais être entendu par des dirigeants sourds aux revendications des personnels. Il réaffirme aujourd’hui ses mandats : déblocage du point d’indice et rattrapage des salaires, abrogation des réformes du collège et des lycées, plan de développement du système éducatif à la hauteur des besoins, relance déterminée de l’éducation prioritaire.

Les revendications lycéennes doivent nous amener à réaffirmer ces mandats dans nos communications. La révolte lycéenne a trouvé sa source en grande partie dans l’arrivée des consignes de mise en œuvre de Parcoursup et des sondages indicatifs donnés à remplir aux élèves de secondes pour le choix des spécialités de première. Il faut exiger dès maintenant que le processus soit suspendu et que le gouvernement mette en œuvre les revendications des personnels et des élèves.

Depuis le début du mouvement lycéen, la violence a été importante dans l’académie. Tout d’abord, certains blocus ont été violemment dispersé par les forces de l’ordre, ces dernières pratiquant des arrestations et des gardes à vue parfois très longues. Par exemple, six lycéens du lycée Romain Rolland d’Ivry ont passé 48h en garde à vue pour avoir tagué « Macron démission » sur un panneau. La cheffe d’établissement a porté plainte sous pression du Rectorat. Le SNES-FSU Créteil dénonce cette répression, exige l’abandon de toutes les poursuites et qu’on laisse les lycéen-ne-s manifester pacifiquement.
Par ailleurs, d’autres lycées ont connu des incidents très violents, impliquant souvent des personnes extérieures aux établissement, qui ont souvent pu agir assez librement, les forces de l’ordre laissant faire ou étant incapables de répondre à tous les événements en même temps. Le Rectorat a imposé que les établissements restent ouverts beaucoup trop longtemps, mettant en danger les élèves qui bloquaient, les autres élèves et l’ensemble des personnels. Le SNES-FSU Créteil dénonce le fait que, pour des motifs politiques, la hiérarchie ait fait le choix de mettre en danger les équipes éducatives. Il appelle les personnels, qui sont couverts par un préavis de grève, à ne pas hésiter à se mettre en sécurité lorsqu’ils se sentent menacés. Il exige que la hiérarchie et les préfectures prennent rapidement les mesures qui s’imposent dans ces situations, cessent de tenter d’en rendre responsable les personnels et leurs organisations syndicales et n’hésite pas à fermer administrativement les établissements. Le SNES doit continuer à faire pression sur le ministère pour que ces situations cessent.

Numérique, TICE
Les nouveaux programmes en seconde et première impliqueront l’achat de nouveaux manuels scolaires. La présidente de la région Île-de-France a écrit aux proviseurs pour, dans un contexte budgétaire serré, leur demander de faire le choix entre renouveler les manuels par l’achat de livres papiers, soit d’effectuer une aide à l’achat de livre numérique. Nous appelons à ce que cette décision soit prise collectivement dans les lycées. Ce problème concerne aussi les collèges. Le SNES défend l’achat de manuels papier, garants d’un accès de tous les élèves aux connaissances, les livres numériques ne pouvant servir que d’appui en classe lors de leur projection sans qu’ils doivent se substituer au manuel papier. La majorité des élèves ne se servent de l’ENT que via leurs téléphones portables et ne nous ne pouvons cautionner cet usage pour leur travail scolaire basé sur les cours et exercices des manuels.

Emploi
Dans l’Académie, la hiérarchie ne parvient pas à respecter les textes sur les rendez-vous de carrière. Les collègues ont un planning d’inspection et de rendez-vous souvent en retard. Une partie des collègues ont eu des rapports trop tardivement pour pouvoir y faire des observations. Cela a particulièrement concerné les PsyEN. Les femmes en congé-maternité n’ont pas eu de report de leurs rendez-vous de carrière et auront l’avancement le plus lent : il s’agit d’une évidente discrimination liée au genre. Le SNES-FSU doit ré-intervenir fortement auprès du ministère pour faire respecter la réglementation.

