11 février 2018

actu des établissements

Communiqué de presse des personnels du lycée Brassens de Villeneuve-le-roi

Communiqué de presse des personnels du lycée Brassens de Villeneuve-le-roi

Le SNES-FSU 94 soutient la mobilisation des personnels du lycée G. Brassens de Villeneuve-le-roi, et réclame avec eux des réponses claires et responsables des autorités !

Communiqué de presse des personnels mobilisés du lycée Brassens

Bref rappel des faits :

24 novembre : des professeurs informent la direction de la présence sur le sol de la salle informatique 320 de débris suspects probablement tombés du plafond. Il est alors recommandé à l’administration de faire un signalement de type incident amiante aux services compétents de la région. Un échantillon de débris est remis sous enveloppe à l’administration pour analyse (lequel sera rendu plus tard aux professeurs en expliquant qu’il ne s’agit que d’un morceau de faux-plafond qui ne nécessite pas d’analyse).
30 novembre : courriel à quelques professeurs (seuls les occupants inscrits sur l’emploi du temps de la salle informatique sont prévenus, et non tous les professeurs réservant la salle ponctuellement) leur indiquant la fermeture provisoire de celle-ci.
1er décembre : prélèvement et mesure des fibres dans l’air par la société Innax dans la salle 320
4 décembre : La région est informée par la société Innax que les mesures du 1er décembre révèlent un taux d’amiante dans l’air deux fois supérieurs à la norme.
15 décembre : Les résultats de l’expertise qui ont été adressés à la région sont communiqués au lycée et la Région indique la destruction prochaine des ordinateurs de la salle 320.
Informés officieusement de cette demande sans l’être des résultats de mesure, les professeurs décident d’exercer leur droit de retrait au vu de ce qui est désormais reconnu comme un accident amiante.
Suspension des cours par la proviseure de l’établissement jusqu’aux vacances de Noël.
Une nouvelle expertise effectuée pendant les vacances de Noël par la société Expertam conclut à la présence de flocage amianté mais en bon état dans toutes les salles de cours du lycée (sauf deux au rez de chaussée). Ces résultats sont en contradiction avec les précédents rapports qui concluaient à l’absence d’amiante dans les flocages évalués dans un état de conservation moyen.
Janvier 2018 : maintien du droit de retrait de professeurs au vu des contradictions et incertitudes sur les causes de l’accident amiante et demande d’une nouvelle expertise indépendante.
16 janvier : Début du dispositif « maintien du lien pédagogique » visant à assurer des cours dans les classes du collège Brassens disponibles.
Rapport du CHSCT académique qui préconise à la Rectrice la délocalisation des cours, une nouvelle expertise pour clarifier l’historique de l’accident et lever les contradictions ou incertitudes sur le flocage. Le rapport recommande aussi d’analyser tous les plafonds du lycée, un suivi médical ainsi qu’une cellule psychologique pour pallier aux risques psychologiques liés à cette crise.
26 janvier : Reconnaissance de la légitimité du droit de retrait des professeurs par le rectorat, recommandation de l’ARS à la Région d’une nouvelle contre-expertise indépendante pour découvrir les causes de l’accident amiante et évocation de la délocalisation au collège Monod de Vitry pour la majorité des élèves des voies générales et technologiques.
Le lycée Brassens n’est pas fermé et des cours ont encore lieu dans le bâtiment aux flocages amiantés.
1er février : délocalisation des élèves de BTS au collège Camus de Thiais
12 février : Projet de délocalisation des voies générales et technologiques au collège Monod de Vitry, et au collège Cherioux de Vitry pour les élèves de 1re et Terminales des voies pro. Les 2de pro, les cours d’EPS et les TPE de 1re restent au lycée Brassens.