Concernant les mutations, le barème du mouvement a été rééquilibré, ce qui est positif. Cependant, le ministre commence à multiplier les postes spécifiques, ce qui va amener à un affaiblissement des possibilités de mobilité. Cela va être aggravé par les suppressions de postes. Le SNES-FSU doit intervenir pour refuser ces labellisations et exiger un respect des règles communes du mouvement.

Entrée dans le métier

La défense de la formation initiale doit être une priorité pour le SNES.

A Créteil, malgré une abstention toujours trop importante, les stagiaires du 1er et 2d degré ont choisi de placer largement en tête le SNES et la FSU dans le cadre des élections renouvelant partiellement le collège des usager.e.s à hauteur de 53,2% des voix (+12 points par rapport aux dernières élections).

Cela confirme les analyses sur la cohérence du projet Blanquer pour la formation des profs : moins former, plus formater, et se servir du prétexte de la crise de recrutement pour transformer les futur-e-s enseignant-e-s et CPE comme une main d’oeuvre bon marché. Après le coup de rabot de l’année dernière qui a vu plus de 20% des postes aux concours de recrutement disparaître, 400 postes de moins sont ouverts cette année. Outre le fait que le nombre de créations de postes ne corresponde pas du tout à l’augmentation de la population scolaire (26 000 élèves en plus en cette rentrée 2018, 76 000 collégiens à absorber au collège en 3 ans jusqu’à la rentrée 2020), il est inquiétant de voir que la baisse du nombre d’inscrit.e.s se poursuit : - 9% d’inscrits à l’agrégation, -6% d’inscrits au CAPES, d’autant que l’on sait que le privé sous contrat ne sera pas mis à contribution.

Concernant la réforme de la formation, le ministre Blanquer continue d’avancer ses pions, son projet de loi « Pour une école de la confiance » a été présenté au conseil des Ministres le 5 décembre, il reprend l’ensemble des éléments inacceptables déjà signalés par le SNES-FSU Créteil.

Nous dénonçons cette volonté du gouvernement de précariser l’entrée dans le métier en modifiant le statut d’AED pour changer la nature de leurs contrats afin de leur confier des missions d’éducation, pédagogiques et d’enseignement jusque-là dévolues uniquement aux enseignant.e.s et aux CPE, faisant d’elles et d’eux des « sous-contractuel.le.s » payé.e.s au lance-pierre pour remplacer à l’interne des professeur.e.s absent.e.s. Le SNES-FSU Créteil dénonce également la transformation des ESPE en INSPE dont l’unique objet est d’instituer un comité d’audition des candidat.e.s au poste de directeur de l’INSPE présidé par le recteur et le président de l’université de rattachement et de cadenasser les maquettes de la formation initiale pour que l’Etat « reprenne la main » sur la formation des futur.e.s enseignant.e.s.

A rebours, face à cette vision rétrograde et méprisante des enseignant.e.s et de leur formation, le SNES-FSU se doit de défendre son mandat de pré-recrutement dès la L1 et à tous les niveaux du cursus universitaire, sur concours basés sur des épreuves disciplinaires donnant accès au statut d’élève-fonctionnaire permettant d’être rémunéré.e tout en faisant des études et sans être utilisé.e comme moyen d’enseignement.

L’enseignement demandant un haut niveau de qualification, le SNES-FSU doit défendre ses mandats et exiger le retour des aides financières pour les candidats aux concours. Pour rétablir l’attractivité de la profession, il est indispensable que les stagiaires restent des fonctionnaires-stagiaires, aient un temps suffisant pour suivre la formation et qu’ils puissent à ce titre effectuer leur stage à tiers-temps, sur le service de leur tuteur.trice, puis une entrée progressive dans le métier, avec une rémunération revalorisée.