Réponse au rectorat :

 La lettre du rectorat adressée aux parents a pour objectif de rassurer tout en dissimulant des points houleux qui pourraient les inquiéter. Il est intéressant de remarquer que le mot « amiante » n’est pas mentionné une seule fois sur cette lettre. Pourquoi partir à Vitry et Thiais pour un simple morceau de faux-plafond qui serait tombé ?
 La lettre ne précise pas les légitimes inquiétudes des élèves, parents et personnels du lycée quant à la possible exposition à l’amiante. En effet, un taux de fibres dans l’air deux fois supérieurs à la moyenne, 10 jours après l’accident du faux-plafond, a été mesuré pendant que des dizaines d’élèves et de professeurs se sont succédés dans cette salle pendant quelques jours après l’accident. Quelle réponse apporter aux inquiétudes liées à la santé des élèves et du personnels ? Pour le moment aucune.
 Une cellule d’écoute psychologique a été mise en place pour accueillir le personnel du lycée mais rien pour les élèves, malgré la demande. (à vérifier mais il me semble qu’ils ont été disponibles une journée pour les élèves, ce qui était aberrant puisqu’aucun élève n’était prévenu !)
 En attendant, il se sera passé près de 1 mois sans que des dispositions soient prises pour donner le droit d’étudier aux élèves.

Réponse à Mme Pécresse (présidente de la région Ile-de-France) :
 
 Mme Pécresse, dans une interview accordée à Radio France, a affirmé qu’aucun personnel ou élève n’avait été exposé à de l’amiante dans l’air certifiant qu’il n’y a pas d’amiante dans l’air. C’est oublier un peu vite les enseignants et les élèves qui ont fait cours dans la salle 320 alors que des débris de flocage se trouvaient encore au sol. C’est oublier les agents d’entretien qui ont fait le ménage dans cette salle et dans d’autres où se trouvaient également des débris suspects. C’est oublier les personnels qui ont manipulé les morceaux de flocage en s’interrogeant sur sa nature. C’est aussi oublier les personnels des entreprises et les agents du lycée qui soulevaient sans précaution les dalles de faux plafond entre décembre 2015 et décembre 2017, sur la foi d’un DTA fourni par la région IDF qui pointait l’absence d’amiante dans les flocages.

 L’erreur de Mme Pécresse est compréhensible. A l’heure actuelle, aucune liste des personnels et élèves exposés n’a été dressée. Aucune information officielle à destination des parents sur ce sujet n’a été envoyée. La médecine de prévention, sollicitée, ne s’est pas encore rendue sur place. Il est vrai que l’on compte seulement deux médecins pour toute l’académie de Créteil. N’oublions pas que le matériel informatique de la salle 320 a été détruit signe évident d’aveu de la gravité de la situation.

 Mme Pécresse affirme également que les cours ont été arrêtés dans le lycée, or certaines classes ont encore cours dans l’enceinte du lycée et les personnels de la région y exercent encore leurs fonctions.

Réponse à M Gonzales (maire de Villeneuve-le-Roi et conseiller régional) :

 M.Gonzales précise dans un communiqué adressé aux habitants de Villeneuve-le-Roi que la reconstruction était promise depuis plus de 10 ans par l’ancienne majorité régionale et son représentant local mais qu’elle n’a jamais été mise en oeuvre. Il est utile de repréciser la situation de 2015 : un projet de reconstruction du lycée près d’Orly avait été acté. En effet aucun terrain n’avait été proposé par la ville de Villeneuve-le-Roi et la reconstruction sur site a toujours semblé délicate comme en témoigne un compte rendu d’une commission permanente de 2015 :
 « … La conclusion des études de faisabilité conduit à proposer une opération de reconstruction globale sur un nouveau site. En effet, l’établissement a la particularité d’être actuellement implanté dans la zone de bruit à proximité de l’aéroport d’Orly (zone II d’après le plan de Gêne Sonore attaché à l’arrêté inter préfectoral 2013-3820) et de se trouver sous la ligne de décollage et d’atterrissage des avions. Ces nuisances, si elles devaient être traitées dans le cadre d’une opération de reconstruction sur site, généreraient l’obligation de mettre en œuvre des dispositifs compensatoires lourds et peu fonctionnels (châssis non-ouvrants, désertion des espaces extérieurs...). De plus, le site actuel est également situé en zone inondable du PPRI (zone submersible inférieure à 1m), induisant des contraintes constructives importantes. Par ailleurs, le foncier accueillant actuellement le lycée est implanté dans la zone de vigilance (300 mètres) du réseau de transport de pétrole par pipeline (TRAPIL). L’oléoduc longe la parcelle coté lycée. La nouvelle réglementation du TRAPIL interdit la construction d’équipements publics, à l’exception d’équipement obligatoire de proximité. Cette dérogation peut donc s’appliquer au collège mais pas au lycée qui n’entre pas dans cette catégorie. Enfin, les études géotechniques ont confirmé la mauvaise nature du sol, cause de désordres importants, en particulier des affaissements dans les cours de récréation. Celle-ci est principalement liée à une épaisseur importante (de 8 à 11 m) de remblais argilo-sableux hétérogènes et peu compact, ainsi qu’à la présence au sein des remblais d’une nappe phréatique à faible profondeur (4 m) dont le niveau n’est pas stabilisé car sensible à la proximité de la Seine. Ces contraintes font peser un risque technique, financier et administratif sur l’opération. »
Source : https://www.iledefrance.fr/sites/default/files/mariane/RAPCP15-297RAP.pdf