A côté de la négociation et de l’information aux collègues, le SNES doit résolument s’engager dans la lutte, que ce soit au niveau intersyndical avec nos partenaires FSU, ainsi que localement dans chacune des ESPE, dans des assemblées générales réunissant stagiaires et personnels.

Psy-EN, orientation
Les PsyEN et DCIO de l’académie de Créteil voient arriver les effets des lois ORE et LCAP, et avenir professionnel, des réformes du lycée et de la voie pro. Alors que les CIO sont menacés de fermetures et fonctionnent avec des minimas budgétaires, la politique du rectorat commence à les positionner comme conseillers techniques de chefs d’établissement et ingénieurs de l’orientation devant porter la bonne parole aux profs et aux CPE. Il s’agit de préparer le terrain dans les établissements pour l’entrée de la région sur la compétence d’information sur les métiers et sur les formations, et pour la certification en orientation des professeurs, profs docs et CPE. La baisse de 35 % des recrutement au concours 2019 ne peut qu’illustrer le projet du gouvernement. Les PsyEN et DCIO du SNES-FSU ne le conçoivent pas ainsi. Ils continuent à se battre pour affirmer leurs missions de psychologues auprès des élèves et des équipes d’établissements, et combattre plus largement une conception de l’orientation qui ne serait qu’un accompagnement à l’acceptation et à l’assignation… Fin novembre, « l’action salon de l’orientation », Porte de Versailles, a permis de recueillir soutiens et signatures de la pétition pour la défense des CIO, et de l’ONISEP. Cette action sera renouvelée le 12 janvier lors du salon de Post-bac : grève des entretiens PsyEN au salon, distribution de tracts et signature de pétition. Les PsyEN et DCIO du SNES-FSU se joindront aux mobilisations et le rassemblement au rectorat le vendredi 14 décembre. Le 19 décembre 2018, ils seront également dans l’action pour porter leurs revendications : recrutements, respects de leur statut et de leurs misions, et défense des CIO et des Dr/Onisep.

Retraité-e-s
Dans un contexte politique, économique et social mouvementé, les retraité-e-s du SNES-FSU de l’académie de Créteil ne peuvent que constater qu’une grande partie des revendications des « gilets jaunes » font partie de leurs préoccupations depuis plusieurs années : baisse du pouvoir d’achat par des mesures notamment fiscales régressives à leur encontre, menaces sur le système des retraites, hausse des loyers, augmentation des dépenses contraintes (gaz, électricité, fioul...), recul voire disparition des services publics de proximité etc...
Les revendications des retraité-e-s sont plus que jamais d’actualité : annulation de la hausse de la CSG, retour à l’indexation des retraites sur l’inflation, en attendant une indexation sur les salaires, maintien des pensions de réversion sans conditions de ressources, prise en charge de la perte d’autonomie à 100% par la Sécurité sociale ..
C’est pourquoi, dans le cadre de la campagne « Étrennes de riches, étrennes de retraités », la SFR-FSU d’île-de-France appelle le 18 décembre à un rassemblement devant le ministère des finances, rassemblement auxquels les retraité-e-s de l’académie de Créteil participeront très nombreux.

Élections professionnelles
A Créteil, le bilan des élections professionnelles est mitigé. La participation continue de progresser mais elle reste l’une des plus faible du pays. La FSU progresse en voix mais perd des points, du fait d’une forte progression de SUD et de la CGT. FO régresse et le SNALC, malgré une campagne très active, n’est pas parvenu à faire une percée. L’UNSA perd des voix, le SGEN n’a plus de représentativité sur notre académie. La FSU ne parvient pas à garder son cinquième siège au CTA et elle perd un siège en Seine-et-Marne. Cependant, elle parvient à reprendre la première place dans le Val-de-Marne à FO et reste première dans tous les départements.