 Le projet de reconstruction sur Orly avait déjà été enclenché, budgétisé et un projet autour de l’eau pour des sections technologiques avait même déjà été réfléchi. La nouvelle région de 2016 a abrogé le projet préférant la reconstruction sur site et rallongeant ainsi les délais, contribuant à placer des élèves dans un environnement délabré et dangereux : accident amiante de 2017, effondrement d’une partie de la cour en 2013 et 2016, marche d’escalier cassée provoquant la chute d’un élève, chute d’un morceau du plafond du gymnase, fissure dans le CDI, problèmes de soufflerie / ventilation …
Ces incidents liés à un manque évident d’entretien ne sont jamais anticipés et il faut attendre qu’un accident arrive pour les régler mettant ainsi en danger la sécurité ou la santé des usagers de la cité scolaire.
On sait que l’appréciation du risque amiante n’est pas le fort de M. Gonzalès : Une plaque de faux plafond amianté s’est par ailleurs écrasée dans une salle de l’école communale de Villeneuve-le-Roi, dont il a la responsabilité

 M.Gonzales accuse les professeurs de s’opposer à la reprise des cours, or la légitimité de leur droit de retrait a été reconnu par le rectorat, la décision de l’ARS va d’ailleurs dans le sens des inquiétudes soulevées par les enseignants et la région a choisi de se plier à ses recommandations n’en déplaise à M.Gonzales qui prétend le contraire. Les professeurs ont demandé dès le début du droit de retrait à pouvoir reprendre les cours dès qu’un endroit sûr leur serait proposé. M.Gonzales a ainsi été sollicité pour la mise à disposition de salles pour faire cours ou permettre aux élèves de se connecter aux espaces numériques de travail afin de garantir l’égalité des chances et la réussite. Or à ce jour aucune réponse en faveur des élèves n’a été formulée par M.Gonzales. La mairie n’a jamais cherché une solution à cette situation de crise.

La délocalisation :
 
La délocalisation pose problème d’un point de vue pratique :
Des navettes vont être affrétées pour permettre aux élèves de se rendre sur Vitry depuis le lycée Brassens. Se pose la question de la faisabilité logistique pour déplacer plus de 600 élèves chaque matin et soir.
De même le collège Monod n’est pas équipé en matériel informatique et en salle de travaux pratiques pour les salles de sciences.

 Suite à la nouvelle expertise du lycée Brassens, la décision sera prise pendant les vacances afin de savoir si élèves et enseignants peuvent reprendre normalement les cours et en toute sécurité dans les locaux du lycée.
Il est nécessaire de préciser que les enseignements des différentes sections se déroulant sur plusieurs sites, certains professeurs vont donner des cours dans 4 établissements différents. Beaucoup d’élèves auront également à se déplacer entre 2 établissements, parfois dans la même journée ainsi que les classes de BTS ont déjà pu l’expérimenter.

A ce jour, quelques cours ont toujours lieu dans le lycée sans qu’aucune autorité ne ne prenne la responsabilité de les suspendre, au nom du principe de précaution ou du simple bon sens.

A ce jour, et malgré les déclarations de différents responsables,
la santé des élèves et des personnels a peut-être été mise à mal,
notamment par le stress et l’angoisse liés à cette situation inadmissible.

A ce jour, aucune instance n’a pris ses responsabilités pour assurer un suivi médical.

L’équipe des professeurs mobilisés du Lycée Georges Brassens