Concernant le SNES, l’érosion se poursuit même si elle a été moins forte qu’en 2014. Nous gagnons en représentativité chez les CPE et nous raflons tous les sièges chez les PsyEN. Nous conservons nos positions les non-titulaires mais ces catégories votent toujours bien plus pour la CGT et pour FO. A la CCP des AED, nous ne parvenons à conserver qu’un siège, car même si nous conservons nos voix, les autres organisations progressent beaucoup plus. Par contre, même si nous restons au-dessus de 40% des suffrages, nous perdons un siège chez les certifié-e-s et un siège chez les agrégé-e-s. Chez ces derniers, nous conservons le même nombre de voix, mais SUD et la CGT progressent. Chez les certifié-e-s, nous perdons environ 200 voix. Nous avons pu constater, durant la période de vote, que nos syndiqué-e-s certifié-e-s de collège avait moins voté que les autres. Ce sont souvent, dans notre académie, des certifié-e-s jeunes, qui ont apparemment préféré s’abstenir ou voter pour SUD ou la CGT. Cette situation nous interpelle et doit faire évoluer notre communication, puisque nous avons moins mis en avant ces derniers temps nos revendications qui les concernaient. Nous avons plutôt orienté la campagne vers les collègues plus âgés, concernés par la hors-classe et la classe exceptionnelle. Le contexte social actuel nous permettrait justement de participer aux mobilisations sur les salaires et de revenir vers nos syndiqué-e-s les plus fragiles.

A cela s’ajoute un vote organisé dans des conditions catastrophiques : fermeture du serveur à plusieurs reprises, délais importants de réception des différents mails, difficultés techniques pour se connecter au site. Le SNES-FSU continue de dénoncer le vote électronique et exige le retour du vote à l’urne.

Action
Au début, le mouvement des « gilets jaunes » était fortement investi par le Rassemblement National, ce qui a amené les organisations syndicales à s’en méfier. Cependant, depuis, les revendications se sont étoffées et sont pour beaucoup proches des nôtres. Il est donc indispensable que les organisations syndicales se positionnent en soutien et invitent les personnels à des actions qui nous permettent de converger. Or, les syndicats, dont la FSU, sont pour l’instant bien trop timides. La prise de position intersyndicale du 6 décembre 2018 était totalement insuffisante et ne reflétait pas les positions des militant-e-s de la FSU. Notre fédération doit inscrire dans les prochains jours une date de mobilisation. Pour l’instant, l’initiative du 14 décembre 2018, appelé par la CGT, peut permettre de faire unité. La FSU doit engager des discussions avec les confédérations pour faire de cette date une journée de grève générale sur la question des salaires, des allocations et des pensions.

Le gouvernement a annoncé que les quatre milliards d’euros perdus par le report de la hausse de la taxe sur les carburants seraient à trouver dans les services publics. La FSU doit réagir immédiatement et proposer aux syndicats de fonctionnaires un plan d’action pour s’opposer à ces décisions. Notre mandat d’une grève FP en janvier reste d’actualité et doit être rapidement préparé et appelé.

Sur le lycée, le SNES-FSU Créteil, suite à l’initiative de plusieurs lycées de l’académie, appelle à un rassemblement à 9h30 le 14 décembre 2018 au Rectorat de Créteil pour exiger l’abrogation des réformes des lycées, du baccalauréat et de la sélection à l’université. Cette action sera mise en perspective avec celle du 19 décembre.

Le SNES-FSU doit continuer à condamne la répression féroce qui s’abat sur les acteurs des mouvements sociaux en cours, en particulier les lycéen-ne-s, la police ayant employé des armes à l’origine de blessures et de mutilation et ayant arrêté des élèves qui s’exprimaient pacifiquement. Nous rappelons notre opposition à l’utilisation des flashballs et des grenades de désencerclement, dont nous demandons l’interdiction. Il doit appeler les personnels à se rendre aux manifestations lycéennes pour les encadrer, les accompagner et soutenir leurs revendications. Il doit se mettre en lien avec les organisations lycéennes et les organisations syndicales du second degré et bâtir un plan d’action pour faire aboutir nos revendications.

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